Air France va recapitaliser sa filiale HOP

Après trois années de fonds propres inférieurs à la moitié du capital social, HOP, la filiale régionale d'Air France, doit être obligatoirement recapitalisée d'ici à la fin de l'année, sous peine de courir le risque d'être liquidée. Le dossier sera présenté lors du prochain conseil d'administration d'Air France en juin. Selon nos informations, une recapitalisation à hauteur de 200 millions d'euros environ va être décidée. L'opération se fera sans sortie de cash pour Air France mais par la conversion d'une dette en capital.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : © Gonzalo Fuentes / Reuters)

Pour redresser les comptes de l'activité court-courrier d'Air France (200 millions d'euros de pertes en 2019), assurée aujourd'hui par Air France et sa filiale régionale HOP, la restructuration de HOP à venir s'annonce lourde. Le réseau de lignes sera réduit de manière drastique, des sites vont fermer et des suppressions de postes massives sont attendues. Pour autant, si la réduction de voilure est forte, HOP ne mettra pas la clé sous la porte. La direction d'Air France-KLM, d'Air France et de HOP n'ont cessé de le répéter ces dernières semaines, en précisant en revanche que l'activité de la compagnie serait uniquement limitée aux vols d'alimentation des hubs de Roissy-Charles de Gaulle et de Lyon. Les vols vers Orly et les lignes transversales (région-région, à l'exception de ceux vers Lyon) seront arrêtés.

Le dossier sera présenté en conseil d'administration d'Air France

Au-delà des discours, une décision forte va confirmer le maitien de HOP. Selon des sources concordantes, Air France s'apprête en effet à recapitaliser prochainement sa filiale à hauteur de 200 millions d'euros environ. Le dossier sera présenté lors du prochain conseil d'administration d'Air France. Sauf coup de théâtre d'ici-là, un avis favorable est attendu. Récemment, lors d'une visioconférence avec le personnel de HOP, Ben Smith, le directeur général d'Air France-KLM, Anne Rigail, la directrice générale d'Air France et Pierre-Olivier Bandet, le PDG de HOP, avaient indiqué que la recapitalisation n'était pas remise en cause. De quoi lever l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de la compagnie régionale. Et rassurer les salariés, inquiets des rumeurs persistantes à propos d'une fermeture de la compagnie. Car, sans cette recapitalisation, la survie de HOP est en question.

Conversion d'une dette en capital

En effet, alors que HOP était redevenue rentable en 2016 sous la direction de Lionel Guérin, la courbe s'est inversée après son départ.

Lire aussi : Lionel Guérin laisse HOP rentable avec un an d'avance sur le business plan

Depuis 2017, les fonds propres de HOP sont inférieurs à la moitié du capital social (ce qui est contraire aux exigences du Code du commerce), et une recapitalisation d'ici à la fin 2020 est obligatoire pour la compagnie, sous peine de courir le risque d'être potentiellement dissoute comme le stipule le même Code du commerce. Pour Air France, il n'y aura pas de sortie de cash. La maison-mère va faire une croix sur une créance qu'elle avait sur HOP. Une dette en compte courant va être convertie en capital. Celle-ci s'élève à environ 200 millions d'euros. Le groupe Air France avait lui-même bénéficié d'un tel jeu d'écriture comptable en 2015 quand sa maison-mère, Air France-KLM, avait annulé une dette d'environ 750 millions d'euros pour le recapitaliser.

Lire aussi : Quand Air France-KLM recapitalise Air France en catimini

Restructuration lourde

Pour autant, si HOP va continuer, la restructuration sera douloureuse. La filiale régionale d'Air France va subir une sévère cure d'amaigrissement. Son activité sera "limitée" à l'alimentation des hubs de Roissy-Charles de Gaulle et de Lyon. Hors Lyon, les autres grandes lignes régionales sont abandonnées. Les vols entre des villes françaises et l'aéroport parisien d'Orly (comme Toulon, Clermont-Ferrand...) aussi. Le développement sur le domestique de la filiale low-cost d'Air France, Transavia, est envisagé.

Ce redimensionnement de HOP va entraîner une réduction de la flotte, des fermetures de sites, des sureffectifs et des plans de départs. Pierre-Olivier Bandet, le PDG de HOP depuis un an, l'a écrit récemment dans un courrier envoyé aux salariés.

