Air France : « il faut un référendum d’entreprise » dit Bayrou

Pour le président du Modem, la solution au conflit social passe par un "référendum de l'entreprise", une solution déjà éprouvée en 1994 par le PDG de l'époque, Christian Blanc qui avait permis la mise en place d'un plan de redressement drastique.
Face aux difficultés d'Air France, le président du Modem plaide pour la réutilisation du "référendum d'entreprise" qui avait aidé l'ancien PDG Christian Blanc à sortir Air France de l'impasse en 1994.

Dans la cacophonie ambiante, faut-il donner la voix directement aux salariés d'Air France ? Pour François Bayrou, cela ne fait aucun doute. Interviewé sur Radio Classique et LCI ce mercredi, le président du Modem a exhumé des vieilles malles d'Air France la proposition d'un "référendum d'entreprise" pour sortir de la crise, dont le dernier rebondissement s'est soldé lundi par de violentes échauffourées. Se disant "absolument persuadé" que les différents personnels "n'accepteront pas le risque de voir la compagnie s'effondrer ou disparaître" et insistant sur la nécessité pour chacun de "faire des efforts", le président du Modem a brandi l'initiative lancée par l'ancien PDG de la compagnie comme rempart à la crise : "Christian Blanc, il y a quelques années, avait proposé et imposé des changements très importants qui avaient été acceptés par un référendum de l'entreprise".

1994 : "Approuvez-vous le projet d'entreprise?"

Ce système avait été utilisé, au printemps 1994, alors qu'Air France frisait le dépôt de bilan, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Une recapitalisation de 20 milliards de francs (3 milliards d'euros) avait été décidée par le gouvernement Balladur, à la condition de faire appliquer un plan de redressement drastique. Gel des salaires sur trois ans, suppressions de postes à la pelle..., les syndicats étaient vent debout contre le projet et la majorité d'entre eux le rejetaient. Le PDG Christian Blanc décida alors de passer outre, et lança une consultation directe auprès des 42 000 salariés de la compagnie, avec cette question : "Approuvez-vous le projet d'entreprise?" Ce fut un plébiscite. Le taux de participation s'est élevé à 83,5%. Le "oui" l'emporte à 81,3%. Le résultat n'a aucune valeur légale, mais il suffira à impulser la légitimité nécessaire à l'application des réformes du projet.

"Un déchaînement médiatique et politique démesuré"

Cette proposition intervient au lendemain d'une série de réactions politiques qui ont suivi l'agression de deux dirigeants d'Air France, lundi, en marge du comité central d'entreprise.  Le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, a déploré ce mercredi ce "déchaînement médiatique et politique démesuré". Expliquant qu'il ne cautionnait pas les violences dont ont été victimes Xavier Broseta et Pierre Plissonnier, respectivement DRH et responsable de l'activité long courrier à Air France, le numéro 1 de la CGT a toutefois appelé à parler davantage de la "violence sociale" qui était faite aux salariés de la compagnie.

"Ce déchaînement médiatique et politique est démesuré. J'aimerais qu'on attache plus d'importance à ces 3.000 licenciements qui s'ajoutent aux 15.000 déjà vécus par les salariés", a lâché Philippe Martinez.

Pour Sarkozy, le retour de la "Chienlit"

 Et d'ajouter qu'il aurait préféré que le Premier ministre Manuel Valls -qui s'est dit scandalisé par les agressions et a réaffirmé le soutien de l'Etat à la direction d'Air France (dans lequel il est actionnaire à 17%)- "apporte son soutien aux 3.000 salariés qui sont menacés de licenciements".

Pour rappel, la direction a indiqué qu'elle essaierait de privilégier les départs volontaires sans exclure des départs contraints. "Ce sera exceptionnel et limité", avait déclaré sur Europe 1 Alexandre de Juniac, le PDG d'Air France-KLM. Si des accords portant sur des mesures de productivité étaient signés d'ici à trois mois, il n'y aurait pas de licenciements secs, a précisé ce lundi le PDG d'Air France, Frédéric Gagey.

Du côté des Républicains, Nicolas Sarkozy évoquant -entre autres sujets- le conflit social à Air France a déclaré mardi : "C'est la chienlit, c'est le délitement de l'Etat", faisant référence à la célèbre phrase attribuée au général De Gaulle lors des manifestations de mai 1968. Un mot "dangereux" a rétorqué Manuel Valls, suivi dans sa condamnation des propos de l'ex-chef de l'Etat par François Hollande... A Air France ou ailleurs, le dialogue n'est décidément pas à l'ordre du jour.

 (Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 08/10/2015 à 8:20
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Malgré la grande expérience de management d'entreprise qu'il peut avoir, M. Bayrou est à coté de la plaque. La démocratie directe n'a rien à faire dans une entreprise. Celle-ci doit être dirigée par une équipe compétente comme chez Luft ou Britsh.

à écrit le 07/10/2015 à 16:43
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@Corso 07/10 15:20 Il faut peut-être arriver aux mesures que vous préconisez car elles engendrent des réductions de coûts mais il ne faut pas le faire n'importe comment, sinon c'est de la tactique. En premier lieu, il est nécessaire de définir un...

à écrit le 07/10/2015 à 15:38
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Cette violence qui n'est pas excusable,trouve sa source dans notre gestion des effectifs; 1:Un sans diplôme,restera ouvrier,et terminera Gueux,car la promotion est pour cette catégorie inconnue. 2:Un Etam,pourra jusqu'à 45-50 ans faire un brin de c...

à écrit le 07/10/2015 à 15:20
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Bayrou comme d'habitude n'a pas compris. Il ne s'agit pas d'utiliser une vieille formule qui a fait à l'époque un peu avancer les choses mais de prendre des mesures radicales qui redonnent tout son potentiel à l'entreprise. Il n'est plus temps des de...

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