Guyane : le gouvernement demande à EDF la reprise des travaux de la controversée centrale du Larivot

Les ministres de la Transition énergétique et des Outre-mer ont demandé à EDF de « se mobiliser » pour reprendre les travaux de la centrale électrique du Larivot en Guyane, vouée à remplacer l'actuelle trop vétuste. Une nouvelle infrastructure qu'ils jugent « essentielle à la sécurité de l'approvisionnement en électricité » du pays. L'annulation du permis de construire cet été vient d'être suspendu, rendant possible la reprise du chantier. Reste que le projet est toujours contesté par les écologistes et soumis à une procédure sur le fond, dont les audiences sont prévues début 2023.
En raison du vieillissement de la centrale thermique de Dégrad-des-Cannes (photo ci-dessus), au sud de Cayenne, Agnès Pannier-Runacher et Jean-François Carenco ont demandé à EDF de reprendre les travaux de la future centrale électrique dite du Larivot, qui doit fonctionner aux biocarburants liquides, ce qui nécessiterait l'importation de quantité d'agrogazole et la construction d'un oléoduc de 14 kilomètres.
En raison du vieillissement de la centrale thermique de Dégrad-des-Cannes (photo ci-dessus), au sud de Cayenne, Agnès Pannier-Runacher et Jean-François Carenco ont demandé à EDF de reprendre les travaux de la future centrale électrique dite du Larivot, qui doit fonctionner aux biocarburants liquides, ce qui nécessiterait l'importation de quantité d'agrogazole et la construction d'un oléoduc de 14 kilomètres. (Crédits : Netactions via Wikipedia (CC BY-SA 4.0))

L'approvisionnement électrique de la Guyane est fragile. En témoignent les nombreuses coupures subies par les habitants. Ces deux dernières semaines, elles ont d'ailleurs conduit à des affrontements et à la fermeture de plusieurs établissements scolaires à Maripasoula, dans l'ouest de ce territoire ultra-marin. Début août, les communes littorales, où vivent la majorité des quelque 300.000 Guyanais, ont été privées d'électricité plusieurs heures en raison d'une rupture d'alimentation électrique des deux lignes à haute tension reliées à la centrale hydroélectrique de Petit-Saut, située une centaine de kilomètres à l'ouest de Cayenne.

Dans ce contexte, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et le ministre délégué chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, ont demandé à EDF « de se mobiliser pour reprendre les travaux » de la centrale électrique dite du Larivot, indiquent-ils dans un communiqué commun ce mardi 11 octobre.

« Ce projet de centrale est essentiel à la sécurité de l'approvisionnement en électricité en Guyane, dont le black-out du mois d'août dernier a rappelé la fragilité, en raison notamment du vieillissement de la centrale thermique existante de Dégrad-des-Cannes », au sud de Cayenne, écrivent les ministres.

Guyane, future centrale Livarot,

[Représentation du projet de la future centrale thermique dite du "Larivot" située à 14 kilomètres de Dégrad des cannes, le port où arrivera l'agrogazole importé pour servir de combustible. Crédit EDF PEI.]

Pour rassurer les écologistes, vent debout contre ce projet de centrale, le gouvernement indique « qu'il est prévu que la nouvelle centrale fonctionne, dès sa mise en service, aux biocarburants liquides et non plus au fioul léger comme le prévoyait le projet initial ».

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Annulation d'annulation

Pour rappel, le permis de construire de cette future grande centrale thermique de 120 MW avait été délivré en 2020 à la filiale locale d'EDF. Mais il a été annulé le 18 juillet dernier par le tribunal administratif de Cayenne après un recours de France Nature Environnement et Guyane Nature Environnement. Motif invoqué : l'insuffisance de l'étude d'impact et la méconnaissance des dispositions du code de l'urbanisme relatives aux espaces remarquables du littoral.

Cette annulation a finalement été suspendue la semaine dernière par la cour administrative d'appel de Bordeaux. Dans son délibéré, cette dernière estime qu'EDF a soumis à l'enquête publique une étude d'impact environnementale « exposant et analysant les différentes alternatives possibles » de sites pour la construction de la centrale. La cour juge également que le « site d'implantation du projet ne fait pas partie des espaces naturels remarquables du littoral et que l'emprise de ce projet n'aura pas d'impact sur la mangrove ».

« Nous sommes déçus de la décision, mais le contentieux n'est pas terminé. Nous restons en attente des décisions sur le fond dont les audiences devraient se dérouler début 2023 », a réagi auprès de l'AFP Garance Lecocq, coordinatrice de Guyane Nature Environnement.

EDF Guyane s'est de son côté félicité de cette décision qui représente « un pas de plus vers une reprise des travaux » en précisant que « la prochaine étape est le jugement sur le fond », a indiqué à l'AFP Gaëlle Paygambar, directrice régionale d'EDF PEI (filiale d'EDF) en charge du projet de la centrale du Larivot.

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Une centrale qui fait débat

Ce projet de centrale électrique fait l'objet d'une intense bataille politique et juridique entre écologistes et EDF, ce dernier étant soutenu par le gouvernement. Elle doit fonctionner aux biocarburants liquides, ce qui nécessiterait l'importation de grandes quantités d'agrogazole et la construction d'un oléoduc de 14 kilomètres à travers la communauté d'agglomération du centre littoral pour les acheminer.

En mars dernier, le rapporteur public du tribunal administratif de Guyane a indiqué que la préfecture de Guyane a « commis une erreur d'appréciation » en donnant à EDF une autorisation environnementale en 2020 pour la construction de cette centrale. Un avis qui ne vaut pas décision de justice mais qui est censé orienter le tribunal administratif de Guyane lorsqu'il se prononcera sur le fond du dossier dans les mois prochains au regard des enjeux environnementaux. Reste à voir s'il sera suivi ou non.

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(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 12/10/2022 à 9:07
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Rappelons que le prix du kwh qui sort d'une centrale diesel est de l'ordre de 1€. Et EDF est obligé de le vendre au même prix qu'en métropole soit 13 centimes en moyenne. Il convient donc de se hâter lentement pour construire une nouvelle centrale.

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