Air Caraïbes et French Bee, les deux compagnies aériennes du Groupe Dubreuil, serrent les boulons. L'année 2020 ne se traduira pas par un résultat "un peu positif" comme le groupe l'espérait encore fin mars avant de mettre à l'arrêt la quasi-totalité de son activité. Mais "par une perte financière importante et encore inédite sur le pôle Aérien", ont indiqué Jean-Paul Dubreuil, président du conseil de surveillance du groupe éponyme, et son fils Paul-Henri Dubreuil, président du directoire, dans un courrier envoyé aux salariés le 4 mai que La Tribune s'est procuré. Et ce, précisent-ils, "malgré l'annulation par le Groupe de trois mois de loyers d'avions loués à Air Caraïbes et French Bee".
Reprise lente
En effet, malgré la prise en charge par l'Etat du chômage partiel et le report des charges sociales, la période d'arrêt de l'exploitation des vols commerciaux a un coût. Commencée fin mars, elle devrait s'achever fin juin avec la réouverture espérée d'Orly le 26 juin. Surtout, le redémarrage de l'activité s'annonce coûteux en raison de la lenteur attendue de la reprise du trafic, laquelle sera probablement marquée par des prix bas. Air Caraïbes et French Bee prévoient dans un premier temps de desservir la Guadeloupe, la Martinique, Cayenne et La Réunion.
"Notre réseau est constitué à 85% de lignes desservant les Départements et Territoires d'Outre-Mer français et accueille un grand nombre de clients « affinitaires ». Nous espérons retrouver ces passagers dès qu'il leur sera possible de voyager. Pour la clientèle touristique, il faudra sûrement attendre l'hiver prochain pour les retrouver peu à peu", expliquent les deux dirigeants.
Report des livraisons d'A350
Même si les deux compagnies aériennes disposent d'une trésorerie abondante (125 millions d'euros fin mars que la direction ne comptait pas entamer pendant la phase d'arrêt de l'activité), le Groupe Dubreuil a déposé le 4 mai une demande de prêt garanti par l'Etat (PGE) et a négocié le report d'un an des livraison d'Airbus A350 actuellement en commande. Air Caraïbes et French Bee devaient notamment recevoir quatre A350 d'ici à fin 2021. Les actionnaires ont par ailleurs renoncé à leur dividende.
"Même si nous obtenons ce PGE, il nous faut absolument limiter les pertes financières et être prêts à redémarrer progressivement dès que les contraintes administratives et sanitaires le permettront", indiquent Jean-Paul et Paul-Henri Dubreuil.
"Opérer moins cher"
Ces derniers visent en effet un résultat positif en 2021, et leur volonté de redécoller plus fort que les autres n'a pas changé. Un plan d'amélioration de la performance est en cours de négociation. En plus de négocier des baisses de coûts auprès de des sous-traitants et fournisseurs, le Groupe Dubreuil vise "une amélioration de 10% des coûts sociaux" de son pôle aérien. "Et ce au plus tôt".
"Nous devons dès à présent réduire le poids de la masse salariale pour opérer moins cher et revenir à des fonctionnements bien plus efficaces", expliquent Jean-Paul et Pierre-Henri Dubreuil, en précisant qu'ils cherchaient à maintenir l'emploi.
Dénonciation des accords en cas d'échec des négociations
Pour réduire sa masse salariale, le groupe ne veut pas couper dans les effectifs des salariés en contrat à durée indéterminée (CDI). Il veut en revanche mettre fin à certains usages en vigueur depuis des années et introduire des mesures d'amélioration de la productivité. Les contrats à durée déterminée (250 environ) ne seront quant à eux pas renouvelés. Des négociations ont débuté avec les syndicats d'Air Caraïbes, d'Air Caraïbes Atlantique et de French Bee, avec l'objectif d'aboutir à des accords fin mai-début juin. Un échec risque néanmoins de se traduire par une dénonciation des accords collectifs et des usages.
Sujets les + commentés