Émirats : feu vert à l'exploitation de la première centrale nucléaire arabe

Les responsables émiratis insistent sur le caractère "pacifique" de leur programme nucléaire et assurent qu'il ne contient aucun volet militaire, dans un contexte de tensions régionales accrues.
Lorsqu'ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire environ 25% des besoins des Émirats arabes unis, pays riche en pétrole.
Lorsqu'ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire environ 25% des besoins des Émirats arabes unis, pays riche en pétrole. (Crédits : The Federal Authority for Nuclear Regulation (FANR), UAE, via Twitter)

Les Émirats arabes unis ont annoncé, ce lundi, avoir donné leur feu vert à l'exploitation de la centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, mais sans préciser la date de sa mise en service, déjà longtemps retardée.

"L'Autorité fédérale de régulation nucléaire (FANR) a approuvé la délivrance à l'entreprise Nawah de la licence d'exploitation du réacteur 1 de la centrale", a déclaré le représentant permanent des Émirats à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Hamad Alkaabi, lors d'une conférence de presse à Abou Dhabi.

Sa mise en route aura lieu dans un "futur proche" a-t-il ajouté.

Fondée en 2016, Nawah Energy Company exploitera et entretiendra, à terme, les quatre réacteurs de la centrale de Barakah, dans le nord-ouest du pays, selon le site internet de l'entreprise.

"C'est une nouvelle étape dans notre marche vers le développement de l'énergie nucléaire pacifique", s'est réjoui sur Twitter Mohammed ben Zayed, prince héritier d'Abou Dhabi.

"Nos efforts continuent pour nous préparer aux 50 prochaines années et assurer les besoins énergétiques du pays", a ajouté l'homme fort des Émirats arabes unis.

L'installation a été construite par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et le coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars (22,5 milliards d'euros).

Le premier des quatre réacteurs devait être mis en service fin 2017, mais la date de démarrage a été reportée à plusieurs reprises pour satisfaire, d'après les responsables, aux conditions légales de sécurité.

25% des besoins

"Il s'agit d'un moment historique pour les Émirats arabes unis [...] qui vient couronner les efforts de 12 ans de construction", s'est également félicité M. Alkaabi durant la conférence de presse.

"Après l'octroi de la licence d'exploitation du premier réacteur, l'opérateur Nawah lancera sa mise en service pour préparer son entrée en exploitation commerciale", a-t-il précisé.

Lorsqu'ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire 5.600 mégawatts d'électricité, soit environ 25% des besoins des Émirats arabes unis, pays riche en pétrole.

L'État fédéral composé de sept émirats compte une population de 9,3 millions d'habitants, dont environ 80% d'expatriés.

Les besoins en électricité sont croissants, en raison notamment de l'utilisation systématique à la climatisation durant les étés caniculaires.

ENEC, une entreprise publique, a annoncé en décembre que le chargement du combustible nucléaire dans le réacteur devrait avoir lieu au cours du premier trimestre 2020.

Programme "pacifique"

Les responsables émiratis insistent sur le caractère "pacifique" de leur programme nucléaire et assurent qu'il ne contient aucun volet militaire, dans un contexte de tensions régionales accrues.

"Les Émirats restent attachés aux normes les plus élevées de sécurité et de non-prolifération nucléaires ainsi qu'à une coopération solide et continue avec l'AIEA et les partenaires nationaux et internationaux", a souligné Hamad Alkaabi.

Le pays a accueilli plus de 40 missions internationales et inspections de l'AIEA et de l'Association mondiale des exploitants nucléaires (WANO) depuis 2010.

De son côté, le Qatar dit voir dans Barakah une "menace pour la paix régionale".

Lire aussi : Le Qatar investit dans l'énergie solaire

Comme plusieurs de ses alliés, dont l'Arabie saoudite, Abou Dhabi est en froid diplomatique avec l'émirat voisin, avec lequel il n'entretient plus de relations officielles depuis juin 2017.

Abou Dhabi, comme Ryad, entretient aussi des liens tendus avec Téhéran.

La centrale nucléaire est située sur la côte nord-ouest du pays et n'est donc séparée de l'Iran, en face, que par les eaux du Golfe.

Grand allié des Émirats, les États-Unis mènent une politique de "pression maximale" contre la République islamique, accusée depuis plusieurs mois de semer le trouble dans la région, en attaquant notamment des pétroliers dans les eaux du Golfe.

