Même si plusieurs clignotants s'étaient allumés depuis un an - avec une période de chômage partiel en 2022 et un plan de départs volontaires de 95 personnes en avril dernier - l'annonce le 21 novembre de la fermeture du site du laboratoire suédois Recipharm à Monts, près de Tours, a provoqué la surprise.
Un directeur général de transition, Bruno Vennetier, a été nommé pour assurer le pilotage de l'entreprise pendant les 18 mois précédant l'arrêt de l'activité actuelle, prévu au deuxième trimestre 2025. Avec 225 collaborateurs employés dans le laboratoire en Touraine, la question sociale sera centrale pendant toute la période. Cet ancien manager par intérim de l'unité d'Orléans de l'ETI vendéenne de chauffage Atlantic, aura notamment en charge d'organiser la reprise potentielle du site, en priorité par un laboratoire pharmaceutique.
Baisse de 25% des recettes en 2023
Rachetée en 2007 au laboratoire Bellon, l'usine tourangelle, l'une des trois opérées par le géant pharmaceutique suédois (9.000 salariés, 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2022) en France avec Pessac en Gironde et Kaysersberg en Alsace, fabrique notamment des produits anesthésiques et cardiologiques, ainsi que des vaccins. En 2021, le laboratoire façonnier avait été retenu par la biotech germano-américaine Moderna Pharmaceutics pour réaliser son vaccin mRNA-1273 contre le Covid 19.
Le recul de la demande, une fois passée la crise sanitaire, a largement contribué à la baisse du chiffre d'affaires d'environ 25% en 2023 sur le site de Monts. Il devrait atteindre 21 millions d'euros au lieu de 30 millions d'euros en 2019. Ces performances financières en net retrait, malgré les lourds investissements consentis, n'assurent pas une viabilité suffisante au site de Monts et justifient sa fermeture, selon le groupe pharmaceutique.
Pour expliquer sa décision, Recipharm invoque par ailleurs, « des résultats en termes de normes de qualité qui ne sont pas à la hauteur des attentes du groupe. Les arrêts de production nécessaires pour assurer une fabrication conforme demeurent trop fréquents ».
Ligne de production chinoise inadaptée
Parallèlement, des choix industriels contestables sont évoqués en interne par le représentant du syndicat FO, qui seraient en partie responsables des difficultés du site tourangeau. Il pointe notamment la difficulté de mise aux normes de la nouvelle ligne de fabrication chinoise acquise en 2022 pour produire le surplus des volumes de vaccins Moderna.
Conséquence, elle n'aurait pas pu être rendue entièrement opérationnelle, alors que 100 salariés avaient été recrutés conjointement. Le même syndicaliste pointe aussi le coût des cabinets de consulting appelés à la rescousse face aux dysfonctionnements, soit environ 4 millions d'euros. Signe enfin manifeste de ce flottement au niveau de la stratégie, toujours d'après FO, pas moins de neuf directeurs généraux se sont succédés depuis trois ans sur le site de Recipharm en Touraine. Celui-ci reste donc plus que jamais dans l'expectative.
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