Stellantis va lancer un plan de suppressions de postes colossal en Amérique du Nord

Stellantis lance un plan de départs volontaires qui va concerner des dizaines de milliers de salariés aux Etats-Unis et au Canada. Comme Ford ou General Motors, le constructeur veut réduire ses coûts et financer sa transition vers l'électrique.
Les constructeurs automobiles doivent gérer la hausse des taux d'intérêt, qui renchérit le coût des voitures.
Les constructeurs automobiles doivent gérer la hausse des taux d'intérêt, qui renchérit le coût des voitures. (Crédits : Rebecca Cook)

Stellantis lance en Amérique du Nord un plan spectaculaire de départs volontaires. Aux Etats-Unis, le programme sera proposé à environ 33.500 salariés qui devront avoir travaillé au moins 15 ans dans l'entreprise et dans des divisions spécifiques. L'entreprise n'a pas fourni de chiffres pour le Canada. Tous les salariés concernés seront informés la semaine prochaine.

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« En réponse aux conditions de plus en plus concurrentielles du marché mondial actuel et au passage nécessaire à l'électrification, Stellantis procède à un examen approfondi de ses activités en Amérique du Nord afin d'améliorer l'efficacité, de réduire les coûts et de protéger la compétitivité de nos produits pour permettre de nouveaux investissements stratégiques en vue de soutenir notre transformation », a expliqué l'entreprise dans un message transmis à l'AFP.

Stellantis fait plus fort que Ford et GM

Après avoir dû faire face pendant la pandémie à d'importantes difficultés d'approvisionnement et à l'augmentation de leurs coûts, les constructeurs automobiles doivent désormais gérer l'inflation, qui renchérit le coût des voitures et pourrait finir par peser sur la demande. Dans le même temps, ils doivent investir des milliards pour la transition vers l'électrique.

General Motors, également dans le but de faire des économies, avait déjà proposé début mars un plan de départs volontaires. Environ 5.000 salariés y ont souscrit. Invoquant la transition vers l'électrique, Ford avait de son côté annoncé en février la suppression de 3.800 postes en Europe d'ici à 2025, après avoir fait part en août dernier de la suppression d'environ 3.000 postes, principalement en Amérique du Nord et en Inde.

Pour le syndicat américain de l'automobile UAW, l'initiative de Stellantis est une « insulte »

Ces plans de départs sont organisés à quelques mois de l'ouverture de négociations avec le syndicat américain de l'automobile UAW pour un nouvel accord de branche. Dans un communiqué séparé, le nouveau président du syndicat, Shawn Fain, a estimé que l'initiative de Stellantis, après un bénéfice de 16,8 milliards d'euros en 2022, était une « insulte » à ses membres.

« Les responsables politiques et les contribuables financent la transition vers le véhicule électrique (avec de nombreuses aides gouvernementales, NDLR), et c'est comme ça que la classe ouvrière est remerciée ». Outre des bonus liés à la hausse de l'action Stellantis ou à la baisse des émissions de CO2, Carlos Tavares, le patron du constructeur, pourrait notamment avoir droit à une prime de « transformation » de 25 millions d'euros en 2025, si le groupe atteint des objectifs liés à la révolution électrique du marché automobile.

Depuis la fusion des groupes PSA et Fiat- Chrysler, 26.000 postes ont été supprimés

Avant la fusion début 2021, les groupes PSA et Fiat-Chrysler comptaient à eux deux près de 300.000 salariés dans le monde. Deux ans après la fusion, fin 2022, plus de 26.000 salariés n'étaient plus dans les rangs de l'entreprise, qui comptait alors un total de 272.367 employés dans le monde, selon le rapport financier annuel de Stellantis. Ces départs ont notamment eu lieu en Europe. L'entreprise a réduit son empreinte sur ce marché, où elle réalise la majeure partie de ses ventes, tandis que l'essentiel des profits vient d'Amérique du Nord.

1.200 recrutements en France

A l'inverse, Stellantis a annoncé début avril qu'il prévoyait de recruter 1.200 salariés en France au cours de l'année 2023 pour les métiers de la production, de l'ingénierie et du commerce. « Nous avons recruté 1.050 personnes en 2022 en France et prévoyons d'en recruter davantage en 2023 », indiquait dans un communiqué Xavier Chéreau, directeur des ressources humaines du groupe. « La transition énergétique impose une évolution sans précédent de l'outil de production avec pour certains sites des reconversions complètes, permettant de passer de la fabrication de moteurs thermiques, dont l'activité industrielle et d'ingénierie se poursuit en France, à la production des moteurs électriques ou de batteries de technologie française », soulignait le groupe.

En 2022, 13.000 salariés ont été formés à l'électrification, sur les sites de Trémery-Metz (Moselle) ou Douvrin (Nord). Stellantis doit inaugurer le 30 mai à Douvrin sa première usine européenne de batteries. 80 salariés de l'usine historique y travaillent déjà, et « au moins 400 salariés » auront intégré l'usine en 2024. Le groupe, qui a enregistré un bénéfice net record de 16,8 milliards d'euros en 2022, a prévu de redistribuer 2 milliards d'euros à ses salariés.

(avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 27/04/2023 à 19:33
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Il est urgent d'accélérer la liquidation de Stellantis. C'est un groupe has been qui n'a rien investi en recherche et développement depuis 40 ans. Il est amusant que celui qui s'avérera le plus mauvais PDG du secteur d'ici 5 ans soit aussi le mieux ...

à écrit le 27/04/2023 à 9:49
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Exportation aux USA du logiciel intellectuel français qui a fait qu'on ne produit plus que 1,5 million de véhicules en France contre 3 millions il y a 20 ans ? On a vraiment un problème. Qui vient vraisemblablement de l'éducation. Je vois d'ici les...

à écrit le 27/04/2023 à 9:03
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Il faut bien rémunérer Carlos Tavares avec 23,5 millions d'euros au titre de l'année 2022 ce qui en fait le patron le mieux payé des groupes automobiles. En comparaison, celle d'Akio Toyoda (Toyota) ne s'élève "qu'à" 4,7 millions d'euros alors que To...

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