Lait contaminé  : le laboratoire Eurofins rejette toute responsabilité, Lactalis s'en remet à la justice

Le géant des laboratoires d'analyses Eurofins a rejeté toute responsabilité dans l'affaire de la contamination aux salmonelles de laits infantiles de Lactalis. Il estime que la demande d'indemnisation du groupe laitier d'un milliard d'euros est « infondée ».
« Lactalis a pleinement confiance dans la justice pour établir les responsabilités d'Eurofins », a simplement réagi un porte-parole du groupe après que le laboratoire Eurofins a rejeté toute responsabilité.
« Lactalis a pleinement confiance dans la justice pour établir les responsabilités d'Eurofins », a simplement réagi un porte-parole du groupe après que le laboratoire Eurofins a rejeté toute responsabilité. (Crédits : Charles Platiau)

Eurofins contre-attaque. Le géant des laboratoires d'analyses estime « infondée » la demande d'indemnisation de Lactalis. Selon les informations de L'Informé, l'industriel a déposé fin mars une assignation au tribunal de commerce de Paris. La procédure vise deux filiales du laboratoire Eurofins - Eurofins laboratoire de microbiologie Ouest (ELMO) et Eurofins NDSC Food France) - et leurs assureurs, XL Insurance et HDI Global.

Lactalis y estime que les deux filiales d'Eurofins sont « responsables du dommage subi (par Lactalis) consécutif à l'absence de détection par ces dernières de la contamination des produits à salmonella agona », rapporte le site d'informations. Un préjudice que le groupe laitier chiffre à 1,07 milliard d'euros.

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« Eluder sa propre responsabilité », fustige Eurofins

« Cette demande est infondée au regard de nombreux éléments factuels et notamment des détections de salmonelles par ELMO dont a été informé Lactalis depuis 2009 et de nouveau en 2017 : en dépit de nombreuses alertes, Lactalis ne semble pas avoir pris les mesures requises », réagit Eurofins dans un communiqué publié.

Or, « une réaction adaptée aurait permis d'éviter la crise de 2017 », estime le spécialiste des tests d'analyses biologiques, alimentaires, environnementaux et pharmaceutiques.

« La qualité des analyses de ELMO ne saurait être mise en cause », selon le laboratoire, qui rappelle que « Lactalis a fait appel à un autre laboratoire dès novembre 2017, dont les résultats confirment la qualité du travail de ELMO ».

Le laboratoire enfonce le clou. Pour Eurofins, « la démarche de Lactalis vise vraisemblablement à éluder sa propre responsabilité » et elle « est d'autant plus infondée que le groupe Lactalis n'a cessé de 2017 à aujourd'hui de confier des analyses à ELMO, témoignant de sa confiance en le travail réalisé ».

Plusieurs dizaines de nourrissons avaient été atteints fin 2017 en France de salmonellose. Des intoxications alimentaires qui peuvent s'avérer graves chez les plus faibles. Le lien avait été fait avec leur consommation d'un produit pour enfants, essentiellement de marques Milumel ou Picot, sorti de l'usine de Craon (Mayenne). « Lactalis a pleinement confiance dans la justice pour établir les responsabilités d'Eurofins », a simplement réagi mardi auprès de l'AFP un porte-parole du groupe. Le groupe avait déjà indiqué ne faire « aucun commentaire sur les pièces figurant au dossier judiciaire ».

Dans un entretien aux Echos début 2018, le patron de Lactalis, Emmanuel Besnier, s'en était déjà pris à Eurofins, sans le nommer directement. Il avait alors mis en doute la fiabilité des analyses qu'un « laboratoire extérieur de référence » avait effectuées à Craon. « Nous avons beaucoup de mal à comprendre comment 16.000 analyses réalisées en 2017 ont pu ne rien révéler. Nous avons des doutes sur la fiabilité de ces tests », avait-il alors déclaré.

Lactalis mis en examen dans une procédure séparée

Par ailleurs, Lactalis a été mis en examen en février dernier, notamment pour tromperie aggravée et blessures involontaires, dans une procédure séparée. Les juges reprochent ainsi au groupe de n'avoir pas pris « les mesures nécessaires pour identifier les causes » et « corriger » les problèmes d'hygiène détectés en 2017. Lactalis n'a « pas engagé immédiatement les procédures de retrait » de lots fabriqués à Craon, et ce, malgré « des raisons de penser que ceux-ci étaient préjudiciables à la santé », indique-t-on dans le dossier, cité par l'AFP.

Contacté début juillet, Lactalis avait indiqué à l'AFP que « l'enjeu » de l'enquête était « de permettre la manifestation de la vérité scientifique dans un dossier industriel particulièrement complexe ». Le groupe n'a « pas exercé de recours concernant sa mise en examen » et écarte à ce stade sa « responsabilité pénale ».

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 22/11/2023 à 18:33
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« Eluder sa propre responsabilité » Un mode de fonctionnement propre à l'agro-industrie, ne pas oublier que lors du dernier empoisonnement le directeur a mit 3 semaines pour faire une annonce lunaire... il attendait que l’État nettoie derrière lui co...

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