Renault repasse dans le vert, la fin de la descente aux enfers

Le groupe automobile français a enregistré des profits au premier semestre, en contraste des chiffres catastrophiques de l'année 2020. Renault a réussi à tirer son chiffre d'affaires essentiellement par l'effet-prix (en vendant donc des voitures plus chères). Un succès encourageant pour la suite, d'après Luca de Meo, le patron du groupe.
Nabil Bourassi
(Crédits : Stephane Mahe)

Une page qui se tourne ? Renault est en tout cas parvenu à revenir dans le vert après trois années de descente aux enfers dont le point d'orgue s'est soldé par de très importantes pertes en 2020... Sur les six premiers mois de l'année, le groupe automobile français a affiché des profits d'exploitation à 571 millions d'euros... Loin des deux milliards perdus un an auparavant. La marge opérationnelle ressort à 2,8% (contre -6,5% au premier semestre 2020). Même le résultat net repasse dans le vert à 368 millions d'euros, à comparer aux 7,3 milliards perdus en glissement annuel. Et contrairement aux meilleures années de Renault ces quinze dernières années, cette performance financière doit moins à la contribution de Nissan (100 millions d'euros) - excepté pour le résultat net qui profite de la revente de la participation dans Daimler (1,1 milliard d'euros) - qu'aux premiers effets de la politique de prix menée tambour battant par la nouvelle direction.

Fin de la course aux volumes

Luca de Meo, arrivé il y a pile un an à la tête du groupe français, a mis en œuvre la stratégie amorcée sous la direction intérimaire de Clotilde Delbos (aujourd'hui numéro deux du groupe) d'en finir avec la stratégie de course aux volumes. Renault devait revaloriser ses produits pour les vendre plus cher et ainsi enclencher un cercle vertueux. Cette politique a permis au groupe de tirer une partie du chiffre d'affaires par le seul effet prix. Ainsi, les recettes ont augmenté de 27% à 23,4 milliards d'euros, alors que les volumes n'ont augmenté que de 18,7%. Cet effet prix a contribué à hauteur de 8,7 points sur le chiffre d'affaires (1,4 milliard d'euros). Au premier trimestre, il avait été de 6 points.

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Cet effet prix a été largement porté par des arbitrages sur les canaux de distribution (baisse des ventes tactiques et des rabais), mais également par le déploiement de la gamme E-Tech, ces équipements d'hybridation moteur. Sur certains segments, le taux d'équipements E-Tech a pu atteindre jusqu'à 25% des ventes. Renault estime que l'effet prix devrait se poursuivre au second semestre, amplifié par l'Arkana, ce SUV coupé dont les prises de commandes montrent un taux de finition haut de gamme très élevé (jusqu'à 40% des ventes en version RS-Line).

"Ces résultats sont les fruits de notre plan stratégique Renaulution, axé sur la rentabilité. Ils ne marquent que la première étape de notre redressement qui devrait s'accélérer avec l'arrivée de nouveaux véhicules en préparation", a déclaré Luca de Meo, cité dans le communiqué de presse.

Dans l'attente de Mégane

Car Luca de Meo fonde d'importants espoirs sur l'arrivée de la nouvelle Mégane qui sera divulguée début septembre au salon automobile de Munich, mais commercialisée en 2022. Ce modèle, dont il a pris la direction en cours de route puisqu'il faut quatre ans pour concevoir une nouvelle voiture, doit permettre à Renault de reprendre l'offensive sur les voitures compactes (segment des Volkswagen Golf ou Peugeot 308) où il a perdu énormément de terrain. Dans la présentation de son plan Renaulution en janvier dernier, Luca de Meo avait rappelé que ce segment rapportait trois fois plus d'argent que ceux du segment B, où Renault est historiquement fort avec Clio et Captur. Le groupe français table donc sur une amélioration de son effet prix à moyen terme.

Un titre sous pression

Avec un free-cash flow repassé dans le vert (+70 millions d'euros contre -6,3 milliards un an auparavant), et une marge opérationnelle à quelques dixièmes de points de son objectif, Renault a indiqué avoir pris de l'avance sur son plan de restructuration.

Le marché, lui, est plus circonspect. Après avoir réagi avec enthousiasme à l'ouverture des échanges ce matin (+4%), les investisseurs ont rapidement sanctionné le titre qui bascule alors dans le rouge (-3% dès la fin de la matinée). Il semblerait que le titre Renault soit toujours l'objet de la défiance des marchés. Déjà, ces derniers avaient montré leur scepticisme après le plan d'électrification divulgué fin juin le jugeant pas assez ambitieux. Malgré la forte amélioration de ses ratios financiers, Renault a encore du chemin à parcourir pour reconquérir le cœur des investisseurs...

Nabil Bourassi

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Commentaires 6
à écrit le 31/07/2021 à 6:47
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C’est bien, j’ai acheté le titre à 18€, vivement que ça repasse les 50€.

à écrit le 30/07/2021 à 20:18
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On sent qu'il y a de la matière grise ,vendre les voitures plus chères ,il fallait y penser !

à écrit le 30/07/2021 à 19:59
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Au cours de ces dernières années, le marché Français est devenu importateur net de voitures. En 2019 pour 15 milliards de dollars. L'Allemagne et l'Espagne sont exportateurs nets avec respectivement 72 milliards et 13 milliards de dollars sur la même...

à écrit le 30/07/2021 à 18:43
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Renault c'est Une catastrophe ou est Carlos ?

le 31/07/2021 à 8:42
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Correct et je n'ai pas l'impression que ce constructeur était au fond du trou au temps de Carlos..

à écrit le 30/07/2021 à 16:53
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Ah ça ils sont dans le vert ! je dirais même plus, dans le greenwashing !

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