C'est une formule vieille de quarante-six ans qui résonne encore aujourd'hui et que les élus locaux comme les promoteurs immobiliers connaissent par cœur : « Maire bâtisseur, maire battu » (lors des élections). Une petite phrase signée Pierre Billotte, maire gaulliste de Créteil défait aux élections municipales de 1977, pour souligner combien il est difficile de faire accepter la construction de nouveaux logements à des habitants déjà enracinés. Aussi, les professionnels du BTP ont fait leur cet adage pour se plaindre des édiles qui refusent de signer des permis de construire l'année précédant les scrutins importants.
Est-ce statistiquement vrai ?
Sauf qu'entre les discours politiques des acteurs publics et privés et la vérité du terrain, qu'en est-il vraiment ? A la demande de l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (Idheal), créé par l'ex-journaliste experte des Echos Catherine Sabbah, le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) tente d'objectiver le phénomène.
« Nous essayons de vérifier si cet adage a une quelconque réalité. Est-ce que c'est statistiquement vrai et comment le vérifier ? Les critères qui peuvent décider les électeurs à voter ou pas, et pour tel ou tel candidat, sont nombreux », explique, à La Tribune, Catherine Sabbah, qui a co-piloté le groupe de travail « Pour réconcilier la France avec la production de logements nouveaux » du Conseil national de la refondation (CNR) dédié au Logement.
Son hypothèse : alors que le logement ne semble pas un objet politique clivant au niveau national, il semble l'être davantage localement, les maires restant en première ligne sur ce front-là.
Des résultats attendus pour le congrès des maires 2024
Et pour cause : ces élus décident, encore et toujours, de la politique de l'habitat au niveau local : pourcentage de logements aidés, construction ou non de logement social, de logements libres... ou pas de logement du tout. Logiquement, c'est donc à l'échelle des municipalités que se cristallisent les recours, les oppositions...
« Est-ce que les communes qui ont vu leur stock de logements augmenter - à quelle vitesse et depuis quand - sont plus instables politiquement ou pas ? », « Y-a-t-il une différence en fonction de la taille, de l'ancienneté des élus, de la conjoncture ? » sont, notamment, les questions auxquelles vont répondre le politologue Martial Foucault et son collègue l'économètre Pierre-Henri Bono.
Leurs résultats sont attendus pour le congrès des maires de novembre 2024.
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