Effondrement d'un chantier au Brésil : Alstom condamné à une lourde amende

Dix-sept ans après des travaux d'excavation ayant conduit à la mort de sept personnes à Sao Paulo, le constructeur ferroviaire français ainsi que six entreprises impliquées dans le projet ont été condamnées à payer une amende collective de 44,8 millions d'euros. Alstom est également dans le viseur de la justice française à Lille.
Parmi les autres entreprises sanctionnées figurent les géants brésiliens de la construction et de l'ingénierie OAS (aujourd'hui Grupo Metha), Queiroz Galvao, Camargo Correa et CBPO, une filiale d'Odebrecht (aujourd'hui Novonor).
Parmi les autres entreprises sanctionnées figurent les géants brésiliens de la construction et de l'ingénierie OAS (aujourd'hui Grupo Metha), Queiroz Galvao, Camargo Correa et CBPO, une filiale d'Odebrecht (aujourd'hui Novonor). (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

C'était le 12 janvier 2007: des ouvriers procédaient à des travaux d'excavation pour la station de métro Pinheiros, dans l'ouest de la capitale économique brésilienne, lorsqu'un important gouffre s'est ouvert, engloutissant une partie d'une route voisine. Piétons et véhicules ont été emportés dans un amas de terre, d'asphalte et de béton. Sept personnes ont alors été tuées et plus de 90 bâtiments de la zone ont dû être démolis ou condamnés.

Une amende de 44,8 millions d'euros

Dix sept-ans plus tard, la cour de justice de l'Etat de Sao Paulo au Brésil a ordonné à six personnes, à l'époque responsables de la société gestionnaire du métro, et à sept entreprises impliquées dans le projet, dont le constructeur ferroviaire français Alstom, de payer une amende collective de 240 millions de réais (44,8 millions d'euros), estimant que leur « faute administrative » avait conduit à l'effondrement.

Malgré des signes de faiblesse structurelle sur le site du tunnel, « le forage a été effectué à un endroit déjà fragile, et les structures de soutien nécessaires n'ont pas été immédiatement installées », a écrit le juge Marcos de Lima Porta dans son jugement, publié vendredi. « Cette approche s'est avérée non seulement dangereuse, mais aussi négligente, exposant clairement le site à un risque imminent d'effondrement », selon une décision dont l'AFP a pris connaissance samedi.

Devant la justice à Lille

La décision, qui peut faire l'objet d'un appel, interdit également aux responsables condamnés de travailler dans le secteur public et aux entreprises mises en cause de contracter des marchés publics au Brésil pendant cinq ans. Parmi les autres entreprises sanctionnées figurent les géants brésiliens de la construction et de l'ingénierie OAS (aujourd'hui Grupo Metha), Queiroz Galvao, Camargo Correa et CBPO, une filiale d'Odebrecht (aujourd'hui Novonor). Contactées par l'AFP, aucune de ces entreprises n'a fait de commentaire dans l'immédiat.

En France, Alstom vient d'arracher une commande de 103 rames pour près de 1,1 milliard d'euros pour le métro parisien, juste après une nouvelle commande de 18 rames en Allemagne. Le constructeur ferroviaire français se trouve néanmoins devant la justice pour son retard pris dans les travaux de modernisation du métro lillois. Craignant pour la pérennité de ce dernier, la métropole européenne (Mel) demande à l'industriel de mettre « tous les moyens possibles pour une livraison au plus vite des rames de 52 mètres » selon les termes d'un contrat conclu en 2012.

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Commentaire 1
à écrit le 18/02/2024 à 11:07
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Il ne serait pas temps d'exiger des contreparties sociales et environnementales aux centaines de milliards d'argent public offert au secteur privé non ? Vous pensez pas que ce serait le moment là au moins ?

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