Fret maritime : le transit des navires du géant danois Maersk en mer Rouge toujours interrompu

Après avoir suspendu son transit en mer Rouge dimanche dernier, le géant danois du fret a annoncé prolonger cette interruption. En cause, une situation sur la zone toujours aussi dangereuse. Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU est censée aborder le sujet aujourd'hui.
« Nous avons décidé d'interrompre tous les transits par la mer Rouge et le golfe d'Aden jusqu'à nouvel ordre », a indiqué le groupe Maersk dans un communiqué ce mercredi.
« Nous avons décidé d'interrompre tous les transits par la mer Rouge et le golfe d'Aden jusqu'à nouvel ordre », a indiqué le groupe Maersk dans un communiqué ce mercredi. (Crédits : SCANPIX DENMARK)

Les ennuis continuent en mer Rouge pour le géant danois du fret maritime Maersk. Le groupe a en effet annoncé mardi ne pas reprendre le passage de sa flotte par le détroit stratégique de la mer Rouge, suite à sa suspension dimanche après l'attaque des rebelles Houthis contre un de ses navires.

« Nous avons décidé d'interrompre tous les transits par la mer Rouge et le golfe d'Aden jusqu'à nouvel ordre », a indiqué le transporteur dans un communiqué, précisant qu'une enquête était en cours.

Et d'ajouter : « Dans les cas où cela s'avère le plus judicieux pour nos clients, les navires seront réacheminés par le cap de Bonne-Espérance », tout au sud de l'Afrique.

Attaqué plusieurs fois par les rebelles Houthis

Dimanche dernier, le porte-conteneurs Maersk « Hangzhou » a rapporté avoir été touché par un missile lors de son passage par le détroit de Bab al-Mandeb, puis avoir été attaqué par quatre navires des rebelles Houthis qui tentaient de monter à bord. L'armée américaine a indiqué ensuite avoir coulé trois navires des rebelles, après des attaques contre un porte-conteneurs du transporteur danois Maersk. Dix rebelles ont été tués dans cette frappe, selon leur porte-parole.

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C'est la deuxième fois que l'armateur suspend la navigation en mer Rouge. Mi-décembre, tout comme d'autres géants du transport maritime mondial - dont CMA-CGM (propriétaire de La Tribune)Hapag Lloyd ou le géant suisse MSC - le groupe danois avait cessé le passage de ses navires via cette route commerciale majeure, après des attaques perpétrées par les Houthis. Maersk avait annoncé les reprendre le 24 décembre dernier pour les suspendre une semaine après.

Selon le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom), à ce jour, 24 incidents (attaques, tentatives d'abordage) ont été comptabilisés en mer Rouge.

Axe stratégique pour le commerce mondial

Avec 12% du commerce mondial qui y transite selon la Chambre internationale de la marine marchande (ICS), la mer Rouge est une « autoroute de la mer » reliant la Méditerranée à l'océan Indien, et donc l'Europe à l'Asie. Environ 20.000 navires transitent chaque année par le canal de Suez, porte d'entrée et de sortie des navires passant par cette zone.

Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, les Houthis ont à plusieurs reprises pris pour cible des navires empruntant la voie maritime vitale de la mer Rouge, avec des frappes qu'ils disent destinées à soutenir les Palestiniens de Gaza. La faction yéménite, qui se dit solidaire du Hamas palestinien dans sa guerre contre Israël dans la bande de Gaza, a prévenu qu'ils viseraient tous les navires naviguant au large des côtes du Yémen ayant des liens avec Israël.

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Une coalition d'auto-défense menée par les USA

Pour contrer ces attaques, les États-Unis ont mis sur pied au début du mois une force navale multinationale chargée de protéger les navires de la mer Rouge. Membre de cette coalition, le Royaume-Uni, a envoyé mi-décembre le destroyer britannique HMS Diamond dans la région. Dans une tribune publiée lundi dans la presse, le ministre de la Défense britannique s'est, par ailleurs, dit prêt « à prendre des actions directes » contre les rebelles Houthis, avec des potentielles « mesures supplémentaires ».

Considéré comme proche des rebelles Houthis, l'Iran est également accusé par les chancelleries occidentales d'aider les rebelles yéménites à mener ces attaques. Un fait fermement démenti par la République islamique. Une réunion ce mercredi du Conseil de sécurité de l'ONU sur le maintien de la paix doit, selon la diplomatie française, aborder la question des attaques Houthis en mer Rouge.

Cette nouvelle rencontre intervient alors que les rebelles yéménites ont tiré deux nouveaux missiles mardi soir en direction de navires marchands, a confirmé l'armée américaine après de premières indications de l'agence de sécurité maritime britannique (UKMTO). Dans un premier temps, l'UKMTO avait fait état d'explosions à proximité d'un navire commercial qui circulait dans le sud de mer Rouge, entre les côtes de l'Erythrée et du Yémen, précisant qu'il n'y avait eu aucun dommage et que l'équipage était « sauf ».

Dans la foulée, le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a indiqué que les rebelles Houthis avaient tiré deux missiles balistiques antinavires dans une zone du sud de la mer Rouge où se trouvaient de nombreux navires commerciaux « sans faire de dommage ».

Le pétrole flanche malgré les tensions en mer Rouge

Les prix de l'or noir fléchissaient ce mercredi, lestés par une augmentation des exportations maritimes de brut russe, malgré les inquiétudes autour des tensions en mer Rouge. Vers 10h40 GMT (11h40 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, perdait 0,32%, à 75,65 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en février, baissait de 0,47%, à 70,06 dollars, peu après avoir glissé sous la barre des 70 dollars.

Les prix perdent du terrain malgré « les inquiétudes persistantes concernant le transport maritime (de brut) via la mer Rouge, car le marché semble se concentrer davantage sur les signaux baissiers comme les préoccupations sur l'économie mondiale », expliquent les analystes d'Energi Danmark.

« Une escalade significative des tensions dans la région (...) pourrait potentiellement entraîner des perturbations de l'approvisionnement en pétrole en plus de rediriger les navires, ce qui entraînerait des durées de voyage plus longues et une assurance plus élevée », explique Tamas Varga, analyste chez PVM Energy.

En plus des « incertitudes liées à la demande », les prix restent sous pression en raison de « l'augmentation de l'offre mondiale, en particulier de la part des producteurs hors Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr) », explique John Plassard, de Mirabaud, mentionnant des niveaux de production records aux Etats-Unis et au Brésil.

(Avec AFP)

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