[Article publié le lundi 11 décembre 2023 à 12h12 et mis à jour à 13h37] Dans l'optique de sauver le groupe, Casino a décidé de se séparer de ses activités en Amérique latine. Et notamment de sa filiale brésilienne, Grupo Pão de Açucar (GPA). Or, l'opération est loin d'être anecdotique : GPA emploie les trois quarts de ses 200.000 salariés à travers le monde (chiffre à fin 2022). La cession avance toutefois à grands pas : Casino a annoncé ce lundi que GPA a « entamé des travaux préliminaires en vue d'une éventuelle offre primaire d'actions ».
Plus concrètement, l'entité brésilienne a convoqué une assemblée générale de ses actionnaires le 11 janvier prochain, « afin de délibérer, entre autres, sur une augmentation du capital », à hauteur de 800 millions d'actions ordinaires. Les actionnaires doivent, en outre, se prononcer sur une « proposition de la direction » d'élire « une nouvelle liste pour le conseil d'administration ». Si ces projets sont menés à bien, « Casino ne détiendrait plus le contrôle de GPA », peut-on lire dans le communiqué du groupe.
La vente d'Éxito en bonne voie
Casino a aussi établi un point d'étape ce lundi sur un autre sujet : la vente de ses parts du groupe Éxito, présent en Colombie, Uruguay et Argentine. Comme annoncé en octobre, c'est le Salvadorien Grupo Calleja qui va les récupérer. Selon le groupe français, l'acquéreur a fait paraître dimanche « le premier avis de l'offre publique d'achat qui sera lancée en Colombie » pour racheter 100% du capital d'Exito. Cette opération doit courir « du 18 décembre 2023 au 19 janvier 2024 » et le règlement des sommes dues doit avoir lieu « à la fin du mois de janvier », précise Casino.
Casino détient 34,05% d'Almacenes Éxito S.A. ce qui correspond, selon le prix offert dans le cadre de l'OPA, à 400 millions de dollars (360,7 millions d'euros). GPA en détient également, à hauteur de 13,31%, soit 156 millions de dollars (148 millions d'euros).
L'acheteur doit aussi lancer une « offre publique d'achat aux États-Unis », où Exito est coté, mais « à la date des présentes, l'offre publique d'achat américaine n'a pas encore commencé ».
Plan de la dernière chance
Ces opérations s'inscrivent dans le cadre d'un vaste plan de restructuration de la dette de Casino. Étranglé par un endettement devenu insoutenable, le groupe d'origine stéphanoise avait trouvé un accord l'été dernier, avec la plupart de ses créanciers, d'une part, et, d'autre part, des repreneurs - les milliardaires Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds d'investissement britannique Attestor.
Cela se fera via la cession des activités en Amérique latine donc, mais aussi par un abandon de créances très significatif (5 milliards d'euros) et par une augmentation de capital devant apporter 1,2 milliard d'euros d'argent frais au total, au terme de laquelle l'emblématique PDG du groupe Jean-Charles Naouri en perdra le contrôle. Le passage de témoin est attendu à l'horizon du premier trimestre 2024.
Reste que la situation de Casino a été décrite la semaine dernière comme « catastrophique » par le délégué syndical CFDT, Guillaume Touminet. Le groupe a abaissé à plusieurs reprises ses perspectives économiques, notamment le 22 novembre dernier pour la deuxième fois en moins d'un mois. Il prévoit désormais pour 2023 que son Ebitda (résultat brut d'exploitation), un indicateur clé de rentabilité, passe dans le rouge avec une perte d'environ 100 millions d'euros. Or, il le prévoyait encore dans le vert fin octobre, à moins de 100 millions d'euros. Face à cette situation économique de plus en plus difficile, Casino envisage de céder davantage de supermarchés que prévu, inquiétant les syndicats et salariés.
Le Tribunal de Commerce de Paris a, sans surprise, prolongé jusqu'au 25 février la période de sauvegarde accélérée dans laquelle le groupe Casino est entré fin octobre, selon plusieurs sources interrogées ce lundi matin à la sortie d'une audience à Paris. L'intersyndicale du distributeur (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC), présente à l'audience, a rapporté que le tribunal avait validé la prolongation de la période de sauvegarde accélérée dans laquelle est entré le groupe, en grandes difficultés financières. Cette information a été confirmée par une source proche du dossier. Le groupe, coté en Bourse, n'a pas confirmé l'information, alors que les marchés sont ouverts.Procédure de sauvegarde prolongée jusqu'à fin février
(Avec AFP)
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