Sécurité nationale : l'Allemagne bloque le rachat par la Chine non pas d'une, mais de deux usines de semi-conducteurs

Robert Habeck a réussi à empêcher la vente à des investisseurs chinois de deux usines de composants électroniques appartenant aux allemands Elmos et ERS Electronic. La demande du ministre de l'Économie et vice-chancelier de l'Allemagne, qui jugeait que la vente de ces actifs stratégiques allemands à la Chine constituait une menace pour la sécurité nationale, a été approuvée mercredi par le gouvernement d'Olaf Scholz en conseil des ministres.
Robert Habeck, vice-chancelier de l'Allemagne et ministre de l'Économie et de la Protection du Climat a expliqué devant la presse ce mercredi pourquoi Berlin s'opposait au rachat de deux sites industriels stratégiques par des capitaux chinois : « L’Allemagne, en tant que première économie européenne, est attractive (...) mais il peut aussi y avoir des investissements qui peuvent nuire à la sécurité de notre pays. »
Robert Habeck, vice-chancelier de l'Allemagne et ministre de l'Économie et de la Protection du Climat a expliqué devant la presse ce mercredi pourquoi Berlin s'opposait au rachat de deux sites industriels stratégiques par des capitaux chinois : « L’Allemagne, en tant que première économie européenne, est attractive (...) mais il peut aussi y avoir des investissements qui peuvent nuire à la sécurité de notre pays. » (Crédits : Reuters)

Le gouvernement d'Olaf Scholz a avalisé ce mercredi en conseil des ministres le blocage des projets d'acquisition par des investisseurs chinois de deux usines allemandes de fabrication de composants microélectroniques appartenant l'une à Elmos et l'autre à ERS Electronic, a-t-on appris de source gouvernementale.

Robert Habeck, vice-chancelier de l'Allemagne et ministre de l'Économie et de la Protection du Climat, qui réclamait cette mesure, a expliqué ce mercredi devant la presse cette prise de décision publiquement défavorable à la Chine :

« La Chine est, et doit rester, un partenaire commercial. Pour autant, nous ne devons pas être naïfs et nous devons voir si les intérêts du commerce et du marché risquent d'être utilisés pour une politique de puissance contre les intérêts de la République fédérale d'Allemagne. »

Menace pour la sécurité nationale de l'Allemagne

La vente d'une usine du fabricant Elmos, basée à Dortmund dans l'ouest de l'Allemagne et qui produit des semi-conducteurs (notamment des "wafers" ou "galettes" de silicium) destinés à l'industrie automobile, n'était pourtant pas une surprise puisqu'elle avait été annoncée depuis la fin 2021. L'entreprise avait en effet annoncé céder son usine pour 85 millions d'euros au suédois Silex Microsystems, propriété du groupe chinois Sai MicroElectronics.

Mais, le ministère de l'Économie, en ces temps de montée des tensions avec la Chine, a suivi les recommandations du renseignement allemand qui, sous l'autorité du ministère de l'Intérieur, a jugé que cette vente de l'usine d'Elmos à des intérêts chinois constituait une menace pour la sécurité nationale. Les semi-conducteurs, dont la production est dominée par l'Asie, sont considérés comme une industrie stratégique par les Européens, qui souhaitent accroître leur souveraineté.

« L'Allemagne, en tant que première économie européenne, est attractive (...) mais il peut aussi y avoir des investissements qui peuvent nuire à la sécurité de notre pays », avait aussi déclaré le ministère de l'Economie.

Lire aussiL'Allemagne veut bloquer la vente d'une usine de semi-conducteurs à des investisseurs chinois

Le deuxième veto porte sur le rachat de la société ERS Electronic, basée en Bavière, qui fournit, entre autres, une technologie de refroidissement aux fabricants de semi-conducteurs, a indiqué la ministre allemande de la Recherche, Bettina Stark-Watzinger. Mais l'entreprise s'est refusée à préciser quelle société chinoise était intéressée par son rachat.

Le difficile équilibre des relations avec la Chine

Le gouvernement du chancelier Olaf Scholz, qui a rencontré le président chinois Xi Jinping à Pékin la semaine dernière, s'efforce de trouver la bonne position pour l'Allemagne vis-à-vis de la Chine.

En effet, selon une source gouvernementale, le gouvernement allemand a établi une nouvelle feuille de route vis-à-vis de Pékin consistant à « réduire les dépendances unilatérales, devenir plus indépendant, empêcher la fuite des technologies clés et protéger l'infrastructure et les capacités de production propres », .

L'autre élément de contexte qui alimente ces craintes pour la souveraineté nationale est la controverse provoquée récemment par Olaf Scholz lorsqu'il a approuvé un investissement important du géant chinois du transport maritime Cosco dans le port de Hambourg, le premier d'Allemagne et le troisième d'Europe.

Il y a actuellement 44 projets d'investissements étrangers en Allemagne à l'examen, dont 17 proviennent de Chine, indique-t-on dans l'entourage du ministère de l'Economie.

(avec AFP et Reuters)

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Commentaires 5
à écrit le 16/11/2022 à 20:42
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Si le gouvernement français pouvait prendre exemple sur eux, arrêter de se laisser corrompre et bloquer les ventes d'entreprises stratégiques aux états unis ...

à écrit le 15/11/2022 à 17:53
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Il était temps que les Européens arrêtent de prendre les Chinois pour des benêts, en installant chez eux des usines clés en mains et en croyant qu'ils ne seront pas capables de copier les technologies utilisées. Ils nous auraient bien moins vite ratt...

à écrit le 11/11/2022 à 14:12
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La Chine est un adversaire redoutable dans le domaine commercial. C'est une grave erreur que de l'avoir fait entrer dans l'OMC. Le fric, toujours le fric.. On en profite, mais on le paiera cash dans sq années

à écrit le 10/11/2022 à 19:23
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La lecon que l Allemagne a eu avec l ours Russe devrait ouvrir les yeux vis a vis de la chine. Diktature autoritaire et preconisant la guerre pour envahir Taiwan. C est bien que le gouvernement allemand a compris le danger.Ceux qui ont vendu une par...

à écrit le 10/11/2022 à 12:35
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Conseil de lecture : ne manquez pas de lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. Un néo-polar épicurien et érudit qui dévoile certaines menaces que la Chine fait peser sur le monde. Lecture édifiante et distrayante ! Disponible en libr...

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