Renault renonce à l'introduction d'Ampere en Bourse : les marchés financiers applaudissent

Lundi soir, le constructeur automobile a annoncé l'entrée en Bourse d'Ampere, sa filiale regroupant les activités électriques et électroniques. Cette nouvelle n'a pas secoué les cours. Et pour cause. Les conditions de marché restent trop peu favorables, guidées par un Tesla en chute. Mais cette annulation n'est sans doute que partie remise pour Renault. Explications.
L'action Renault gagnait 5 % ce matin avant de reculer pour se stabiliser à une hausse d'1,27 % à 18 h, à 34,74 euros.
L'action Renault gagnait 5 % ce matin avant de reculer pour se stabiliser à une hausse d'1,27 % à 18 h, à 34,74 euros. (Crédits : Reuters)

Au lendemain de l'annonce de l'annulation de l'entrée en Bourse d'Ampere, l'action de Renault gagnait 5 % ce matin, à 36 euros, avant de reculer pour se stabiliser sur une hausse d'1,27 % mardi soir, à 34,74 euros. Hier, le constructeur français a annoncé annuler l'introduction d'Ampere, sa filiale regroupant les activités électriques et électroniques du groupe, « compte tenu des conditions de marché actuelles et des niveaux de cash-flow plus élevés que prévu », a spécifié Renault dans son communiqué.

Mardi, tous les analystes semblaient soulagés :

« C'est une décision pragmatique dans un contexte défavorable à la fois sur les marchés comme dans le secteur automobile », a commenté Oddo BHF dans une note parue aujourd'hui, ajoutant que « face à l'appétit limité des investisseurs pour ce projet d'entrée en Bourse, et avec une situation financière de plus en plus solide au niveau du constructeur, arriver à une vente était moins prioritaire ».

Même son de cloche pour les analystes de Stifel et Jefferies. Le premier a jugé cette décision « positive » pour Renault et le second estime « qu'une solution organique évite de distraire la direction à un moment critique pour l'industrie ».

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Les « pure players » moins bien côtés

Car depuis quelques mois, les « pure players », autrement dit les constructeurs spécialisés comme Tesla, n'ont plus la côte. Après ses résultats décevants, le constructeur américain a vu son action dégringoler en Bourse de 15 % le jour suivant, avant de remonter légèrement depuis deux jours, mais reste toujours sous la barre des 200 dollars, bien loin des 300 dollars en juillet dernier. Et cette tendance devrait continuer.

« Cela est dû au marché des véhicules électriques, de plus en plus difficile, avec une concurrence forte sur les prix et les produits, une dynamique de croissance et de demande de véhicules électriques qui s'estompe et des incertitudes généralisées autour des subventions (...) qui ne contribuent pas à alimenter l'appétit des investisseurs pour les activités de 'pure players' dans l'électrique », ont expliqué les analystes de Berenberg dans une note.

En effet, le coup d'arrêt brutal des subventions sur l'électrique en Allemagne a marqué un ralentissement important des ventes de voitures électriques dans le pays, de - 47,6 % en décembre.

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D'autant qu'une entrée en Bourse aurait également pu également donner le signe qu'« Ampere et Renault ne font qu'un, et que le reste des entités du groupe n'a pas de valeur », nous avait confié un analyste en novembre dernier.

« Renault aurait dû faire entrer Ampere en Bourse, il y a deux ou trois ans, juste après la pandémie de Covid. À ce moment-là, il y a eu une euphorie du marché, portée par des prix de voitures en hausse avec les pénuries d'offres et une concurrence des voitures chinoises quasiment absentes sur le Vieux Continent », précise Arnaud Aymé, spécialiste automobile chez Sia Partners. 

Une annulation pas définitive

Mais si la nouvelle a été plutôt bien accueillie côté analystes, difficile de savoir ce que deviendront les actions achetées par Nissan et Mitsubishi, ayant annoncé des investissements à hauteur de, respectivement, 600 millions d'euros et 200 millions d'euros. Si les deux constructeurs devraient maintenir une participation, leur contrat n'étant pas lié à l'introduction en Bourse d'Ampere, le montant de cet investissement reste inconnu. « Personne ne comprend ce qu'il se passe de ce côté-là », souffle Arnaud Aymé. Les constructeurs japonais ont, de leur côté, répondu platoniquement à l'AFP : « Toutes nos collaborations sont maintenues et nous poursuivons nos discussions avec Renault ».

Et pour cause, si Renault a annoncé avoir suffisamment de cash pour financer ses projets jusqu'en 2026 et la sortie de la Twingo, grâce à des résultats très satisfaisants ainsi qu'à ses ventes d'actions à Nissan, que se passera-t-il après ? Ampere vise en effet 25 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2031 et une marge opérationnelle de plus de 10 % à partir de 2030. « Renault devra envisagé la mise en Bourse d'Ampere pour financer les projets post 2026 et atteindre leurs objectifs. Ils ont déjà fait le découpage de l'activité et mobilisé des gens sur le projet », note Arnaud Aymé.

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Avant ça, les 11.000 collaborateurs d'Ampere seront entièrement mobilisés pour développer les nouveaux modèles de l'entité électrique du groupe, soit la Mégane, déjà sur le marché, les Scenic et R5 en 2024, la R4 en 2025 ainsi que la Twingo pour 2026. Un peu plus tard dans la journée, Volkswagen, a quant à lui annoncé qu'il envisageait toujours la mise en bourse de PowerCo, sa filiale spécialisée dans les batteries électriques. Toutefois, le constructeur allemand n'a pas spécifié de date pour cette entrée en Bourse, invitant seulement « les investisseurs à se tenir prêts à partir de 2024 ».

Pour Arnaud Aymé, il ne s'agit que d'un aspect de la communication. « D'un côté, Renault avait un projet plus précis mais préfère annuler et recentrer ses équipes. De l'autre, les contours de la filiale de Volkswagen sont plus flous et aucune date fixe n'est communiquée. Dans les deux cas, le résultat est le même : il n'y a pas d'entrée en Bourse à l'heure actuelle. »

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Commentaires 2
à écrit le 31/01/2024 à 11:38
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Première phrase de l'article est : Lundi soir, le constructeur automobile a annoncé l'entrée en Bourse d'Ampere, sa filiale regroupant les activités électriques et électroniques. Être vous sur ?

à écrit le 31/01/2024 à 8:32
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"guidées par un Tesla en chute" Nous sommes très loin de l'euphorie électrique promise par notre classe politique.

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