Le secteur de la montagne va-t-il avoir besoin de nouvelles aides, suite à la déferlante du variant Omicron qui va amputer l'activité sur la saison 2021-2022 ? C'est en tout cas ce que craignent les professionnels des sports d'hiver avec la décision cette semaine d'interdire tous déplacements à destination, mais surtout en provenance du Royaume-Uni, sauf motif impérieux. En conséquence, des milliers de touristes britanniques qui avaient prévu de dévaler les sommets des stations de ski françaises ont du annuler leurs réservations.
Une mesure qui a suscité de vives réactions des élus et du secteur. Les sénateurs savoyards ont réclamé des "mesures d'urgence" au ministre du Tourisme, vendredi, pour compenser.
Pour y répondre, le gouvernement français s'est engagé samedi à continuer de soutenir les stations affectées par la fermeture du territoire à cette manne touristique d'outre-Manche. "On continuera à être à leurs côtés. C'est le message très clair qu'avec le Premier ministre, nous voulions leur passer ce matin", a déclaré sur BFM TV Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'Etat au Tourisme.
Le secrétaire d'Etat a rappelé à cette occasion que 7 milliards d'euros d'aides ont été mis à la disposition du secteur l'an dernier, après avoir été contraint de fermer les remontées mécaniques.
Un quart de la clientèle en moins
Mais sur le terrain la réalité est déjà cruelle. "C'est une véritable catastrophe économique," déclare Christophe Lavaut, le directeur de la station savoyarde de Val d'Isère. "42% de la clientèle est concernée", explique-t-il. A l'Alpe d'Huez, autre station alpine, les Britanniques représentent un quart de la clientèle.
Jean-Marc Silva, directeur général de l'association France Montagnes, précise que les Britanniques constituent le plus important contingent de touristes dans les stations françaises de ski et représentent 9% des clients.
Cette annonce a aussi une autre conséquence directe pour les stations de ski savoyardes, et notamment pour la vallée de la Tarentaise (Savoie), puisque le principal opérateur de plusieurs stations, la Compagnie des Alpes -filiale de la Caisse des dépôts-, avait annoncé à l'automne dernier qu'il financerait et organiserait la reprise de la ligne Eurostar Londres - Bourg Saint-Maurice, qui place la capitale anglaise en liaison directe avec la vallée de la Tarentaise (Albertville, Moûtiers, Bourg-Saint-Maurice).
Alors que cette ligne ferroviaire devait donc redémarrer à raison d'un aller-retour par week-end dès le mois de décembre sous l'impulsion de sa filiale, Travelski, la CDA confirme à La Tribune qu'en raison de l'annonce du gouvernement de ce jeudi 16 décembre, les deux premières rotations de ce train et les réservations afférentes ont dû être annulées.
L'espoir sur la clientèle française
Les restrictions de voyages imposées aux Britanniques affectent aussi les Hautes-Alpes, où "les annulations tombent les unes après les autres", selon Yvan Chaix, directeur de l'Agence de développement du département.
La Compagnie des Alpes, qui gère une dizaine de grands domaines savoyards (La Plagne, Les Arcs, Tignes, Val d'Isère, Méribel...), a cependant assuré que sa clientèle était "majoritairement" française durant la période de Noël.
Pour ces clientèles françaises et étrangères qui auront pu accéder aux stations, le Premier ministre Jean Castex a annoncé fin novembre l'obligation du port du masque dans les files d'attente des remontées mécaniques des stations de ski. Une distanciation sera également imposée dans les files d'attente des remontées, "avec des contrôles aléatoires".
(Avec agences)
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