Près de 3 milliards d'euros, 2,9 milliards exactement. C'est, selon des sources concordantes, la prévision de perte d'exploitation prévue pour l'ensemble de l'année 2020 par Air France. La perte d'Air France s'ajoutera à celle de KLM, l'autre filiale du groupe Air France-KLM, qui a fait état au premier semestre d'un résultat d'exploitation négatif de 768 millions d'euros.
Les pertes au second semestre seront lourdes
Présentée fin juillet en interne à Air France, cette prévision de perte d'exploitation de 2,9 milliards d'euros en 2020 traduit non seulement la profondeur de la crise sans précédent que traverse le transport aérien, mais aussi les difficultés du secteur à redécoller après l'arrêt quasi-total de son activité d'avril à mi-juin en raison de l'épidémie de Covid-19.
Car les pertes du deuxième semestre seront à peine moins lourdes que celles observées au premier semestre. En effet, Air France ayant essuyé une perte d'exploitation de 1,6 milliard d'euros au cours des six premiers mois de l'année (dont 1,06 milliard pour le seul deuxième trimestre), la perte d'exploitation prévue pour la deuxième partie de l'année s'élève donc à 1,3 milliard d'euros.
La demande reste faible
Depuis la reprise des vols, la demande reste faible. Avec la persistance du virus qui pousse certains pays à fermer leurs frontières ou à durcir les conditions de voyage, la compagnie n'assure en août que 60% de ses capacités en sièges prévues initialement, même si elle vole sur 80% de ses destinations. Et, sur ce programme de vols réduit, le coefficient d'occupation global était en juillet de 56%, contre 90% l'an dernier.
L'inconnue de la reprise du voyage d'affaires
Surtout, si la clientèle loisirs a repris le chemin des voyages aériens, en particulier sur les vols intérieurs, les passagers professionnels sont plus lents à reprendre le chemin des aéroports. Leur comportement à la rentrée sera déterminant pour les comptes des grands groupes aériens généralistes. Pour l'heure, Air France-KLM n'a pas beaucoup d'indications sur le sujet et s'attend à une reprise lente.
"Nous avons interrogé nos clients professionnels. Ils envisagent de reprendre une partie de leurs voyages d'affaires mais à un rythme plus lent que celui observé l'année dernière", a expliqué le 31 juillet dernier le directeur financier d'Air France-KLM, Frédéric Gagey, en qualifiant de "cruciale" la question du retour des voyages d'affaires cet automne.
Il s'exprimait lors de la présentation des comptes du deuxième trimestre aux côtés du directeur général du groupe, Benjamin Smith. Dans ce contexte d'incertitudes, ce dernier a insisté sur la valeur de la flexibilité apportée par la trentaine de Boeing 777 que possède la compagnie, lesquels ont la possibilité d'ajuster la taille de la classe affaires en une dizaine d'heures seulement. Cette possibilité avait été mise en oeuvre en 2014 par Bruno Matheu, le directeur général long-courrier de l'activité passage d'Air France de l'époque (sous la présidence d'Alexandre de Juniac à la tête d'Air France-KLM et de Frédéric Gagey à celle d'Air France), pour pouvoir retirer des sièges de classe affaires pendant les périodes creuses du voyage professionnel.
Restructuration
Malgré la crise actuelle, la direction d'Air France compte sur son plan de restructuration pour redresser la barre. La compagnie va supprimer 7.500 postes et réorganiser le réseau intérieur français en réduisant sa capacité de près de 40% et en transférant de l'activité de HOP à sa filiale low-cost Transavia. Objectif : atteindre une marge de 3% en 2022 et de 7% en 2023.
Sujets les + commentés