Ryad et Washington ont également accusé l'Iran, qui dément, d'être à l'origine de l'attaque de septembre 2019 contre des installations majeures du géant pétrolier Saudi Aramco.

Une spécialiste du Golfe requérant l'anonymat a indiqué que "l'intensification des tensions régionales augmente la vulnérabilité des nouvelles infrastructures énergétiques" face au risque de telles attaques.

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Commentaires 18
à écrit le 18/02/2020 à 8:42
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Tiens donc! Oui au nucléaire pour les Émirats, non pour l Iran . Deux poids, deux mesures. Mais les méchants ne sont pas aussi friqués.

à écrit le 18/02/2020 à 2:13
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Centrales construites par la Coree. La France ne pouvant assurer la mise en oeuvre et le SAV. Concernant la fourniture des clim, ce sera LG, specialiste aussi dans ces equipements. Votez micron.

le 18/02/2020 à 8:18
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C'était un marché destiné aux français initialement mais les Coréens ont cassé les prix . Les français pensaient s'en mettre plein les poches dans cette partie du monde mais on a oublié que l'on n'avait pas le pouvoir politique des américains pour fa...

le 18/02/2020 à 9:07
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Quel rapport avec Macron? Vous l'accusez aussi quand il y a une tempête?

le 18/02/2020 à 13:33
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@Jason Bourne Tout n'est pas si négatif, puisque EDF a récupéré la gestion en coopération avec l'énergéticien Emirati NEC.

à écrit le 18/02/2020 à 0:51
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Les arabes veulent leur programme nucléaire, civil et militaire, car ils ont les pétrodollars pour cela. Et nous allons leur dire "Oui", car ils nous achètent encore des équipements militaires qui font tourner certaines industries électrices de Macr...

le 19/02/2020 à 18:59
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Oui t'as raison, il ne faut rien vendre aux étrangers. D'ailleurs, la France est déjà assez riche. Fermons nos frontières et arrêtons de vendre nos produits français

à écrit le 17/02/2020 à 19:06
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Les Emirats (comme l'Arabie Saoudite) ont totalement refusé de contresigner l'accord de non prolifération nucléaire et n'envisagent pas de laisser les inspecteur de l'ONU contrôler l'usage qui sera fait des produits nucléaires. A votre avis, c'est...

le 18/02/2020 à 19:44
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Oui, le nucléaire civil en Iran, c'est mal. Pour les EAU, aucun problème .

à écrit le 17/02/2020 à 17:21
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Les EAU se mettent au nucléaire : post petrole ? anticiper la fin du pétrole ? ou autre stratégie.J'opterai pour une autre stratégie car le nucléaire a cet avantage c'est qu'il ne produit que très peu de CO2, hormis les déchets nucléaires dont on doi...

à écrit le 17/02/2020 à 16:16
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Le besoin en énergie des EAU est immense. Ils consomment sans compter. La clim est absolument partout. Les stations de métro sont entièrement climatisées, sur des volumes énormes, jusqu'aux quais. Même les arrêts de bus sont climatisés ! Ce pays uti...

le 17/02/2020 à 16:58
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Il s'agit d'un pays très solvable, on pourrait leur proposer de les retraiter chez Orano à La Hague.

à écrit le 17/02/2020 à 15:48
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Un luxe coûteux inutile et dangereux ds une région parmi les plus instables au monde, geopolitiquement parlant. Qd on voit, vu d'avion, ces espaces arides vides de toute végétation et d'habitat qui ne ddent qu'à être équipés d'installations solaires...

le 19/02/2020 à 18:15
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Le nucléaire est l’énergie la moins dangereuse de toutes. Elle tue moins par kWh que le PV et l’éolien, et infiniment moins que les fossiles.

à écrit le 17/02/2020 à 13:38
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Le coran alternatif

le 17/02/2020 à 16:41
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Excellent !

le 18/02/2020 à 2:15
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Excellent....

à écrit le 17/02/2020 à 13:36
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Sur la efficacité de ce projet je les croissants problème, mais ce serait bien surtout qu'ils n'aillent pas acheter des esclaves là aussi pour faire tourner ces centrales, la cupidité étant bien plus dangereuse que la méchanceté volontaire.

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