Alors que les centrales à charbon s'apprêtent à jouer les prolongations dans de nombreux pays européens pour faire face au tarissement des livraisons de gaz russe, la lutte contre le changement climatique encaisse, ce mardi 28 juin, un nouveau coup dur. En effet, les pays du G7, qui se sont réunis pendant quatre jours dans les Alpes bavaroises, viennent d'apporter un amendement majeur à un engagement pour le climat, pris avant le début de la guerre en Ukraine : celui de mettre fin aux financements publics de tous nouveaux projets d'exploitation de combustibles fossiles à l'étranger, d'ici la fin de l'année 2022.
Les sept pays maintiennent cet engagement, mais compte tenu des « circonstances exceptionnelles » liées à la guerre en Ukraine, « les investissements soutenus par les pouvoirs publics dans le secteur du gaz » pourront être décidés « en tant que réponse provisoire », précise un communiqué de presse.
Un engagement majeur de la COP26
Selon des observateurs, l'Allemagne et l'Italie, qui dépendent toutes deux fortement des sources d'énergie russes, ont fait pression pour obtenir cet amendement. Plus tôt, l'agence Bloomberg rapportait justement que l'Allemagne faisait pression sur les pays membres du G7 pour revenir sur cet engagement pris lors de la COP26, en novembre dernier.
Cet engagement de mettre fin aux aides publiques aux nouveaux projets charbonniers, pétroliers et gaziers sans technique de capture de carbone associée avait été pris par une coalition d'une quarantaine de pays.
Cette annonce avait été qualifiée d'historique par de nombreux observateurs car elle concerne tout le panel des financements publics internationaux (financements bilatéraux, ceux via les banques de développement et aussi les crédits à l'export) aux énergies fossiles.
Un risque pour la lutte contre le changement climatique
Des analystes cités dans le New York Times s'inquiètent des conséquences d'un tel revirement. Selon eux, il sera non seulement plus difficile de persuader le reste du monde de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et d'investir dans les énergies renouvelables, mais cela peut aussi mettre en danger l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Et pour cause, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) appelle, depuis mai 2021, à renoncer immédiatement à tout nouveau projet fossile pour espérer atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050.
À la veille du sommet du G7, le chancelier allemand Olaf Scholz, avait insisté sur le fait que la résolution de la crise énergétique à court terme, provoquée par la guerre en Ukraine ne ferait pas dérailler les objectifs climatiques à long terme.
« Il est important que nous discutions de la situation aujourd'hui et que nous veillons en même temps à stopper le changement climatique causé par l'homme», a-t-il expliqué dans une vidéo publiée samedi dernier.
La France appelle à produire plus de pétrole
Ces déclarations n'ont pas convaincu les militants pour le climat, qui ont été nombreux à descendre dans les rues bavaroises pour protester contre ce sommet.
Cet amendement sur la fin des financements publics aux projets d'exploitation de combustibles fossiles n'est pas le seul coup dur pour le climat. Hier, en marge du sommet qui se tient à Elmau, en Allemagne, la France a appelé les pays producteurs de pétrole à augmenter leur production de « manière exceptionnelle » et a plaidé pour une « diversification des approvisionnements » vers l'Iran et le Venezuela afin de freiner l'envolée des prix à la pompe, provoquée par la guerre en Ukraine. « L'objectif de la neutralité carbone restant clairement réaffirmé », a déclaré la présidence française.
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