ArcelorMittal : au Kazakhstan, accord pour le rachat de la filiale locale par l'Etat entériné après une série d'accidents

Le montant du rachat de cette filiale par un fonds public kazakh s'élève à « 286 millions de dollars », selon les termes de l'accord avec ArcelorMittal. Fin octobre, le pire accident minier du Kazakhstan avait coûté la vie à 46 travailleurs miniers du pays, mettant la pression sur le géant mondial de la sidérurgie.
Dans la foulée du drame à Karaganda fin octobre, le président Kassym-Jomart Tokaïev avait ordonné de « mettre fin à la coopération » avec le groupe et avait qualifié ArcelorMittal de « pire entreprise de l'histoire du Kazakhstan du point de vue de la coopération avec le gouvernement ».
Dans la foulée du drame à Karaganda fin octobre, le président Kassym-Jomart Tokaïev avait ordonné de « mettre fin à la coopération » avec le groupe et avait qualifié ArcelorMittal de « pire entreprise de l'histoire du Kazakhstan du point de vue de la coopération avec le gouvernement ». (Crédits : Stringer .)

Le Kazakhstan a annoncé ce vendredi avoir racheté la filiale locale d'ArcelorMittal. Le montant du rachat par le fonds public kazakh « Qazaqstan Investment Corporation » s'élève à « 286 millions de dollars », alors qu'ArcelorMittal avait demandé 3,5 milliards de dollars, d'après le gouvernement.

« Le gouvernement kazakh et ArcelorMittal ont conclu un accord pour transférer l'entreprise ArcelorMittal Temirtaou au Kazakhstan », a indiqué dans un communiqué le gouvernement de la première économie d'Asie centrale.

Lors d'une conférence de presse, le ministre kazakh de l'Industrie et de la Construction, Kanat Charlapaïev, a indiqué que la somme de 286 millions de dollars correspondait aux « actifs de l'ensemble du complexe de charbon et d'acier d'ArcelorMittal Temirtaou » (centre du pays) ainsi qu'à « l'usine de production de tubes pour l'industrie kazakhe des hydrocarbures à Aktaou » (ouest) appartenant au géant de l'acier.

Epilogue des négociations

Selon les termes de l'accord annoncés ce vendredi, le nouvel investisseur, l'homme d'affaires kazakh Andreï Lavrentiev d'après les médias locaux, devra « rembourser à la société mère ArcelorMittal un prêt à court terme de 250 millions de dollars ainsi qu'un prêt à long terme de 450 millions de dollars dans un délai de quatre ans ». De plus, il devra apporter « 3,5 milliards de dollars sur trois ans » pour notamment améliorer la sécurité des sites et l'entreprise sera renommée.

Lire aussiKazakhstan: les corps des mineurs tués dans une explosion retrouvés, ArcelorMittal chassé du pays

Et pour cause, ce communiqué marque l'épilogue de négociations entre le géant industriel et Astana, menées après une série d'accidents dans les mines kazakhes du géant de l'acier. Depuis la chute de l'Union soviétique en 1991, environ 200 mineurs ont perdu la vie au Kazakhstan, l'immense majorité dans des sites d'ArcelorMittal. Et ce, bien qu'ArcelorMittal assurait avoir « déployé de nombreux efforts pour renforcer la sécurité ». Pour rappel, le dernier drame avait été responsable de la mort de plusieurs dizaines de mineurs à l'automne.

Fin octobre, le pire accident minier du pays depuis l'indépendance de l'Union soviétique en 1991 avait coûté la vie à 46 travailleurs à la mine Kostenko à Karaganda (centre). Le ministre de l'Industrie a qualifié ce rachat de « méga-accord revêtant une importance exceptionnelle pour le Kazakhstan », assurant que le plus important était de sauvegarder « les 32.000 emplois et préserver la production d'acier » dans ce pays.

« ArcelorMittal n'a aucune revendication envers le Kazakhstan », a précisé Kanat Charlapaïev, ajoutant que le groupe « s'était engagé par écrit à ne pas intenter d'action en justice contre le Kazakhstan ».

« Pire entreprise de l'histoire du Kazakhstan »

Dans la foulée du drame à Karaganda fin octobre, le président Kassym-Jomart Tokaïev avait ordonné de « mettre fin à la coopération » avec le groupe et avait qualifié ArcelorMittal de « pire entreprise de l'histoire du Kazakhstan du point de vue de la coopération avec le gouvernement ».

Le gouvernement kazakh et ArcelorMittal, dirigé par l'homme d'affaires indien Lakshmi Mittal et basé au Luxembourg, avaient alors annoncé un accord préliminaire pour « transférer la propriété de l'entreprise en faveur de la République du Kazakhstan ». Après l'accident, le titre d'ArcelorMittal avait chuté sur les bourses européennes. L'arrivée en 1995 du groupe au Kazakhstan a d'abord été porteuse d'espoir dans le marasme socio-économique ayant suivi la chute du communisme.

Lire aussiArcelorMittal chute en Bourse après l'accident mortel survenu dans une de ses mines au Kazakhstan

Mais le manque d'investissements et les normes de sécurité insuffisantes ont été par la suite à de maintes reprises critiquées par les autorités, tandis que les syndicats appelaient régulièrement à un contrôle plus strict du gouvernement.

Début novembre, ArcelorMittal avait tenté de limiter l'impact du drame. L'industriel avait précisé y avoir investi « plus de 5 milliards de dollars » depuis 20 ans, faisait valoir le groupe dans son communiqué. Ce en équipant les mineurs de détecteurs de gaz et de systèmes de suivi personnel pour identifier leur présence dans le sous-sol ainsi qu'en investissant dans des matériels de forage permettant de mieux suivre et comprendre la géologie du sous-sol, avait-il précisé.

Une consommation d'acier en baisse en Europe ?

La consommation d'acier en Europe aura baissé sur l'année 2023 par rapport à celle de 2022, en raison de la « faiblesse » du secteur de la construction, a indiqué début novembre le numéro deux mondial de l'acier ArcelorMittal, qui a revu en baisse ses prévisions de consommation annuelle pour le Vieux continent.

« Nous nous attendons à ce que la consommation en Europe soit au dessous de la fourchette basse de notre dernière prévision (qui était comprise entre -0,5% et +1,5%), en raison de la faible demande de produits longs due à la faiblesse de l'activité de la construction », indique le deuxième sidérurgiste mondial dans son communiqué de résultats pour le troisième trimestre.

En Chine, ArcelorMittal continue de prévoir une croissance de la consommation d'acier « comprise entre 1 et 2% en 2023 par rapport à 2022 » et a relevé sa prévision pour l'Inde dont la consommation devrait se situer « au dessus de la fourchette de la précédente prévision (entre +6 et +8%) ». Le groupe a annoncé un recul de 6,4% de son bénéfice net au troisième trimestre et de 12,4% de son chiffre d'affaires par rapport au même trimestre de 2022.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.