
Les sociétés autoroutières vont-elles, comme l'année dernière, consentir à accorder une ristourne aux automobilistes sur la route des vacances ? C'est le souhait de Clément Beaune, ministre délégué aux Transports, qui s'est exprimé ce matin sur RTL :
« On est à quelques semaines des grands départs qui vont se faire à partir de fin juin, début juillet, pour beaucoup de Français. On sait qu'on est dans une période difficile, d'inflation, de difficultés sur le pouvoir d'achat. Et donc je pense (...) que, dans ce contexte, il est important que les sociétés d'autoroutes fassent un geste commercial, fassent une réduction, une ristourne ».
Ne pas attendre la mi-juillet
Les principales sociétés d'autoroutes avaient concédé l'été dernier une réduction de 10% sur les trajets des détenteurs d'un badge de télépéage, à condition qu'ils règlent en chèques vacances.
« Je souhaite qu'on ait un geste au moins équivalent cette année pour les familles qui partent en vacances par la route » et que la mesure soit appliquée dès les premiers départs, et non pas à la mi-juillet comme l'an dernier.
« On a besoin de ce geste, c'est ma responsabilité de ministre des Transports. Je ne suis pas ministre des sociétés d'autoroutes, je suis ministre de tous les Français qui partent en vacances et qui circulent aussi en voiture », a relevé Clément Beaune.
Le ministre a qualifié au passage de « démagogie » la proposition du député François Ruffin de rendre les autoroutes gratuites cet été. L'élu LFI s'était exprimé début mai à l'Assemblée nationale, après la publication d'un rapport de l'Inspection générale des finances, qui soulignait que le prix des péages était indexé à l'inflation, « à la différence des salaires », s'était-il emporté.
« Alors dès cet été, agissez pour les Français. Les autoroutes gratuites ? Oui, levez les barrières, levez les barrières de péage, levez les barrières pour les vacances », avait-il asséné face au ministre des Transports.
Ce dernier a précisé ce matin qu'il allait discuter des « modalités » de ces ristournes avec les sociétés d'autoroutes la semaine prochaine.
Alors que le gouvernement envisage de raccourcir les concessions accordées aux sociétés autoroutières, des rapports contradictoires, jugements définitifs puis démentis, rendent difficile toute analyse du modèle économique du secteur. « Le débat sur la rentabilité des sociétés concessionnaires d'autoroutes repose de moins en moins sur des considérations objectives. On est bien souvent dans des débordements passionnels », a déploré le 29 mars le président de Vinci Autoroutes, Pierre Coppey, au Sénat. Il estime sa rentabilité plutôt inférieure à ce qui était prévu lorsque les autoroutes ont été privatisées en 2006. Et de dénoncer des « rapports plus ou moins à charge, sur la base de données fausses ou peu objectives » selon lui. Deux études pointent du doigt les autoroutes de Vinci dans le sud de la France et d'Eiffage dans le centre-est : un rapport du sénateur Vincent Delahaye (UDI) de 2020 et un autre de l'Inspection générale des finances (IGF) de 2021. « On a Vinci et Eiffage sur lesquels il faut réagir », avait alors insisté le sénateur de l'Essonne qui - jugeant ses calculs toujours valables - concluait à une « surrentabilité », une fois atteint le taux de rentabilité de 8% prévu d'ici fin 2024, « de 30 à 35 milliards d'euros », au total pour les deux groupes. Les patrons des sociétés concessionnaires d'autoroutes renvoient aux calculs de l'Autorité de régulation des transports (ART), qui ne montrent pas de rentabilité excessive.La rentabilité des sociétés d'autoroutes n'en finit pas de faire débat
(Avec AFP)
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