Pour redresser les comptes de l'activité court-courrier d'Air France (200 millions d'euros de pertes en 2019), assurée aujourd'hui par Air France et sa filiale régionale HOP, la restructuration de HOP à venir s'annonce lourde. Le réseau de lignes sera réduit de manière drastique, des sites vont fermer et des suppressions de postes massives sont attendues. Pour autant, si la réduction de voilure est forte, HOP ne mettra pas la clé sous la porte. La direction d'Air France-KLM, d'Air France et de HOP n'ont cessé de le répéter ces dernières semaines, en précisant en revanche que l'activité de la compagnie serait uniquement limitée aux vols d'alimentation des hubs de Roissy-Charles de Gaulle et de Lyon. Les vols vers Orly et les lignes transversales (région-région, à l'exception de ceux vers Lyon) seront arrêtés.
Le dossier sera présenté en conseil d'administration d'Air France
Au-delà des discours, une décision forte va confirmer le maitien de HOP. Selon des sources concordantes, Air France s'apprête en effet à recapitaliser prochainement sa filiale à hauteur de 200 millions d'euros environ. Le dossier sera présenté lors du prochain conseil d'administration d'Air France. Sauf coup de théâtre d'ici-là, un avis favorable est attendu. Récemment, lors d'une visioconférence avec le personnel de HOP, Ben Smith, le directeur général d'Air France-KLM, Anne Rigail, la directrice générale d'Air France et Pierre-Olivier Bandet, le PDG de HOP, avaient indiqué que la recapitalisation n'était pas remise en cause. De quoi lever l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de la compagnie régionale. Et rassurer les salariés, inquiets des rumeurs persistantes à propos d'une fermeture de la compagnie. Car, sans cette recapitalisation, la survie de HOP est en question.
Conversion d'une dette en capital
En effet, alors que HOP était redevenue rentable en 2016 sous la direction de Lionel Guérin, la courbe s'est inversée après son départ.
Depuis 2017, les fonds propres de HOP sont inférieurs à la moitié du capital social (ce qui est contraire aux exigences du Code du commerce), et une recapitalisation d'ici à la fin 2020 est obligatoire pour la compagnie, sous peine de courir le risque d'être potentiellement dissoute comme le stipule le même Code du commerce. Pour Air France, il n'y aura pas de sortie de cash. La maison-mère va faire une croix sur une créance qu'elle avait sur HOP. Une dette en compte courant va être convertie en capital. Celle-ci s'élève à environ 200 millions d'euros. Le groupe Air France avait lui-même bénéficié d'un tel jeu d'écriture comptable en 2015 quand sa maison-mère, Air France-KLM, avait annulé une dette d'environ 750 millions d'euros pour le recapitaliser.
Restructuration lourde
Pour autant, si HOP va continuer, la restructuration sera douloureuse. La filiale régionale d'Air France va subir une sévère cure d'amaigrissement. Son activité sera "limitée" à l'alimentation des hubs de Roissy-Charles de Gaulle et de Lyon. Hors Lyon, les autres grandes lignes régionales sont abandonnées. Les vols entre des villes françaises et l'aéroport parisien d'Orly (comme Toulon, Clermont-Ferrand...) aussi. Le développement sur le domestique de la filiale low-cost d'Air France, Transavia, est envisagé.
Ce redimensionnement de HOP va entraîner une réduction de la flotte, des fermetures de sites, des sureffectifs et des plans de départs. Pierre-Olivier Bandet, le PDG de HOP depuis un an, l'a écrit récemment dans un courrier envoyé aux salariés.
"HOP sera recentrée sur les hubs de CDG et de Lyon, avec en conséquence une réduction significative de son activité et une rationalisation plus importante de sa flotte : le nombre d'avions sera revu à la baisse par rapport aux précédentes projections, sa composition pourrait également évoluer à une échéance à définir", a prévenu le PDG dans ce courrier
Suppressions de postes
"Avant la crise, notre projet d'entreprise permettait le maintien de l'ensemble des sites et des bases PN [personnel navigant, Ndlr]. Cette crise remet en cause cet équilibre. Une concentration de l'implantation de HOP semble malheureusement inévitable [...], la viabilité de HOP dans la durée est à ce prix", a ajouté Pierre-Olivier Bandet, en précisant que "les conséquences sociales" seront traitées et accompagnées "dans le temps, entre début 2021 et l'été 2023, en "s'appuyant sur la solidarité du groupe".
Des plans de départs seront mis en place et le volontariat sera privilégié.
"Notre objectif est de gérer ces situations de sureffectifs en privilégiant le volontariat et en développant des dispositifs adaptés aux différentes situations / populations. Tous les moyens seront mobilisés : mesures de départ volontaires, dispositifs d'incitation aux départs fin de carrière, mesures d'accompagnement à la mobilité géographique et professionnelle (incluant les passerelles PN)...", a précisé Pierre-Olivier Bandet.
Les syndicats craignent plus de 1.000 suppressions de postes sur les 2.700 que compte la compagnie.
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