Alstom de nouveau dans la tourmente, après un avis négatif de Moody’s

Le constructeur ferroviaire Alstom a vu ses perspectives, attribuées par l'agence de notation Moody's Investor Service, être abaissées à « négative ». Un coup dur pour le groupe qui a déjà connu une chute de son cours de Bourse après avoir avoué qu'il avait consommé plus de trésorerie que prévu.
« Le changement de perspective reflète la marge de manœuvre très limitée d'Alstom dans la catégorie Baa3, compte tenu de la faiblesse de ses indicateurs de crédit », a déclaré Moody's.
« Le changement de perspective reflète la marge de manœuvre très limitée d'Alstom dans la catégorie Baa3, compte tenu de la faiblesse de ses indicateurs de crédit », a déclaré Moody's. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

Tous les projecteurs sont braqués sur Alstom. Le constructeur ferroviaire français, qui avait retrouvé une bonne santé économique et la confiance des investisseurs ces dernières années, semble de nouveau en mauvaise posture. Jeudi, l'agence de notation Moody's Investor Service a maintenu sa notation de crédit, mais a abaissé sa perspective sur le groupe à « négative », rapprochant encore l'entreprise de la catégorie spéculative.

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« Le changement de perspective reflète la marge de manœuvre très limitée d'Alstom dans la catégorie Baa3, compte tenu de la faiblesse de ses indicateurs de crédit », explique l'agence de notation, qui mentionne notamment les difficultés de trésorerie.

La dégradation de la perspective « reflète également son faible historique en matière de redressement de ses performances opérationnelles et de ses flux de trésorerie ». Et cette publication n'est pas à prendre à la légère. La note Baa3 de Moddy's est la dernière avant que l'entreprise ne soit considérée comme spéculative, ce qui entraîne une hausse des taux d'intérêt pour ses financements.

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Pour le moment donc, étant donné que sa note reste inchangée, Alstom a assuré que « le changement de perspective n'aura pas d'impact sur sa capacité à accéder au financement à court terme et à l'exécution des contrats », dans un communiqué. Le constructeur a réaffirmé « son engagement » à rester dans la catégorie « Investment Grade », celle des émetteurs considérés comme les plus solides financièrement.

Chute de près de 40% en Bourse

Le mois d'octobre est donc difficile pour Alstom puisqu'il s'agit de la deuxième mauvaise nouvelle qui frappe le groupe. Le 4 octobre dernier, le deuxième plus gros constructeur ferroviaire au monde avait informé, dans un communiqué, qu'il avait enregistré un flux de trésorerie disponible négatif de 1,15 milliard d'euros au premier semestre de son exercice décalé 2023/2024, et table sur une fourchette allant de -500 et -750 millions d'euros sur l'exercice. Et ce, alors que le flux de trésorerie était auparavant annoncé comme « significativement positif » sur l'exercice, expliquent les analystes de Stifel, qui explique que l'avertissement « va immédiatement déclencher des interrogations sur la santé du bilan » du groupe.

Le lendemain, l'action de l'entreprise avait de facto plongé de plus de 37%. Ce sont ainsi près de 3 milliards d'euros qui se sont évaporés pour les actionnaires.

Alstom a pourtant tenté de rassurer les marchés à la publication de son résultat. « Nous sommes engagés dans une forte montée en puissance, en particulier dans l'activité Matériel Roulant, qui, en s'additionnant à des projets hérités du portefeuille passé en phase de finalisation au même moment, pèse sur le cash-flow libre de ce premier semestre », a expliqué le PDG Henri Poupart-Lafarge, cité dans le communiqué mercredi. Mettant en avant la croissance de son carnet de commandes, Alstom indique être sur une hausse d'activité de 10% par an en moyenne pour sa division « Matériel Roulant ». Sur ce flux de trésorerie disponible négatif de 1,15 milliard, la moitié tient à la montée en cadence de la production du constructeur qui a conduit à augmenter fortement les stocks afin d'éviter une rupture des chaînes de production. Cela devrait être « totalement résorbé dans les années » à venir, affirme le groupe.

Cependant, selon les analystes de Stifel, cet avertissement « va immédiatement déclencher des interrogations sur la santé du bilan » du groupe. « On a du mal à comprendre comment les inventaires peuvent augmenter aussi massivement dans un contexte d'amélioration des chaînes d'approvisionnement », ont-ils estimé, évoquant la possibilité « de problèmes plus importants ».

Une bonne diversification et des « fondamentaux favorables »

Ce jeudi cependant, Moody's souligne que « le modèle économique d'Alstom s'appuie sur les fondamentaux favorables du marché ferroviaire, une bonne diversification géographique et des produits, une clientèle composée en grande partie d'entités publiques et un carnet de commandes record » pour justifier son maintien dans la catégorie.

Les investisseurs en sauront plus sur la santé d'Alstom le 15 novembre, lors de la publication de ses résultats pour le premier semestre de son exercice décalé.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 13/10/2023 à 10:16
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Pourtant ils ont engrangé de nombreuses commandes ces 5 dernières années grace leur fusion avec Bombardier qui leur a permis de multiplier les contrats et bénéficier de l'implantation des usines bombardiers dans certains pays à forte croissance . Ma...

le 13/10/2023 à 16:31
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Il est à craindre qu'Alstom ne soit devenu le champion de la vente à perte: je perds sur chaque contrat...et je me "rattrape sur le volume" (j'ironise, bien sûr) !

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