Immobilier : les prix vont chuter de 5% en 2023, un « choc brutal », selon la Fnaim

La Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) a constaté un fort ralentissement des transactions ces derniers mois et même un début de baisse des prix, suite à la hausse des taux d’emprunt. Une situation qui devrait fortement empirer selon la fédération qui s’attend à une baisse de 5% du prix moyen du parc immobilier ancien français. Le marché parisien est aussi en recul. Le président de la fédération professionnelle accuse même directement le gouvernement de ne pas soutenir le marché.
Maxime Heuze
Loïc Cantin, le président de la Fnaim, alerte sur la crise que va subir l'immobilier en 2023
Loïc Cantin, le président de la Fnaim, alerte sur la crise que va subir l'immobilier en 2023 (Crédits : Fnaim)

« Alerte rouge sur le logement ». Les mots sont lâchés et viennent de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) qui a mis en garde sur la crise qui s'apprête à toucher l'immobilier en France en 2023, lors de sa conférence de presse dédiée au bilan du premier semestre 2023, ce mardi.

En juin, la fédération a constaté une chute de 15% des transactions immobilières sur un an, « soit la deuxième plus forte baisse annuelle des ventes depuis 1990 », rappelle l'organisme. Ce brusque coup de frein au marché immobilier a d'ailleurs déjà provoqué une hausse de 84% des faillites d'agences immobilières entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023.

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Et si jusqu'ici, les prix tenaient avec une hausse moyenne de 2,9% sur un an au 1er juin 2023, sur l'ensemble du parc français après +6,3% en 2022 et +7% en 2021, la fédération a là aussi constaté un retournement d'ampleur : -1% sur les trois derniers mois. « C'est un choc brutal, notamment pour le prix des maisons qui a baissé de 1,7% (contre 0% pour les appartements, ndlr) », alerte Loïc Cantin, le président de la Fnaim.

Dans le détail, certaines zones sont plus touchées que d'autres sur ces trois derniers mois. Paris affiche une baisse de 1,7%, les communes rurales de 1,6% en moyenne et l'Île-de-France (hors Paris) 1,4%. A l'inverse, les localités qui s'en sortent le mieux sont les littoraux touristiques et des stations de ski dont les prix montent de 0,6% sur trois mois « puisqu'il y a beaucoup de résidences secondaires achetées par des ménages déjà propriétaires et qui connaissent donc beaucoup moins de difficultés sur le crédit immobilier », explique Loïc Cantin.

« Jamais nous n'avons connu une hausse des taux d'emprunts aussi rapide »

Car la baisse du problème est bien l'accès au crédit. Selon la Fnaim, « le moral des ménages montre qu'ils ne sont plus du tout dans une dynamique d'achat et trois fois moins de Français estiment que la conjoncture est favorable que l'année dernière ».

Et pour cause : les taux d'intérêt des crédits immobiliers ont été multipliés par trois en 18 mois, pour atteindre 3,5% sur 25 ans en moyenne en juin. « Jamais nous n'avons connu une hausse des taux d'emprunt aussi rapide », alerte le président de la fédération qui affirme que sur 18 mois, les Français ont perdu 40.000 euros de capacité d'achat, soit 4% de leur capacité de 2022.

Cette hausse décourage certains acheteurs et empêche même la plupart d'entre eux d'obtenir un crédit à cause de l'effet ciseau dû au taux d'usure. Ce taux maximal auquel les ménages peuvent emprunter, dans le but de prévenir les abus, est en retard par rapport aux taux d'intérêt puisqu'il est fixé en juin, à 4,68% pour les crédits de 20 ans et plus. En ajoutant les frais et les assurances, nombre d'emprunteurs voient leur taux annuel effectif global (TAEG) dépasser le taux d'usure et se retrouvent privés de crédit.

Résultat, ce durcissement brutal de l'accès au crédit a entraîné une baisse de 31% du volume des crédits entre 2022 et 2023. Mais si la Fnaim s'inquiète de cette dynamique, la sous-gouverneure de la Banque de France Agnès Bénassy-Quéré a affirmé, le 8 juin, que la baisse du marché du crédit immobilier relève d'une « normalisation après les exubérantes années de taux d'intérêt très bas », et non d'un effondrement du marché.

Une année 2023 qui s'annonce catastrophique

Le retournement visible, depuis quelques mois, n'en est qu'à ses débuts selon la Fnaim qui anticipe une baisse de la capacité d'achat des Français de 7,5% en 2023. « Les taux ne pourront pas baisser au vu de la situation en Europe liée à l'inflation », regrette Loïc Cantin qui affirme que la seule solution pour un retour à la normale des transactions immobilières est la baisse des prix. « Elle sera inéluctable », martèle-t-il.

Ainsi, la Fnaim s'attend à une chute de 5% de la moyenne des prix en 2023 et même de 6 à 7% pour celui des maisons. En prenant en compte l'inflation estimée à 5% pour le restant de l'année, la fédération estime la baisse du capital immobilier des Français à 10% en 2023 et « cette dynamique va se poursuivre en 2024 », ajoute inquiet son président.

Ce scénario n'est cependant pas décrié par tous. « Il y a eu une spéculation importante ces dernières années et il est normal que des vendeurs ne fassent pas de plus-value sur leur bien maintenant que le marché se retourne », confie de son côté Eddie Jacquemart, président de la Confédération nationale du logement.

