Casino : la renégociation de la dette du groupe discutée à Bercy

Une réunion sur la situation financière du distributeur Casino, en présence de toutes les parties impliquées dans la renégociation de sa dette, s'est tenue jeudi matin à Bercy. Le ministère de l'Économie suit de près le dossier, mais se refuse à tout commentaire officiel. Une analyse indépendante de la situation passée, actuelle et prévisionnelle de l'entreprise, réalisée par un cabinet de conseil financier, aurait été présentée.
Autour de la table de cette réunion à Bercy : la direction du groupe, ses principaux créanciers, les avocats travaillant sur le dossier et les conciliateurs nommés par le Tribunal de Commerce de Paris fin mai.
Autour de la table de cette réunion à Bercy : la direction du groupe, ses principaux créanciers, les avocats travaillant sur le dossier et les conciliateurs nommés par le Tribunal de Commerce de Paris fin mai. (Crédits : ERIC GAILLARD)

Tous les acteurs impliqués dans la renégociation de la dette de Casino se sont retrouvés à Bercy ce jeudi matin. Une réunion organisée sous l'égide du Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), d'après plusieurs sources au fait du dossier. Ce service du ministère de l'Économie se penche sur les entreprises en difficulté financière, comme dernièrement le sous-traitant aéronautique Latécoère ou le sous-traitant d'Orange Scopelec.

Lire aussiConciliation ouverte avec les créanciers, vente de magasins à Intermarché : le sauvetage de Casino est lancé

Autour de la table se sont donc regroupées les différentes parties prenantes de la procédure de conciliation concernées par l'important endettement de Casino. À savoir la direction du groupe, ses principaux créanciers, les avocats travaillant sur le dossier et les conciliateurs nommés par le Tribunal de Commerce de Paris fin mai.

Au menu notamment de ce rendez-vous, la présentation d'une analyse indépendante de la situation passée, actuelle et prévisionnelle de l'entreprise, réalisée par un cabinet de conseil financier.

Un avenir menacé par la dette

Le distributeur d'origine stéphanoise est entré en procédure de conciliation afin de renégocier son endettement. Ce dernier est colossal puisqu'il s'élève à 6,4 milliards d'euros de dette nette pour Casino et 3 milliards environ pour sa maison-mère, Rallye.

Cette procédure amiable peut durer quatre mois, plus un en option, et doit permettre d'assurer la pérennité du groupe, dans une forme qui reste à déterminer. Ce qui ne semble faisable qu'en réduisant significativement le poids de sa dette. Cela impliquerait que les créanciers de Casino, grandes banques françaises et internationales, fonds d'investissement européens ou américains et acteurs institutionnels acceptent de tirer un trait sur l'argent dû par le groupe, dans des proportions sans doute très importantes.

Lire aussiFitch abaisse la note de Casino d'un cran, estimant le « risque de défaillance très important »

Des milliards sur la table

Des candidats à la reprise se sont fait connaître ces derniers mois, mais tous conditionnent un apport d'argent frais à un allègement de la dette. Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà actuellement deuxième actionnaire de Casino derrière les sociétés holding du PDG Jean-Charles Naouri, entend prendre le contrôle du groupe via une augmentation de capital de plus d'un milliard d'euros au total. Dont 750 millions d'euros apportés par ses soins et 150 millions par le troisième actionnaire, Marc Ladreit de Lacharrière, un proche de l'actuel patron du groupe.

Cette offre, déposée fin avril, est concurrencée par « une manifestation d'intérêt préliminaire » émanant du trio d'hommes d'affaires Xavier Niel (Free), Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari pour un « renforcement des fonds propres » de Casino allant jusqu'à 1,1 milliard d'euros, dont « 200 à 300 millions » d'euros investis par leurs soins.

Les salariés inquiets

En parallèle de la procédure amiable, Casino a annoncé la cession de 119 supermarchés et hypermarchés à Intermarché, troisième acteur de la distribution en France (derrière E.Leclerc et Carrefour). Cela suscite l'inquiétude des quelque 4.000 salariés concernés car au sein d'Intermarché, qui est un groupement d'indépendants, la politique sociale dépend de chaque patron de magasins.

En début de semaine, les élus du personnel ont d'ailleurs lancé une procédure dite de « droit d'alerte économique » pour avoir davantage d'informations sur la situation financière du groupe.

Lire aussiCasino : les élus du personnel exigent plus de transparence sur la situation du groupe

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 15/06/2023 à 21:55
Signaler
Allo, Couche-Tard? Pas intéressé?

à écrit le 15/06/2023 à 19:20
Signaler
Que cachent ces grandes manœuvres financières dans une activité : la grande distribution où les patrons de super ou hypers marchés sont surtout soucieux de prix et de parts de marché .La finance et la grande distribution ne poursuivent pas les mêmes...

le 15/06/2023 à 23:09
Signaler
Bien sûr que si ils ont les mêmes objectifs : la grande distrib est une montagne à cash à placer … le client paye immédiatement de la marchandise que le distributeur paiera au fournisseur que 90 jours plus tard . Ça s est interressant pour un financ...

à écrit le 15/06/2023 à 18:52
Signaler
Tiens, Bercy vient, comme toujours, sauver le groupe de l´Énarque Naouri. Normalement dans un cas pareil, le groupe serait démantelé immédiatement, et il ne reste rien aux actionnaires (il y aurait peut-être même des inculpations). Mais ici « on » va...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.