Dans le paysage chaotique qu'a été ce premier semestre commercial, marqué par la crise du Covid, les constructeurs automobiles français tirent toutefois une satisfaction: l'excellente tenue des ventes de voitures électriques. D'après l'institut JATO, sur un marché en baisse de 43% sur les cinq premiers mois de l'année, les ventes de voitures électriques se sont contractées de seulement 8%... Autrement dit, elles ont représenté en proportion, une très grande part du marché du neuf. En mai, elles ont même acquis 15% de part de marché, contre 7% un an auparavant, toujours d'après les données JATO. La dynamique autour de la voiture électrique est une vraie bonne nouvelle pour les constructeurs, surtout dans le contexte des objectifs CO2.
Renault Zoé, leader en Europe
C'est encore plus vrai chez Renault qui a besoin de capitaliser sur une bonne nouvelle après une série de crises et contraint de recourir à un prêt garanti par l'Etat. Alors on le revendique très fort: la Zoé est numéro un en Europe. Mieux, les ventes ont même bondi de 50% soit une énorme surperformance sectorielle.
Pour Renault, c'est une excellente nouvelle puisque ces ventes lui permettent de sécuriser sa trajectoire CAFE, du nom des seuils CO2 au-dessus desquels de lourdes amendes seront infligées. Il y a encore six mois, les analystes n'étaient pas certains que la marque au losange serait dans les clous, et ce, en dépit de sa gamme électrique.
Chez Peugeot, on se réjouit également de la bonne performance des ventes de voitures électriques. Contrairement à Renault qui a une gamme électrique depuis 10 ans, Peugeot n'a introduit de produits 100% électrique que depuis le début de l'année. La performance de la 208 électrique (e208) sur ces six derniers mois est donc une très bonne surprise pour la marque au lion. "17% des ventes de 208 sur le semestre sont des versions électrique, et 26% sur les portes ouvertes en France", lance non sans enthousiasme, Jean-Philippe Imparato, directeur général de Peugeot.
Une gamme qui pourrait s'étendre
Selon lui, il y a une vraie dynamique autour de la voiture électrique, et il espère amplifier ce mouvement avec l'arrivée d'un nouveau label qui utiliserait une propulsion électrique pour donner davantage de sportivité moteur à ses voitures, et ainsi gagner des points de marge supplémentaires. Chez Renault, on attend l'arrivée de la Twingo 100% électrique, mais également de la famille eTech. Mais les Français ont également une avance sur des utilitaires légers 100% électrique avec notamment la Renault Kangoo Z.E., bientôt rejointe par un Master Z.E. De son côté, Peugeot vient de convertir son Partner et son Expert en 100% électrique.
"Les objectifs CO2 ? Même pas peur !" lance Jean-Philippe Imparato, qui se souvient encore des Cassandre qui le tançaient il y a encore un an sur des objectifs inatteignables pour cette marque qui n'avait alors aucun modèle électrifié. Et de juger que "la France dispose désormais d'un avantage comparatif".
Il est vrai que les constructeurs français sont en train de constituer le plus large portefeuille de modèles 100% électriques, car outre la Renault Zoé et la Peugeot e208, il faut également compter sur le e2008, la DS3 Crossback ETense, bientôt la nouvelle Citroën C4.
Une concurrence féroce à venir
Pour autant, il faut relativiser ce leadership... D'abord parce que la concurrence n'est pas en reste. Chez Volkswagen, le déploiement d'une ambitieuse gamme électrique est en cours avec le déploiement de l'ID3. Cette berline électrique coûte néanmoins 40.000 euros, contre 32.000 environ pour une Zoé ou une e208. Mais en attendant, Volkswagen s'est hissé à la seconde place des voitures électriques les plus vendues en mai avec sa Golf...
En outre, le succès de la Zoé a été en grande partie portée par le marché automobile français puisque les deux tiers des 10.000 commandes européennes ont été effectuées dans l'Hexagone.
Enfin, Tesla reste encore la principale boussole de la voiture électrique et nourrit encore largement l'imaginaire collectif de l'électromobilité. Pour les constructeurs français, c'est autant un atout puisqu'ils peuvent s'appuyer sur la dynamique Tesla pour séduire les automobilistes. Mais sans le sex-appeal de la marque californienne, leur vente unitaire de voiture électrique reste extrêmement contrainte en termes de marge bénéficiaire, et fortement dépendante des subventions publiques... Avec la fin de la prime à la conversion version post-Covid, le dispositif d'aide d'achat à la voiture électrique devrait bientôt être raboté...
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