Le chimiste MetEx va bénéficier de 73 millions d’euros de BpiFrance pour redémarrer

Metabolic Explorer, un fabricant de produits biochimiques utilisés dans l'alimentation animale, a annoncé avoir reçu un soutien de 73 millions d’euros du fonds SPI de la banque publique Bpifrance, et de banques privées. Cette dotation devrait permettre au chimiste de redémarrer son usine d’Amiens, arrêtée depuis octobre.
Certaines usines électro-intensives ont du fermer leurs portes depuis septembre.
Certaines usines électro-intensives ont du fermer leurs portes depuis septembre. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Le redémarrage s'annonce coûteux pour les entreprises qui ont dû arrêter certaines usines suite à la crise de l'énergie. Mardi, l'entreprise de biochimie Metabolic Explorer (MetEx) a annoncé qu'elle allait bénéficier d'un plan de financement de 73 millions d'euros pour redémarrer son usine d'Amiens (Somme) « dans les prochaines semaines », autour d'une « gamme plus élargie d'ingrédients essentiels et de solutions pour la nutrition animale et d'origine naturelle pour la cosmétique et les biopolymères », a indiqué l'entreprise basée à Clermont-Ferrand.

Ce soutien, pour la majorité sous forme de prêt mais aussi sous forme de capital, sera accordé par le fonds SPI de la banque publique Bpifrance, qui est déjà le principal actionnaire du groupe, et par des banques privées.

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La chimie impactée par les hausses de prix et la grippe aviaire

MetEx produit le propanediol et l'acide butyrique, qui servent à l'alimentation animale. Ces deux produits sont faits à partir de procédés reposant sur la fermentation et permettant de se passer d'ingrédients normalement issus de la pétrochimie.

Cette société, basée à Clermont-Ferrand et cotée en Bourse depuis avril 2007, a cependant dû arrêter la production de son usine d'Amiens depuis début octobre, obligeant ses 350 salariés à se mettre en chômage partiel. Une situation pas si catastrophique à l'époque puisque « notre chiffre d'affaires s'est poursuivi pendant la période par la vente de nos stocks », a indiqué à l'AFP son directeur financier, Laurent Bastian. Ce dernier précise que le groupe a souffert d'une baisse de la demande sur les marchés d'alimentation animale liée à la grippe aviaire pour la filière volaille et à la restructuration de la filière porcine en Europe. Autre facteur qui a poussé ses usines à l'arrêt, la flambée des coûts de l'énergie liée à la guerre en Ukraine. Si MetEx a bénéficié des prix plancher garantis de l'Arenh pour ses achats d'électricité, la note s'avère tout de même salée puisque le chimiste français est à la fois électro-intensif et gros consommateur de gaz. Enfin, l'entreprise a souffert de la flambée de coûts indirects, comme la multiplication par huit des prix de l'ammoniac ou le doublement des cours du sucre, a précisé Laurent bastian.

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Une situation similaire a été vécue par le métallurgiste ArcelorMittal qui a lui aussi annoncé mettre temporairement à l'arrêt un des deux hauts-fourneaux de son site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) en octobre, en raison « du ralentissement de la demande d'acier et de l'impact des prix de l'énergie ». « Dans un contexte macro-économique fortement dégradé, couplé à un impact majeur de la flambée des prix de l'énergie et à une hausse des importations d'acier en Europe, le site de Fos-sur-Mer fait face à son tour au ralentissement de la demande d'acier », avait d'ailleurs précisé le groupe. Une baisse de la demande conjuguée à une hausse des coûts de fabrications qui avaient obligé l'entreprise à mettre en place  « des mesures d'activité partielle (qui) seront mises en place à compter de début décembre 2022 pour adapter le temps de travail d'une partie du personnel, à hauteur d'un jour par semaine maximum », avait détaillé la direction du groupe avant d'indiquer que l'activité reprendra « dès que les conditions de marché le permettront ».

Les verriers Duralex et Arc, asphyxiés par cette hausse des prix, ont également réorganisé leur activité. Le premier a mis son four en veille depuis novembre et a placé l'ensemble de ses salariés en chômage partiel. Son président, José-Luis Llacuna, expliquait que « produire au tarif de l'énergie au prix du jour générerait des pertes intenables ». Son confrère, le groupe verrier Arc, se trouve lui aussi dans la tourmente. Il a placé début septembre une partie de ses salariés en chômage partiel pour les mêmes raisons. « Deux jours par semaine d'activité partielle » pour « 1.600 personnes à partir du 1er septembre jusqu'au mois de décembre », soulignait le directeur de la communication de l'entreprise, Guillaume Rabel-Suque.

Les Etats à la rescousse de leurs industries

L'heure de la réouverture  a sonné pour MetEx et la société va avoir besoin de fonds pour se relancer. « Nous avons ouvert une procédure de conciliation en septembre-octobre avec nos banques, car nous risquions un défaut par manque de trésorerie », a expliqué Laurent Bastian, précisant que « l'accord nous permet de redémarrer et de continuer notre politique d'investissement. »

Aux termes du plan, Bpifrance, déjà actionnaire de référence de la société avec 25,95% du capital, va participer à une augmentation de capital de 8 millions d'euros en s'engageant à souscrire à la totalité des actions qui ne seraient pas souscrites par d'autres investisseurs, ce qui pourrait porter sa participation au maximum à 33%. De plus, MetEx bénéficiera d'une émission de 12 millions d'euros d'obligations, d'un prêt garanti par l'Etat à hauteur de 33,9 millions d'euros, d'un prêt bancaire de 15,5 millions d'euros, ainsi que de deux prêts de Bpifrance de 2 millions et 1,5 million. Ces prêts étant assortis d'un rééchelonnement d'autres crédits.

L'Etat va se porter caution comme alternative au dépôt de garantie de 7,4 millions d'euros demandé par le fournisseur d'électricité du groupe, assurant ainsi son approvisionnement en énergie pour 2023. Lundi, à la Bourse de Paris, l'action de MetEx était en repli de 14,50% à 1,37 euro à la clôture. Depuis le début de l'année, la valorisation de l'entreprise a chuté de 80%.

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Fin janvier, la Commission devrait annoncer des mesures de soutien à l'industrie de l'UE menacée par la crise énergétique et la course aux subventions américaines, après que les Vingt-Sept en aient fait la demande lors d'un sommet ayant eu lieu le 16 décembre. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont « donné un mandat à la Commission pour venir à la fin du mois de janvier avec des propositions (...) pour soutenir la compétitivité des entreprises européennes », a annoncé Charles Michel, le président du Conseil, institution qui représente les Etats membres.

(Avec AFP)

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