Euroapi, ex-filiale de Sanofi, s'écroule encore en Bourse : l'action perd 42%

Le fabricant français de principes actifs pharmaceutiques, ancienne filiale de Sanofi, chute en bourse. En cause, un résultat 2023 jugé décevant ainsi que des perspectives 2024 moroses.
L'action du fabricant français de principes actifs pharmaceutiques Euroapi a chuté de plus de 40% ce jeudi à la Bourse de Paris.
L'action du fabricant français de principes actifs pharmaceutiques Euroapi a chuté de plus de 40% ce jeudi à la Bourse de Paris. (Crédits : Pixabay)

L'action du fabricant français de principes actifs pharmaceutiques Euroapi chutait de plus de 42,88% ce jeudi à la Bourse de Paris, vers 17h20, au lendemain de l'annonce d'un accroissement de sa perte nette en 2023 et de perspectives jugées décevantes. L'entreprise est dorénavant valorisée 371 millions d'euros.

En effet, le groupe s'est enfoncé dans le rouge l'an dernier, creusant sa perte nette à près de 190 millions d'euros (contre 5 millions en 2022), en raison d'une dépréciation de 226,4 millions d'euros liée à sa revue stratégique. Dans une note, les analystes d'Oddo BHF pointent « des résultats annuels au-dessous des attentes » et estiment que « le point noir de cette publication concerne les perspectives 2024 », jugées « pas très réjouissantes ».

Pour rappel, Euroapi figure parmi les principaux producteurs sur le continent de principes actifs, substances qui confèrent les propriétés thérapeutiques à un médicament. Ancienne filiale de Sanofi, elle avait été introduite en Bourse au prix de 12 euros par action en mai 2022 par le laboratoire français, qui avait cédé dans l'opération plus de la moitié du capital.

Après des débuts prometteurs sur les marchés, lui permettant de culminer à plus de 18 euros l'action en octobre 2022, les investisseurs ont cependant commencé à se méfier d'elle après une première alerte sur résultats en décembre 2022 (-15,74% sur la séance du 7 décembre) puis des résultats annuels décevant en mars 2023 (-21% en une séance le 8 mars), ponctués également par un report de son objectif de rentabilité à moyen terme.

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2024 : année de transition

Les prévisions pour cette nouvelle année ne sont pas bonnes. Euroapi anticipe pour 2024 une diminution du chiffre d'affaires comprise entre 4% et 7% à base comparable, due notamment à une baisse des ventes à son ancienne maison-mère, Sanofi, restée cliente.

« 2024 sera une année de transition », où la priorité sera à « la gestion de la trésorerie » et la « mise en place du plan » de transformation qui « aura des conséquences lourdes pour les employés », a prévenu Viviane Monges, la présidente du conseil d'administration au cours d'une conférence avec les investisseurs.

Le groupe, qui compte se « recentrer sur des segments de marché à forte valeur ajoutée », prévoit ainsi d'arrêter la fabrication de 13 principes actifs aux marges faibles ou négatives au profit de produits rentables « tels que la vitamine B12, les prostaglandines, les peptides, les oligonucléotides ». « Certaines » de ces substances qui confèrent les propriétés thérapeutiques à un médicament « seront abandonnées assez rapidement d'autres nécessiteront plus de temps », a précisé Viviane Monges.

Cette refonte stratégique baptisée Focus 27 vise à « améliorer la compétitivité » du groupe, qui a vu sa perte nette passer de 15 millions d'euros en 2022 à près de 190 millions d'euros l'an dernier, selon le communiqué. Compte tenu de ce recentrage sur les principes actifs à valeur ajoutée et de la baisse significative des volumes de Sanofi, la cession des sites de Haverhill (Royaume-Uni) et de Brindisi (Italie) est envisagée, parmi les six sites industriels du groupe. « Les domaines de croissance sont ceux où il y a des pénuries de capacités. On va avoir besoin d'investir pour être au niveau de la demande des marchés », a souligné Viviane Monges. Entre 350 et 400 millions d'euros d'investissements industriels sont ainsi prévus entre 2024 et 2027.

Pour 2024, la société veut ainsi améliorer sa trésorerie, modifier les conditions de ses contrats passés avec Sanofi, à la fois client et actionnaire, qui a prolongé jusqu'en décembre 2025 la conservation de sa participation de 30% dans Euroapi. Et pour mener à bien cette transformation, Ludwig de Mot, directeur général adjoint depuis janvier, a été nommé nouveau directeur général à compter du 1er mars.

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Une précédente chute en Bourse

Ce n'est pas la première fois qu'Euroapi chute en bourse. En effet, déjà fin octobre, le conseil d'administration avait mis fin aux fonctions du directeur général Karl Rotthier et nommé par interim, Viviane Monges, la présidente du conseil d'administration, dans l'attente d'une solution pérenne.

Sauf que le même mois, le cours de Bourse d'Euroapi avait perdu jusqu'à 60% de sa valeur pour descendre à 5 euros, après une révision à la baisse de ses prévisions de chiffre d'affaires pour 2023 et la suspension de ses perspectives financières à moyen terme. Il s'agissait alors de sa plus faible valeur depuis son introduction en Bourse en mai 2022. 650 millions d'euros de valorisation boursière avaient ainsi disparu, et l'entreprise valait alors moins de 500 millions d'euros aux yeux des investisseurs.

Euroapi avait alors invoqué une « pression sur les prix » des principes actifs et « des programmes de réduction des stocks chez certains clients » ainsi que des « retards ou mises en pause de projets » en raison de problèmes de financement des sociétés de biotechnologie.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 29/02/2024 à 22:03
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Cela ressemble beaucoup au spin off de Rhodia par le même Sanofi il n'y a pas si longtemps. Est ce un hasard ?

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