Méthane : les eurodéputés votent pour durcir les règles contre les fuites

Le Parlement européen s'est prononcé en faveur du durcissement des règles relatives aux rejets de méthane issus des puits d'hydrocarbures. Les eurodéputés veulent muscler les obligations de surveillance et de réparation envers les entreprises pétrolières et gazières et les exploitants de mines à charbon. Ils ciblent également les importations énergétiques de l'Union européenne.
Les eurodéputés ont voté pour renforcer la fréquence des contrôles, et surtout, pour abaisser drastiquement les seuils à partir desquels des fuites doivent être détectées et colmatées.
Les eurodéputés ont voté pour renforcer la fréquence des contrôles, et surtout, pour abaisser drastiquement les seuils à partir desquels des fuites doivent être détectées et colmatées. (Crédits : REUTERS/Stephane Mahe)

Les députés européens serrent la vis. Ils ont adopté mardi 9 mai en séance plénière un texte qui entend contraindre les entreprises pétrolières et gazières, ainsi que les exploitants de mines à charbon, à inspecter fréquemment leurs équipements pour réparer immédiatement les fuites de méthane. Pour rappel, ce dernier est le deuxième plus important gaz à effet de serre après le dioxyde de carbone.

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Les eurodéputés ont ainsi voté pour renforcer la fréquence des contrôles, et surtout, pour abaisser drastiquement les seuils à partir desquels des fuites doivent être détectées et colmatées. Ces règles se révèlent bien plus strictes que celles proposées par la Commission et avalisées par les États membres fin décembre.

Ce texte enjoint également la Commission européenne de fixer d'ici 2025 un « objectif contraignant » de réduction des émissions de méthane de l'UE à horizon 2030 dans le secteur de l'énergie. Il va désormais faire l'objet de négociations avec les États membres.

Aller plus loin

Pour rappel, l'UE s'est engagée lors de la COP26 de Glasgow en 2021 à réduire de 30% d'ici 2030 (par rapport à 2020) ses émissions de méthane. En revanche, aucun objectif contraignant n'avait ensuite été détaillé dans la proposition de la Commission pour limiter les rejets liés à l'extraction des énergies fossiles.

« Les positions du Conseil (l'organe représentant les États) n'étaient pas très ambitieuses », alors que pour l'industrie gazière et pétrolière, « les trois-quarts des émissions de méthane peuvent être évitées par des mesures simples et sans investissements importants », a plaidé mardi l'eurodéputée allemande Jutta Paulus (Verts), rapporteuse du texte.

En matière de lutte contre les émissions de méthane, les producteurs d'hydrocarbures n'en font d'ailleurs pas assez, estimait en février l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Selon elle, les émissions de méthane provenant du pétrole et du gaz pourraient être réduites de 75% avec les technologies existantes. Notamment la détection des fuites ou la réparation des équipements, que l'agence qualifie d'ailleurs de « très bon marché ».

« Il faudrait moins de 3% des revenus accumulés par les sociétés pétrolières et gazières dans le monde l'année dernière pour réunir les 100 milliards de dollars d'investissements (...) nécessaires pour atteindre cette réduction », indiquait-elle dans un rapport.

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Malgré les engagements, les rejets n'ont toujours pas diminué, au contraire. En octobre dernier, l'Organisation météorologique mondiale a ainsi alerté sur le fait que les émissions de méthane n'ont jamais augmenté aussi vite d'une année sur l'autre, « depuis que les mesures systématiques ont commencé, il y a près de quarante ans ». « Cela montre que nous allons dans la mauvaise direction », avait alors déclaré son secrétaire général, Petteri Taalas.

Les importations aussi concernées

Les eurodéputés ont également réclamé le 9 mai que les nouvelles règles s'appliquent à partir de 2026 aux énergies fossiles importées dans l'UE, contrairement à ce que prévoyait la Commission. Les importateurs de gaz, charbon et pétrole seraient ainsi tenus de vérifier que les normes européennes de détection et réparation des fuites ont été respectées lors de l'extraction.

« L'Europe importe plus de 80% des combustibles fossiles qu'elle brûle, il est essentiel d'étendre le champ d'application aux importations énergétiques », a insisté Jutta Paulus, réclamant « des règles de marché équitables pour tout le monde ».

D'autres textes européens sont actuellement en discussion. Elles visent à restreindre les émissions dans l'agriculture et l'industrie. Le Parlement approuve par ailleurs l'interdiction, sauf pour raisons de sécurité, du torchage de routine. Cette pratique courante consiste à brûler le gaz au sortir d'un puits ou d'une mine pour des raisons logistiques ou économique, ce qui libère d'énormes quantités de méthane dans l'atmosphère.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 10/05/2023 à 14:02
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"ce qui libère d'énormes quantités de méthane dans l'atmosphère" s'il brûle, le méthane se transforme, en CO2 moins efficace en effet de serre. Sauf si les torchères sont mal conçues ou mal aérées. Un ancien article disait que toutes les torchères r...

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