"HOP sera recentrée sur les hubs de CDG et de Lyon, avec en conséquence une réduction significative de son activité et une rationalisation plus importante de sa flotte : le nombre d'avions sera revu à la baisse par rapport aux précédentes projections, sa composition pourrait également évoluer à une échéance à définir", a prévenu le PDG dans ce courrier

Suppressions de postes

"Avant la crise, notre projet d'entreprise permettait le maintien de l'ensemble des sites et des bases PN [personnel navigant, Ndlr]. Cette crise remet en cause cet équilibre. Une concentration de l'implantation de HOP semble malheureusement inévitable [...], la viabilité de HOP dans la durée est à ce prix", a ajouté Pierre-Olivier Bandet, en précisant que "les conséquences sociales" seront traitées et accompagnées "dans le temps, entre début 2021 et l'été 2023, en "s'appuyant sur la solidarité du groupe".

Des plans de départs seront mis en place et le volontariat sera privilégié.

"Notre objectif est de gérer ces situations de sureffectifs en privilégiant le volontariat et en développant des dispositifs adaptés aux différentes situations / populations. Tous les moyens seront mobilisés : mesures de départ volontaires, dispositifs d'incitation aux départs fin de carrière, mesures d'accompagnement à la mobilité géographique et professionnelle (incluant les passerelles PN)...", a précisé Pierre-Olivier Bandet.

Les syndicats craignent plus de 1.000 suppressions de postes sur les 2.700 que compte la compagnie.

Lire aussi : Air France : pourquoi le prêt de l'Etat peut ne pas être remboursé

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 9
à écrit le 03/06/2020 à 8:58
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Il faut arrêter lés gaspillage d argent publique.Les vols interne à la France doivent être supprimés et remplacés par des TGV, c’est une question de bon sens et d’écologie d’économie!

le 03/06/2020 à 10:03
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Arrêter les subventions publiques : pourquoi pas ? ... encore que la desserte de certaines régions fait partie du rôle de l'état ! En tant que Lyonnais, je ne vois pas pourquoi mes impôts subventionnent la RATP alors que les impôts d'un parisien ne f...

à écrit le 03/06/2020 à 8:47
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Hop est la fusion ancienne de trois compagnies régionales non aboutie. Des doublons existent tel que le centre de contrôle opérationnel à Nantes alors que le CCO d' Air France est à Roissy. Regarder du côté de KLM où il n existe plus qu un CCO av...

à écrit le 02/06/2020 à 15:48
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Comme d'habitude AF serre la ceinture de sa filiale régionale avec une restructure pour ne pas dire licenciement dû au réseau domestique déficitaire. Il serait temps que AF se remette en cause car sa filiale n'est pas la seule dans le groupe AF à ...

à écrit le 02/06/2020 à 13:16
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Visiblement le mot "licenciement" est un mot imprononcable chez le groupe AF. Sera t-elle la seule compagnie au monde à ne pas en faire ?? Ils sont forts chez AF... Ou alors très peur des syndicats, comme souvent... Alors que les autres co...

le 02/06/2020 à 14:41
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Mon cher Antoine je suppose que tu ne travails pas dans le groupe AF pour avoir de tel propos !! Comment peut on souhaiter des licenciements !! La suppretion d'emploi n'est pas la solution a tous les problèmes c'est le dernier levier à utiliser pou...

le 02/06/2020 à 15:47
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Comment peux t'on souhaiter des licenciements ? il y a des familles qui travaillent dans ces entreprises. Il faut vraiment être pauvre d'esprit ou être jaloux. J'espère que vous perdrez votre emploi si vous en avez un et rapidement.

le 03/06/2020 à 9:22
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Personne ne souhaite que des salariés soient licenciés... Mais quand votre entreprise voit à minima 20% de son business disparaître, il n'y a pas bcp d'autres solutions. Certes, il va y avoir les départs naturel, surement un PDV, mais ramener à u...

le 03/06/2020 à 17:42
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Comme le dit lOracle "Personne ne souhaite que des salariés soient licenciés..." Mais il le faudra bien car le groupe AF est en surreffectif depuis des années. C'est la réalité. Sur le fond Antoine n'a pas tord: toutes les compagnies ont réagi...

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