Très belle performance financière pour Michelin. Le groupe clermontois a fait état d'un bénéfice opérationnel record en 2023, à 3,6 milliards d'euros, en hausse de plus de 5% par rapport à 2022. L'Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) progresse quant à lui de 4%, à 5,5 milliards d'euros, et la marge opérationnelle augmente légèrement de 0,7 point, à 12,6%. Et ce, malgré une diminution de la vente des pneus de 4,7% et un effet de change négatif de 2,9% de l'euro qui baissent le chiffre d'affaires du groupe de 0,8% cette année, à 28,3 milliards d'euros.
Cette rentabilité s'explique par les autres activités de Michelin, en hausse de 10%, où l'entreprise s'applique davantage de marges. Sur cette branche, Michelin atteint une marge de 16,5%, là où l'entreprise ne marge qu'à 6,5% sur le secteur des poids-lourds. Parmi ses diverses activités figurent les pneus d'engins miniers, utilisés de plus en plus pour l'extraction de ressources nécessaires aux batteries électriques par exemple, ou encore les pneus des avions dont le trafic est supérieur à celui de 2019 grâce, en particulier, au trafic régional en Chine. Sur les voitures, l'entreprise mise sur les pneus 18 pouces qui rapportent davantage, et préfère délaisser les segments trop compétitifs.
D'autant que le groupe se tourne désormais au-delà du pneumatique, sur des composites utilisés dans d'autres industries. Cette activité devrait représenter 20% à 30% de son chiffre d'affaires pour 2030. Michelin cale en revanche sur le secteur des poids lourds où il recule de 4%, marqué notamment par un coup d'arrêt des pneus en première monte de 25% en Amérique du Sud.
La Chine, marché favorable à Michelin
À l'international justement, Michelin s'illustre en Chine où l'entreprise réalise de très belles performances, avec une hausse sur tous les segments de marché.
« La marque Michelin est très forte sur ce territoire. Nous ne jouons pas dans la même league que les autres et les Chinois ont bien compris l'importance des pneus Michelin sur les voitures électriques », a détaillé Florent Menegaux, le directeur général de Michelin, à La Tribune.
En effet, les véhicules électriques, plus lourds, doivent également intégrer des pneus peu bruyants et économes en énergie. Un segment sur lequel Michelin s'illustre très bien grâce à ses pneus premium et à son avance sur cette technologie. Concernant le recul des ventes de l'électrique en Europe, le directeur général s'est dit peu inquiet, assurant que « cela n'aura aucune incidence sur nos performances ».
2024, année « atone »
Michelin a également annoncé une progression de chacun de ses segments en 2024, mais un résultat opérationnel qui ne devrait pas bouger et une année « atone », a annoncé Yves Chapot. En effet, les produits du groupe sont indexés sur l'inflation pour les matières et le transport. Or, cette année, l'inflation devrait ralentir pour se rapprocher de 2,5% en glissement annuel à partir du mois de février. Michelin mise donc sur un résultat opérationnel supérieur à 3,5 milliards d'euros, à taux de change constant et un cash-flow libre publié avant acquisitions supérieur à 1,5 milliard d'euros.
Les problèmes logistiques liés à la mer Rouge ont pesé sur 4% des flux de produits finis du groupe et la crise aura un impact « raisonnablement marginal » sur les résultats de 2024 a assuré le directeur financier Yves Chapot lors d'un entretien accordé à Reuters.
Pour 2025, Michelin anticipe une hausse plus importante de son résultat grâce aux bénéfices de sa restructuration. En novembre, l'entreprise française a ainsi supprimé deux usines en Allemagne et 1.500 emplois. De plus, le groupe va lancer un programme de rachat d'actions, qui pourrait représenter jusqu'à 1 milliard d'euros sur la période 2024-2026.
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