Une saison touristique 2011 meilleure que prévu

Alors que le salon Top Resa réunit Porte de Versailles tous les acteurs du tourisme, jusqu'à vendredi, les professionnels du secteur sont soulagés. Après un premier trimestre difficile, l'activité est repartie à la hausse. Les perspectives devraient être bonnes.
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A fin mai, les opérateurs du tourisme ne masquaient pas leur inquiétude. 2011 s'annonçait comme une année catastrophique, les professionnels redoutaient le pire. La catastrophe de Fukushima en mars et les révolutions du "printemps arabe", entrainaient le marché dans le rouge.

Au lendemain du tsunami et de la catastrophe nucléaire, les réservations pour s'envoler au pays du soleil levant ont stoppé net. La compagnie aérienne nationale a enregistré une baisse de fréquentation allant jusqu'à 50%, quant à Air France elle a aussi revu à la baisse ses rotations sur le Japon. La baisse de 16% des tarifs des chambres d'hôtel n'a pas suffi à compenser la hausse du yen, résultat : nombre d'opérateurs ont pour l'heure renoncé à couvrir la destination, comme l'agence Terres de Charme qui proposait un séjour "bien-être" avec tournée dans les plus beaux "ryokans".

En Tunisie, les hôtels qui pourtant jouent un rôle essentiel dans l'économie nationale, restent désespérément vides. Le Ceto, association des tour-opérateurs, fait état d'une chute de 49% des réservations. En Egypte, même constat, la révolution de la place Tahrir a fait fuir les touristes du Caire. Dans son ensemble, la destination enregistre elle aussi une baisse de 50% ; les touristes français étant parmi les plus nombreux à avoir déserté la fréquentation des pyramides.

Un premier semestre positif

Dans ce contexte, chacun s'inquiétait. Mais, selon les statistiques publiées le 13 septembre à Madrid par l'Office mondial du tourisme (OMT), après une année 2010 en hausse de 6,7% avec 935 millions de touristes, les six premiers mois de l'année ont bon gré mal gré poursuivit sur la même tendance avec une croissance de 4,5%. Contre vents et marées, incertitudes politiques et tempêtes financières, 440 millions de personnes ont choisi de découvrir de nouveaux horizons, soit 19 millions de plus comparativement à la même période de l'année précédente.

La demande des pays émergents (Chine, Inde et Brésil) a boosté le marché. Le transport aérien a enregistré une hausse de 6,5%. D'après l'OMT, l'Amérique du sud a progressé de 17% et l'Asie du sud de 14%. Les touristes ont, en revanche, délaissé l'Asie du nord, l'Afrique du nord (-13%) et le Moyen Orient (-11%). L'ensemble des pays à fort ensoleillement ont bénéficié du report de clientèle. En Polynésie, à fin juin, la hausse s'est établie à 17,8% (sur 74.443 personnes qui ont visité la destination, les Américains du nord représentent à eux seuls 34% du total des touristes, confirmant ainsi leur regain d'intérêt pour cette partie du monde).

A l'île Maurice, Beachcomber a fait le plein de touristes français. Comme l'explique Rémi Sabarros, directeur général France "2011 aura été une année difficile, mais nous sommes en progression, avec d'avril à septembre une croissance de 5% du chiffre d'affaires par hébergement." La raison de cette bonne santé ? Une politique de fidélisation, des produits proposés en constante rénovation ou adaptation aux besoins de la clientèle, et une grille de tarification simplifiée. Un exemple ? A Sainte Anne Resort, aux Seychelles, Beachcomber propose une formule all inclusive à 462 euros par nuit et par personne pour une villa avec jardin (alcools compris) et 584 euros pour une villa avec piscine. Résultat : 60% des clients l'ont choisie. "Les clients n'ont pas de mauvaise surprise, ils sont en confiance." Sans jamais tomber dans l'écueil des -40%/- 50% qui dévalorisent l'offre, le groupe propose des promotions nuits offertes, ou des packages lune de miel qui rassurent les clients, les fidèles comme les néophytes.

L'Europe au beau fixe

Globalement, en Europe, l'été a été bon. Avec 6% d'augmentation du nombre de touristes, la zone a confirmé sa pôle position. Comme l'explique Michel-Yves Labbé, fondateur de Directours, "à fin juillet, nous enregistrions une hausse de 20% de notre activité ; des clients qui jusqu'à présent ne s'adressaient pas à nous, ont appel à nos services pour s'orienter vers de nouvelles destinations dans le bassin méditerranéen." Rhodes, la Grèce, le Portugal, ... Selon Maria Whiteman, présidente de Directline holidays, les touristes anglais ont privilégié de nouvelles villégiatures, comme Lanarca à Chypre où les ventes ont progressé de 28% en juillet (comparé à juin) et Corfou de 21%." De son côté, le Montenegro a accueilli 15.182 touristes français au premier semestre, soit 15% de plus par rapport à l'année dernière.

En France, malgré une météo morose, les touristes étrangers n'ont pas boudé l'hexagone. Les Belges, les Britanniques et les Néerlandais ont continué à déferler dans le pays, alors que la clientèle américaine s'est plus que jamais disputée la faveur des hôteliers, avec les Asiatiques et les Brésiliens. D'après une étude BNP Paribas Real Estate, le marché de l'hôtellerie en France a confirmé sur les six premiers mois la reprise entamée en 2010. Le revenu par chambre (soit le chiffre d'affaires par hébergement hors petit déjeuner) a atteint toutes catégories confondues 58,5 euros, pour un prix moyen de 88,6 euros et un taux d'occupation de 65,6%. Dans ce contexte, pour Patrick Sanville, directeur BNP Paribas Real Estate hôtels, fort de 832 millions d'euros d'investissement hôtelier réalisés en vingt-deux transactions au premier semestre, "l'intérêt des investisseurs pour les hôteliers français ne devrait pas faiblir ces prochaines années."

Les perspectives pour la fin d'année restent incertaines mais devraient être positives. Les professionnels ont réagi vite dans un contexte on ne peut plus houleux. D'après l'Office Mondial du Tourisme, la Tunisie comme l'Egypte retrouveront leurs niveaux de croisière d'ici la fin de l'année. Les ouvertures d'hôtels de luxe à Marrakech devraient booster le marché. Sur ces destinations, les stratégies offensives de communication et les promotions devraient séduire les touristes. Selon Michel-Yves Labbé, "déjà des prémices de reprise se font sentir pour le Japon depuis le début du mois de septembre." Bonne nouvelle par ailleurs pour les voyagistes, partir au soleil pendant les longs mois d'hiver semble aujourd'hui ancrer dans les m?urs. Les réservations pour la fin de l'année sont au beau fixe, comme celles pour les vacances de février 2012. Résultat : sauf catastrophe majeure (crise financière en ligne de mire), 2011 confirmera bel et bien à fin décembre la reprise, avec une croissance annuelle de 4 à 5% de l'activité mondiale.

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