Dans un premier trimestre atypique, Alstom trouve des relais pour préserver sa croissance

Face à un ralentissement, au moins temporaire, de ses axes forts, Alstom a pu compter sur le développement d'autres marchés pour son premier trimestre 2023-2024. Pas de quoi égaler la performance de l'an dernier, mais de préserver tout de même l'équilibre entre commandes et chiffre d'affaires.
Léo Barnier
Alstom compte accélérer son développement sur le marché américain.
Alstom compte accélérer son développement sur le marché américain. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

A l'occasion des résultats de son premier trimestre 2023-2024, Alstom s'est montré confiant. « Notre dynamique de marché est confirmée et notre potentiel de croissance est intact avec un pipeline de 220 milliards d'euros sur les trois prochaines années », a affirmé d'entrée de jeu Laurent Martinez, directeur financier du groupe ferroviaire français pour quelques semaines encore. Pourtant celui-ci a fait face à un recul net de son niveau de commandes par rapport au premier trimestre de l'exercice 2022-2023. Il semble néanmoins avoir trouvé des relais de croissance sur le marché américain et les systèmes.

Pour expliquer ce recul de 31 % des commandes en ce début d'exercice 2023-2024 (1er avril-30 juin), à 3,9 milliards d'euros, Laurent Martinez a rappelé qu'Alstom avait signé l'an dernier un contrat de 2,5 milliards d'euros pour la fourniture de 130 trains Coradia Stream à l'opérateur Landesanstalt Schienenfahrzeuge Baden-Württemberg (SFBW). Ce contrat faramineux lui avait permis d'atteindre la performance remarquable de 5,6 milliards d'euros de ventes sur un seul trimestre.

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L'Europe en recul face au potentiel américain

Si l'Europe est restée son principal débouché avec près de la moitié de ses commandes obtenues sur le Vieux Continent, sa place a reculé par rapport aux deux derniers exercices où elle représentait plus de 60 % des ventes. Sur une vision à plus long terme, l'Europe représente 55 % du carnet de commandes total du groupe.

La bonne nouvelle est venue du marché Amériques et plus précisément des Etats-Unis. La région, qui représente traditionnellement 16 % du carnet de commandes d'Alstom, est montée à 22 % des prises de commandes sur ce premier trimestre. L'activité a été dopée par un contrat de plus de 667 millions d'euros avec la Southeastern Pennsylvania Transportation Authority (SEPTA) pour la livraison de 130 tramways Citadis.

« C'est une preuve du potentiel de croissance que nous voyons sur le marché américain, s'est réjoui Laurent Martinez. Pour rappel, nous espérons doubler nos prises de commandes moyennes dans la région dans les années à venir par rapport aux trois dernières années. » Cela a déjà été le cas pour ce trimestre avec 848 millions d'euros de commandes enregistrées contre 405 millions d'euros l'an dernier sur la même période.

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Les larges systèmes retrouvent de l'allant

D'autres relais de croissance potentiels ont également émergé en termes de secteurs. Alors que les matériels roulants représentent la moitié du carnet de commandes d'Alstom, ils ont dû se contenter d'à peine plus d'un tiers des ventes (36 %) en ce début d'exercice. Le groupe a vu ses commandes tirées par les systèmes. Avec 1,5 milliard d'euros de contrats engrangés, ils ont représenté 38 % des ventes. C'est plus que sur l'ensemble du dernier exercice. Laurent Martinez note ainsi le rétablissement des commandes sur les grands systèmes après un exercice 2022-2023 très modeste.

Henri Poupart-Lafarge, président du conseil d'administration et directeur général d'Alstom, s'est lui aussi félicité de cette progression, portée par « des contrats importants dans l'activité Systèmes aux Philippines et en Roumanie ». C'est d'autant plus notable que ce secteur ne pèse que 7 % du carnet de commandes du groupe.

Les activités de signalisation sont restées stables avec 469 millions d'euros de prises de commandes sur ce premier semestre, soit autant que l'an dernier à la même période. En revanche, le montant de contrats de services a été divisé par trois à 554 millions d'euros. Ces deux secteurs ont représenté respectivement 12 % et 14 % des prises de commandes sur le trimestre.

Dans l'ensemble, ces 3,9 milliards d'euros de nouveaux contrats ont tout de même permis à Alstom de préserver le niveau de son carnet de commandes à 87 milliards d'euros. Le groupe a en effet affiché un chiffre d'affaires en légère hausse de 4,3 %, pour atteindre 4,2 milliards d'euros. Il a d'ailleurs confirmé son ambition d'atteindre un « book-to-bill » (ratio commandes sur chiffre d'affaires) supérieur à un sur l'ensemble de l'exercice 2023-2024, avec une optique de progression moyenne de vente de l'ordre de 5 % par an.

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Parenthèse ou mouvement de fond

Pour l'instant, il ne s'agit encore que d'une parenthèse. Le chiffre d'affaires réalisé en ce début d'année montre bien que les grands équilibres ne sont pas bouleversés (les contrats sont majoritairement payés après la signature, à la livraison des matériels ou à l'exécution des services). Sur le plan géographique, l'Europe a représenté 60 % des revenus engrangés, tandis que sur le plan sectoriel le matériel roulant était à 55 %. Ce qui représente assez fidèlement le carnet de commandes du groupe.

Alstom a d'ailleurs remporté plusieurs contrats en juillet qui pourraient préfigurer un retour au premier plan de ces traditionnels axes forts après ce premier trimestre atypique. Le groupe a ainsi signé un accord-cadre de 500 millions d'euros avec la société de location de locomotives française Akiem (ex-filiale de la SNCF) pour la vente de 100 locomotives Traxx Universal multi-systèmes (MS3) - avec une tranche ferme de 65 locomotives déjà commandée. Dans la foulée, il a obtenu une commande de la part de Railpool, concurrent allemand d'Akiem, pour 50 locomotives Traxx et un montant pouvant aller jusqu'à 260 millions d'euros. Enfin, il a conclu la vente de 40 trains Coradia Stream et leur maintenance pendant 30 ans avec l'opérateur de transport allemand Nahverkehrsverbund Schleswig-Holstein (NAH.SH) pour 900 millions d'euros.

Léo Barnier

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