« Prioriser l'industrie pour éviter la dominance chinoise ». C'est la mise en garde du cabinet AlixPartners dans son étude annuelle sur le marché mondial de l'automobile en 2023. Car pour la première fois depuis des décennies, les marques automobiles chinoises dépasseront toutes les autres marques sur leur territoire cette année et représenteront 65 % du marché chinois en 2030.
Or, ce dernier est le plus important au monde, avec plus de 20 millions de véhicules vendus par an et une croissance qui pourrait aller jusqu'à 50 millions par an en 2050. Selon le cabinet : « Les entreprises automobiles chinoises sont en passe de devenir la force motrice de l'industrie automobile mondiale dans les années à venir ».
Privilégier la technologie et les aides à la conduite
Lorsque l'on regarde les classements de ventes de véhicules électriques dans le monde en 2022, difficile de ne pas remarquer l'hégémonie des constructeurs chinois aux côtés de l'américain Tesla. La clé du succès ? « Les marques chinoises se sont concentrées sur l'intégration des technologies CASE (connectées, autonomes, à mobilité partagée, électriques) dans les véhicules à des prix attractifs et à un rythme plus rapide que les constructeurs automobiles traditionnels », analyse Mark Wakefield, responsable mondial de la pratique automobile et industrielle chez AlixPartners, dans le communiqué de l'étude.
Selon le cabinet, les constructeurs traditionnels mondiaux, notamment européens, se focalisent trop sur la conduite et la maniabilité du véhicule, en particulier la réduction du bruit, des vibrations et de la rudesse (NVH). Or, si ces qualités sont appréciées, elles ne correspondent pas aux attentes des consommateurs, plutôt friands de technologies, d'aides à la conduite mais surtout d'attractivité du prix. Les constructeurs traditionnels ont également une approche « trop prudente » du marché et devraient davantage prendre de risque, estime AlixPartners.
L'électrique va s'imposer
« Il est impératif que les entreprises modifient radicalement leurs modèles d'entreprise pour se préparer à la concurrence chinoise qui finira par arriver sur leurs marchés ». Le virage vers l'électrique n'est pas seulement pris par l'Europe, où la réglementation interdit les ventes de véhicules thermiques à horizon 2035, mais par l'ensemble du marché. Selon AlixPartners, « les véhicules électriques à batterie (BEV) représenteront la majorité des ventes dans toutes les grandes régions du monde d'ici 2035 ».
Les constructeurs européens, en particulier français, demandent quant à eux des aides pour contrer cette invasion des constructeurs chinois. « Le marché de l'électrique n'est pas naturel », estimait Luca de Meo, le directeur général de Renault, dans son interview à La Tribune publiée aujourd'hui, indiquant que les véhicules électriques, trop coûteux, ne se vendraient pas sans aides à l'achat.
Le dirigeant souhaite une plus forte coalition des grandes entreprises européennes sur ce secteur afin d'avancer plus rapidement, ainsi que des aides de l'Etat pour favoriser la compétitivité, en particulier sur l'énergie. Le bonus écologique, actuellement orienté vers tous les véhicules électriques de moins de 47.000 euros, devrait changer en 2024 pour concerner désormais uniquement les véhicules les moins polluants. Cela devrait aider en partie l'industrie européenne dans un premier temps, mais jusqu'à quand ?
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