Voitures électriques : le Chinois NIO réalise une levée de fonds géante de plus de 2 milliards de dollars

Le constructeur automobile chinois de voitures électriques vient de réaliser une levée de 2,2 milliards de dollars malgré ses difficultés financières. Le marché de l'électrique en Chine n'a jamais été aussi porteur.
Cette grosse levée de fonds est rendue possible par la montée au capital à hauteur de 20,1% de la holding CYVN, située à Abou Dhabi aux Emirats arabes unis.
Cette grosse levée de fonds est rendue possible par la montée au capital à hauteur de 20,1% de la holding CYVN, située à Abou Dhabi aux Emirats arabes unis. (Crédits : Reuters)

La voiture électrique en Chine ne faiblit pas. Illustration avec le constructeur automobile chinois NIO, et concurrent chinois de l'américain Tesla, qui a annoncé ce lundi avoir levé un peu plus deux milliards de dollars. Ceci, en dépit d'une activité largement déficitaire. Fondée en 2014 à Shanghai, et financée à ses débuts par le géant chinois de l'internet Tencent, la marque entend percer sur des modèles meilleur marché que ceux de Tesla.

Malgré une expansion rapide à l'étranger ces dernières années, NIO multiplie cependant les pertes, qui se sont encore creusées au troisième trimestre, pour atteindre 4,6 milliards de yuans (595 millions d'euros), selon son dernier bilan comptable.

Dans ce contexte, la firme a annoncé la montée à son capital de la holding CYVN, située à Abou Dhabi aux Emirats arabes unis, à hauteur de 20,1%. L'opération va permettre dès lors de lever 2,2 milliards de dollars (2,01 milliards d'euros), a précisé NIO dans un communiqué destinée à la Bourse de Hong Kong où la firme est cotée.

En juillet, CYVN avait déjà investi quelque 738,5 millions de dollars (676,7 millions d'euros au taux actuel) dans NIO. Le constructeur a commencé à vendre ses premiers modèles de voitures électriques en Chine en 2017. Elle s'est ensuite implantée en Norvège en 2021, puis en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark et en Suède l'année suivante. Elle vise en 2025 le marché américain et ambitionne de devenir d'ici 2030 l'un des cinq plus gros constructeurs mondiaux.

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La Chine, un gros marché pour l'électrique

La Chine est le premier marché automobile mondial. A l'image de NIO, des dizaines de marques locales innovantes y ont vu le jour et elles rivalisent sur le créneau de l'électrique avec des constructeurs étrangers qui peinent à s'adapter ces dernières années. En novembre, le chinois BYD était le champion incontesté de l'électrique dans son pays (plus de 300.000 voitures vendues), loin devant Tesla (plus de 80.000) mais aussi NIO (près de 16.000), d'après la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles (CPCA). De son côté, Tesla, détenue par Elon Musk, dispose en Chine d'une gigantesque usine à Shanghai et en prépare une deuxième pour y fabriquer des batteries.

Et le marché des voitures électriques dans le pays explose. Rien qu'en octobre, l'électrique a représenté près de la moitié des ventes en octobre, soit environ près d'un million de véhicules, d'après les chiffres de la CPCA. Avec une hausse de 11,2% sur un an, la croissance des ventes de voitures électriques dépasse donc largement celle du marché (+2,5%). S'ajoutent aussi plus de 80.000 modèles hybrides.

Subventions du gouvernement chinois

Pour encourager encore davantage les consommateurs à s'équiper en véhicules électriques, le ministère chinois du Commerce a annoncé en juin dernier le début d'une campagne nationale d'incitation qui doit s'achever en décembre. Il préconise également d'accélérer l'installation de stations de rechargement dans les zones rurales. Il s'agit d'ailleurs de l'une des mesures de soutien ciblé de Pékin pour parer au ralentissement de l'économie. Sans compter que, ces derniers mois, les constructeurs se sont lancés dans une guerre des prix.

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Mais surtout, pour développer à vitesse grand V du marché de l'auto électrique, le gouvernement chinois avait mis en place des subventions à l'achat octroyées. Un soutien financier auquel il a toutefois mis fin depuis décembre 2022, mais qui n'a pas manqué d'attirer l'attention de l'Union européenne. Le 13 septembre dernier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé le lancement d'une vaste enquête sur ces subventions accordées par la Chine à son industrie.

Des exportations en hausse

Et si les véhicules chinois séduisent la clientèle nationale, il en va de même à l'étranger. En effet, la CPCA précise qu'en octobre, les exportations des véhicules chinois électriques ou hybrides ont progressé de +8,2% sur un an, à 112.000 unités. À noter que la Chine est aussi devenue au premier semestre le premier exportateur mondial de voitures, surpassant pour la première fois le Japon, selon les Douanes chinoises.

D'autant plus que les voitures chinoises coûtent désormais beaucoup moins cher que ses concurrentes européennes. A l'origine de cet écart : les petites voitures électriques. « La petite voiture du constructeur chinois Wuling, baptisée Hongguang Mini EV, a eu un succès immense avec son prix très abordable. Les autres constructeurs en Chine ont dû s'aligner sur ce prix », explique Felipe Munoz, analyste chez Jato, à La Tribune.

Selon de nombreux experts, la Chine a plus deux à trois ans d'avance dans la mise en place d'un « écosystème » complet autour de la voiture électrique. « L'Europe doit agir » pour ne pas rater le coche, car « les Etats-Unis y travaillent aussi », a d'ailleurs souligné à ce sujet Ralf Brandstätter, membre du directoire de Volkswagen, auprès de l'AFP.

Voitures électriques : l'échange de batteries pourrait devenir une option

Si votre voiture électrique est à plat, changez de batterie en cinq minutes : les batteries échangeables vont être testées par Stellantis, à l'image de ce que fait le Chinois NIO. Stellantis va tester cette technologie à Madrid sur une flotte de petites Fiat 500 électriques avec la start-up Ample, ont annoncé les deux partenaires début décembre lors d'une conférence de presse.

Le géant de l'automobile a passé un accord avec cette entreprise californienne qui développe des batteries et des stations d'échange. Elle les a notamment déployées en partenariat avec les VTC d'Uber autour de San Francisco.

Alternative à la recharge sur une borne, l'échange de batterie permet au conducteur d'une voiture électrique de s'arrêter à une station pour changer sa batterie à plat en moins de cinq minutes, comme s'il faisait un plein d'essence.

Il évite ainsi la charge lente à domicile, ou le recours à une borne à haute puissance, plus chère et gourmande en énergie. Et supprime l'angoisse de la panne sèche. En pratique, une fois le véhicule garé dans une petite station d'échange, un bras robotisé lui passe dans les entrailles pour y installer une nouvelle batterie.

L'échange de batteries était pourtant donné pour mort avec la faillite en 2013 d'une autre start-up, Better Place. Celle-ci avait commencé à lancer en Israël et au Danemark des stations d'échange pour des véhicules du groupe Renault-Nissan.  Mais Tesla a commencé à déployer promptement ses chargeurs rapides pour voitures électriques, ouvrant une autre voie prometteuse. Depuis, le constructeur chinois NIO est un des seuls avec Ample à miser sur l'échange de batteries. NIO a déjà ouvert plusieurs centaines de stations d'échange en Chine, et une trentaine en Europe (Allemagne, Norvège et Suède).

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 18/12/2023 à 18:28
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Tiens donc moi qui croyais avoir lu que les chinois voulaient imposer leur monnaie dans leurs échanges avec leurs partenaires commerciaux et là il est question de dollars !

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