Le gouvernement pointé du doigt par la fédération

Si la situation provient en grande partie de la hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne, la fédération accuse le gouvernement de ne pas en faire assez pour limiter la casse. Elle pointe du doigt les conclusions du Conseil national de la refondation, délivrées par Elisabeth Borne pour résoudre la crise du logement

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Si le gouvernement a accepté des mesures comme l'assouplissement des règles d'octroi du crédit et la prolongation de la révision mensuelle du taux d'usure et du prêt à taux zéro, pour la Fnaim, c'est loin d'être suffisant. « Nous espérions une véritable politique de refondation et un gouvernement qui est enfin le courage de se pencher sur la crise du logement courageux mais pas des mesurettes qui n'ont rien à voir avec la crise », assène Loïc Cantin qui assure que ce plan « n'est pas à la hauteur et au niveau de la France ». Le torchon brûle entre l'État et les professionnels du secteur qui appellent à l'aide et ne sont pas satisfaits des réponses apportées pour le moment.

Maxime Heuze

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Commentaires 19
à écrit le 14/06/2023 à 9:02
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je suis un quasi boomer vu que né en 67. Mais ca m empeche pas de voir qu il y a une generation qui s en est mit plein les poches (ce qui me pose pas de probleme, ils ont eut la chance de naitre a la bonne periode) mais qui geint tout le temps et ex...

le 14/06/2023 à 10:26
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si je vends je dois racheter et ce au prix du marché ou est le bénéfice ? .quand au émoi de la baisse de prix de ...5% mon dieux c est la bérézina ! ha on me dit que la hausse depuis 2010 a été majeur donc ce n est qu un petit rattrapage a la baisse,...

le 14/06/2023 à 11:03
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"Si vous etes un boomer (45-65)" Les boomers sont nés entre 1945 voir 42 pour certain historien jusqu'en environ 1955 .Je ne vois pas un enfant né en 1960 balancer des pavés en 1968. Pour le reste, je suis d'accord que cette génération a profité e...

à écrit le 14/06/2023 à 0:21
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Rire... C'est les agents immobiliers qui vont fermer , ils sont trop nombreux et sont trop gourmand mais bon ils vont traverser la rue et faire la plonge dans le resto du coin ...rire je me bidonne ah ah

à écrit le 13/06/2023 à 22:08
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Ça va les prix ont doublé en 20 ans, on va pas sortir les cleannex non plus.

à écrit le 13/06/2023 à 21:35
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Bonsoir, Cocasse que les professionnels de l'économie de marché pleurent à une baisse des coûts de l'immobilier... de 5%. Ils n'en appelaient pas à l'aide de l'Etat (qui se rémunére sur les transactions) quand le coût de construction + foncier, max ...

à écrit le 13/06/2023 à 18:58
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5% c'est moins que le pourcentage moyen de la commission des agents immo .. on est bien loin du krach immobilier que beaucoup attendent pour se loger.

à écrit le 13/06/2023 à 18:39
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Bah c'est que la surcote automatique des agents immobiliers 5% non ?

à écrit le 13/06/2023 à 18:25
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La baisse des prix est une bonne chose, les prix ont été multipliés par 3 en 20 ans bien plus que les salaires. L'argent public n'a pas vocation à soutenir le lobby du BTP ni celui des agents immobiliers. Espérons que la baisse va continuer, meille...

le 13/06/2023 à 18:48
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en 2021 le nombre d agences était proche de 26000 ! ( aujourd'hui proche des 30000 ). il y a ceux qui vous font gagner de l argent et ceux qui vous tondent. à méditer

à écrit le 13/06/2023 à 18:23
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"accuse le gouvernement " et quoi plus ? les prix baisseront jusqu'à compenser la hausse des taux d'emprunt .Hier les professionnels de l'immobilier s'engraissaient aujourd'hui c'est autour des banques ....mais pour l'acheteur rien ne change , la ch...

à écrit le 13/06/2023 à 17:10
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Pourquoi chercher un problème là où il n'y en a pas? Les prix de l'immobilier sont trop élevés pour les possibilités financières des accédants et pire pour les primo - accédants. Il est normal que les prix baissent s'il y a moins d'acheteur et plus ...

à écrit le 13/06/2023 à 16:12
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Pas brutal du tout, juste naturel. Il faut laisser faire le marché, on a déjà trop soutenu les prix par des aides publiques de toute sorte. Et le gouvernement devrait soutenir le marché? Un entrepreneur qui n'est capable de s'en sortir que quand les...

le 13/06/2023 à 23:05
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Le gros problème, c'est qu'un grand nettoyage porterait sans doute le chômage à des niveaux tels que l'Etat ne serait probablement plus en mesure d'assurer la paix civile...

à écrit le 13/06/2023 à 16:07
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Trop peu ! Il faudrait une baisse de 30 à 40% pour effacer les excès de ces dernières années et les prix artificiellement gonflés par les taux d'intérêts bas.

à écrit le 13/06/2023 à 16:00
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une baisse des prix n'est pas un choc brutal. c'est bon pour les ménages. la FNAIM/le lobby Immo-BTP veulent que l'Etat soutienne toujours plus leur activité/leurs résultats financiers. en parallèle, les organisations patronales disent que le secte...

à écrit le 13/06/2023 à 15:53
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plutot une bonne nouvelle. les prix ont explosé ces 10 dernieres annees et il est normal que les arbres ne montent pas au ciel. la derniere chose a faire est de depenser l argent du contribuable pour retarder l echeance. car non seulement ca ne fera ...

le 13/06/2023 à 19:33
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Il y a beaucoup de boomers comme vous dites qui ont bossé une vie entière pour se payer un petit appart sans prétention. C est indigne ce type de commentaire. Je précise que je ne suis pas de cette génération mais les attaques minables dont elle est ...

le 13/06/2023 à 23:50
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@ABC : l'inflation des années 70 avait permis aux boomers ayant acheté à la veille du choc pétrolier de rembourser l'emprunt en monnaie de singe, ça se voit nettement quand on regarde le patrimoine des Français par année de naissance, l'année de nais...

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