Comment le laboratoire Delpharm anticipe le boum des bio-médicaments

INDRE-ET-LOIRE. L’ouverture en mars 2024 d’une ligne de production de seringues pré-remplies sur le site tourangeau du laboratoire façonnier répond à un besoin grossissant des hôpitaux et cliniques ainsi qu’à une croissance soutenue des bio-médicaments. Explications.
Les nouvelles lignes de pré-remplissage des seringues chez Delpharm, conçues pour répondre à la demande exponentielle des acteurs du secteur médical.
Les nouvelles lignes de pré-remplissage des seringues chez Delpharm, conçues pour répondre à la demande exponentielle des acteurs du secteur médical. (Crédits : Reuters)

Achevée l'été dernier, l'extension du site du laboratoire façonnier Delpharm, situé à Chambray-les-Tours dans l'agglomération tourangelle, a commencé à se voir doter des équipements d'une ligne de production de seringues pré-remplies. Le nouveau bâtiment, d'une superficie totale de 1.500 m2 comprendra un tiers de salles blanches, afin d'assurer un niveau de stérilité optimal aux solutions à injecter. Dans le cas précis, il s'agira essentiellement d'anticorps monoclonaux contre le cancer et de vaccins à ARN messager. Delpharm a mobilisé 28 millions d'euros d'investissement dans cet agrandissement, auquel a également participé l'Etat à hauteur de cinq millions d'euros via le plan France relance 2030.

Prévue pour entrer en phase opérationnelle en mars 2023, la ligne produira annuellement 54 millions de seringues d'ici trois ans. En amont, Delpharm a lancé une campagne de recrutement de 30 à 40 postes supplémentaires, qui est toujours en cours.

Delpharm répond à une tendance forte sur le marché du médicament. Le contexte actuel de pénurie des professionnels de santé, tant dans les hôpitaux publics que les cliniques privées, milite en premier lieu pour une offre croissante de seringues pré-remplies en produits injectables. A la clé, un gain de temps substantiel qui permet de pallier (en partie) le manque d'effectifs, ainsi qu'une sécurisation renforcée des solutions liquides. La très forte augmentation de la proportion des produits issus des biotechnologies, systématiquement conditionnées en seringues pré-remplies, dans la production totale de médicaments, explique en second lieu l'accélération chez Delpharm.

Entre 30 et 50 millions de chiffre d'affaires en 2026-2027

Le site de Chambray-les-Tours, l'un des douze exploités dans l'Hexagone par le laboratoire français Delpharm (1,1 milliard d'euros de chiffre d'affaires et 6.500 salariés en 2022), est spécialisé dans les solutions injectables, essentiellement en flacons et en ampoules. De façon moins massive, il conditionne déjà également des seringues-pré-remplies en vaccins anti-grippaux, en anti-coagulants et en insuline contre le diabète. Le façonnier, qui emploie 300 collaborateurs en Touraine, effectue ainsi le remplissage d'une soixantaine de produits pour le compte de la plupart des grands laboratoires mondiaux (Sandoz, Pfizer, Arrow, Genesee, etc). Il s'agit notamment d'anesthésiques, d'anti-douleurs, de produits de contraste à l'IRM, enfin d'antidotes médicamenteux. « Nous œuvrons aussi comme sous-traitants d'entreprises médicales de taille intermédiaire, indique Gaëlle Huon de Penanster, directrice du site chambraisien. Les petites sociétés dans les Biotechnologies, qui ne disposent pas d'outils de production, font enfin appel à nous ».

En Centre-Val de Loire, Delpharm opère deux autres sites, à Orléans et à Saint-Rémy-sur Avre, où est conditionné le vaccin contre le Covid-19 de Pfizer-Bionetch. Si le groupe ne précise pas de chiffre d'affaires concernant l'unité de Chambray-les-Tours, la nouvelle ligne de production devrait générer des recettes complémentaires comprises entre 30 et 50 millions d'euros à l'horizon 2026-2027.

« La croissance des instruments médicaux prêts à l'emploi est en progression de 14% chaque année depuis 2019, assure Stéphane Lepeu, directeur délégué du groupe Delpharm. Il s'agit d'une tendance forte qui va se poursuivre avec la montée en puissance des bio-médicaments. Aujourd'hui de l'ordre de 20%, ils devraient se hisser rapidement à parité avec les produits issus de la chimie, au moins sur certains segments ». Cette accélération en faveur des molécules naturelles a d'ores et déjà poussé plusieurs laboratoires façonniers, comme le franco-luxembourgeois Fareva, également implanté en Touraine à Amboise, et le français Cenexi, à foncer dans cette diercetion en adoptant leurs lignes de conditionnements à la nouvelle donne de l'industrie pharmaceutique.

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