Ferroviaire  : en manque de visibilité, Alstom pourrait supprimer des centaines de postes au Royaume-Uni

Alstom envisage des centaines de licenciements au Royaume-Uni, en raison de négociations qui piétinent avec le gouvernement britannique sur des commandes et appels d'offres.
Un porte-parole évoque un « trou dans la charge de travail » pour les prochaines années au Royaume-Uni.
Un porte-parole évoque un « trou dans la charge de travail » pour les prochaines années au Royaume-Uni. (Crédits : Reuters)

Plombé par des difficultés commerciales et financières, le groupe ferroviaire Alstom envisage des centaines de licenciements au Royaume-Uni. Aussi, l'industriel français fait face à des négociations qui piétinent avec le gouvernement britannique sur des commandes et appels d'offres, indique le Daily Telegraph jeudi.

Ces suppressions de postes, selon le quotidien britannique, devraient être annoncées dans l'usine de Derby, la plus grosse pour la fabrication de trains au Royaume-Uni et où travaillent 3.000 personnes, après la fin des ouvrages en cours et vu l'absence de perspectives de commandes supplémentaires.

Interrogé par l'AFP, Alstom a indiqué « qu'il n'y avait pas de décision prise » sur une fermeture du site de Derby. Des discussions, entamées depuis plusieurs mois avec le gouvernement britannique, sont « toujours en cours », a indiqué un porte-parole, qui évoque un « trou dans la charge de travail » pour les prochaines années.

Une réduction du tracé de la ligne à grande vitesse, HS2

Downing Street a notamment annoncé récemment une réduction du tracé du vaste projet de la ligne à grande vitesse, HS2. Première ligne majeure construite au nord de Londres en 150 ans, deuxième ligne à grande vitesse au Royaume-Uni après celle empruntée par l'Eurostar vers le tunnel sous la Manche (HS1), dans le sud-est du pays, la HS2 devait à l'origine relier la capitale britannique à Birmingham puis à Manchester et Leeds. « Ce dont nous avons vraiment besoin, c'est de meilleures liaisons de transport dans le nord » et cela « sera notre priorité » a martelé en octobre dernie le premier ministre britannique Rishi Sunak lors d'un discours au congrès annuel du parti conservateur.

Lire aussiRoyaume-Uni : Alstom se lance dans l'exploitation de son propre service de trains de voyageurs

De plus, le lancement d'un appel d'offres du gouvernement britannique pour des trains de banlieue Aventra traine aussi en longueur. Le gouvernement « reste en contact étroit avec Alstom pour assurer un avenir à la construction ferroviaire à Derby », a pour sa part commenté une porte-parole du département des Transports, jointe par l'AFP.

Créer des connexions entre l'Angleterre et le Pays de Galles

Par ailleurs Alstom a annoncé mi-mars qu'il comptait exploiter dès 2025 son propre service de trains de voyageurs en Angleterre et au Pays de Galles L'objectif d'Alstom est de «  créer une connexion directe, qui n'existe pas aujourd'hui, entre le nord du Pays de Galles, le Shropshire, les Midlands et Londres », a indiqué un communiqué. « La mise en service de WSMR est prévue dès 2025 et elle devrait créer environ 50 nouveaux emplois, principalement dans le nord du Pays de Galles et dans les Midlands. »

« Nous faisons partie du tissu ferroviaire britannique depuis deux siècles et nous sommes ravis d'entrer dans cette nouvelle ère en tant qu'opérateur privé », a commenté Nick Crossfield, directeur général d'Alstom pour le Royaume-Uni et l'Irlande, cité dans le communiqué. « Cette nouvelle offre de transport permettra aux territoires du nord du Pays de Galles et des Midlands de bénéficier de meilleures liaisons, notamment des trains directs vers Londres au départ de Shrewsbury, Telford et Wrexham », a de son côté déclaré le ministre britannique des chemins de fer, Huw Merriman.

Début mars, Alstom a été éjecté du CAC 40 au profit d'Accor. Depuis le rachat à 5,5 milliards d'euros du Canadien Bombardier Transport annoncé en janvier 2021, « qui a fait peser une lourde dette sur les épaules d'Alstom », soulignait alors Lionel Melka, associé chez Swann Capital, la capitalisation boursière de l'industriel a fondu de plus de 65%, passant de 13,2 milliards d'euros à environ 4,5 milliards actuellement. Le dernier fait marquant en date pour Alstom en Bourse remonte à octobre 2023, lorsque le groupe a vu s'évaporer plus de 3 milliards d'euros de capitalisation boursière en l'espace d'une séance, avec la chute vertigineuse de plus de 37% du prix de son action.

L'ancien directeur général de Safran, Philippe Petitcolin, doit prendre en juin ses fonctions de président du conseil d'administration du groupe ferroviaire.

(Avec AFP)

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