"Nous voulons multiplier par 4 ou 5 notre activité en 18 mois", Olivier Binet (Karos)

La startup parisienne vient de lever 4,2 millions d'euros et veut accélérer son déploiement sur le territoire français et ainsi consolider son leadership. Olivier Binet, cofondateur de Karos, veut également tester un marché étranger.
Nabil Bourassi
Olivier Binet estime que Karos est bien positionné pour conforter sa position de leader sur le marché français.
Olivier Binet estime que Karos est bien positionné pour conforter sa position de leader sur le marché français. (Crédits : Karos)

LA TRIBUNE - Karos a annoncé une levée de fonds de 4,2 millions d'euros en début de semaine, c'est beaucoup plus que les 3 millions annoncés par votre concurrent Klaxit (ex-WayzUp) un mois auparavant. Est-ce que cela reflète votre position sur le marché ?

OLIVIER BINET - Le marché du covoiturage courte-distance est encore embryonnaire et il est encore difficile d'établir des statistiques nationales... Il n'empêche qu'en Ile-de-France, les opérateurs remontent leurs performances commerciales pour bénéficier de la subvention de 2 euros par trajet offerte par la région. On constate alors que sur un marché que se partagent 17 opérateurs, Karos représente la moitié de l'activité. Nous considérons que l'Ile-de-France est le principal marché hexagonal, ce qui fait de Karos probablement le leader en France.

J'ajoute que l'application mobile de Karos a été téléchargée plus de 100.000 fois, soit beaucoup plus que celles de nos concurrents. Le résultat de cette position c'est que notre plateforme propose près de 410.000 opportunités de covoiturage par jour, soit une masse critique la plus importante du marché.

Quels sont les objectifs de votre levée de fonds ?

Nous allons accélérer notre développement en passant de 20 à 40 personnes. Notre objectif est de multiplier par 4 voire 5 nos utilisateurs et ainsi atteindre les 500.000 utilisateurs dans les 18 prochains mois. Nous allons être offensifs dans la promotion de nos offres d'un point de vue commercial et marketing auprès des particuliers, mais également auprès des entreprises et collectivités territoriales.

Nous allons ainsi fournir un gros travail sur les process de ces offres pour aller conquérir des territoires avec une approche institutionnelle renforcée. C'est-à-dire en coopérant avec les opérateurs publics de transports en commun.

D'ailleurs, nous avons défini 12 métropoles cibles sur lesquelles nous allons être très offensifs. Jusqu'ici, notre activité était pour les deux tiers concentrée sur l'Ile-de-France, nous voulons nous déployer plus largement. Enfin, nous irons probablement début 2019 tester un marché à l'étranger.

Est-ce que votre modèle dépend des subventions que les collectivités locales veulent bien mettre en place pour soutenir votre activité ?

Notre métier, c'est le transport collectif... À cet égard, les collectivités locales peuvent nous observer comme des opérateurs de transports publics comme un autre. Je rappelle que chaque année en France, ce marché du transport public coûte 20 milliards d'euros au contribuable, en plus du trajet dont il doit s'acquitter en tant qu'usager. Avec le covoiturage courte-distance, nous proposons aux collectivités locales d'optimiser le transport dans les zones les moins denses pour un coût 10 à 15 fois moins élevé que s'il avait fallu mettre en place un réseau de bus.

J'ajoute que Karos a développé une application exclusive avec un algorithme complexe qui permet de calculer un trajet pertinent à chaque utilisateur et qui intègre les réseaux de mass transit (bus, métro, tramway...). Cette intermodalité s'inscrit parfaitement dans la stratégie des régions pour améliorer la mobilité des administrés sans plomber davantage les comptes publics. Il est donc logique que notre activité reprenne une partie de l'enveloppe allouée chaque année par les collectivités locales au transport public.

Vous évoquiez un marché avec 17 acteurs, mais vous regardez également à l'étranger... Est-ce que vous cherchez des opportunités d'acquisitions qui vous permettrez d'accéder à des volumes ou des positions de leaders dans certains territoires ?

Si consolidation il doit avoir, elle devra se faire entre les 3 ou 4 premiers acteurs, car les autres sont beaucoup trop petits pour donner une masse critique significative qui justifierait une acquisition avec ce que cela implique en termes d'intégration technique et humaine. Notre activité est encore naissante et elle s'accélère. Pour autant, notre modèle a désormais prouvé sa soutenabilité et sa viabilité.

Le niveau de satisfaction des clients est élevé et les contrats sont régulièrement reconduits (avec les entreprises et collectivités locales, Ndlr). Selon nous, l'enjeu et la priorité de ces prochains mois sera de réussir notre redimensionnement, ce ne sera pas simple, mais c'est une nouvelle période qui s'ouvre et Karos est en bonne position pour accélérer.

Nabil Bourassi

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Commentaire 1
à écrit le 21/04/2018 à 17:58
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Magnifique ,encore une start up qui va lever des millions,embaucher plein de salariés,avoir une croissance a deux chiffres,mais qui ne gagnera jamais un kopek(c'est a celle qui bouffera le plus de capital,le plus vite.Vivement la hausse des taux,que ...

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