Transports publics : tout comprendre aux RER métropolitains

À l'issue du Conseil de planification écologique, le président Macron a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 700 millions d'euros pour 13 projets de « RER métropolitains ». De quoi s'agit-il ? De quand date cette réflexion ? Qui sont les territoires concernés ? Pour quel budget ? Décryptage.
(Crédits : Reuters)

Les « RER métropolitains » sont (enfin) sur les rails. Après avoir promis, il y a près d'un an, leur lancement dans les principales agglomérations françaises, Emmanuel Macron a acté le déblocage d'une enveloppe de 700 millions d'euros pour financer 13 projets. « Nous engageons 700 millions d'euros de l'Etat pour accompagner les projets, qui donneront lieu à une planification », a ainsi annoncé le chef de l'Etat à l'issue du Conseil de planification écologique à l'Elysée le 25 septembre dernier.

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Le président a salué ces projets RER métropolitains comme faisant partie de l'écologie « créatrice de valeur », estimant que « cela permettra de lancer des projets pour notre industrie ferroviaire et les emplois qui vont avec ». Dans les faits, ils auront pour objectif de densifier les réseaux de transports collectifs urbains et péri-urbains, afin de renforcer les alternatives à la voiture individuelle dans les trajets du quotidien. Dénommés plus formellement Services express régionaux métropolitains (SERM), ils s'appuieront sur une approche multimodale : trains, tramways et bus.

Une dizaine de projets présélectionnés

13 projets ont d'ores et déjà été sélectionnés, a encore indiqué Emmanuel Macron, mardi, précisant que d'autres moins matures sont « dans la file d'attente ». Leur choix semble s'appuyer sur le rapport du Conseil d'orientation des infrastructures (COI, un organe administrativo-politique chargé de plancher sur le sujet), remis au gouvernement en février dernier. Celui-ci faisait, en effet, état de 13 agglomérations comme étant à des stades de maturité plus avancés, expliquait alors une source gouvernementale, sur une base de 30 possibles.

La carte du COI fait ainsi apparaître les métropoles de Marseille-Toulon-Nice regroupées dans un même projet, mais aussi les grandes villes de Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, Rouen, Lille, Lyon, Grenoble ainsi que le sillon lorrain-Luxembourg et l'axe Mulhouse-Bâle.

Tout juste élu président de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation de l'Assemblée nationale, à la suite de la nomination de Thomas Cazenave comme ministre du Budget, David Valence cite pour sa part Bordeaux « comme l'exemple le plus avancé ». A l'exception de Strasbourg qui déploie déjà son propre projet, ou encore le Léman Express entre Annemasse et Genève.

Dans les tuyaux figurent aussi Caen, Reims, Angers, Le Mans, Tours, Orléans, Dijon, Besançon, Clermont-Ferrand, Saint-Etienne, Chambéry, Montpellier ou encore le Pays Basque San Sebastian Béarn.

« La carte du COI sert de base de travail. La liste sera affinée à la suite de ma proposition de loi », a assuré pour sa part Jean-Marc Zulesi à La Tribune. Le président Renaissance de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale est, en effet, porteur d'une proposition de loi pour la mise en place de ces services express régionaux métropolitains, mais aussi pour la simplification et l'accélération de leur déploiement. Adoptée en première lecture au Palais-Bourbon en juin, elle doit passer au Sénat dans la deuxième quinzaine du mois d'octobre.

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Selon une autre source gouvernementale, les discussions ont également déjà été engagées avec les conseils régionaux en lien avec les autres collectivités locales dans le cadre du volet mobilité des contrats de plan Etat-région (CPER), tant pour confirmer la liste définitive des projets que les engagements financiers des parties prenantes. « C'est tout l'objet des concertations en cours », résume cette même source.

 « Nous aurons, dès octobre, la signature des contrats de plan Etat-région avec le déploiement des financements sur ces premiers projets en même temps que le plan ferroviaire », a d'ailleurs avancé Emmanuel Macron. Pour rappel, celui-ci prévoit 100 milliards d'euros supplémentaires d'ici à 2040 pour développer le ferroviaire en France. Il avait été annoncé le 24 février dernier par la Première ministre, Elisabeth Borne. Etabli lui aussi sur la base du rapport du Conseil d'orientation des infrastructures, il a pour objectif premier de renforcer les investissements pour la régénération et la modernisation du réseau ferré, menacé d'obsolescence, mais il comprend également la création des SERM.

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Un budget à compléter largement

Malgré l'enthousiasme du chef de l'Etat, qui y voit un « chantier d'aménagement du territoire, mais aussi industriel, qui va représenter au total 10 milliards d'euros, et qui va faire massivement travailler des industriels français », la question du financement demeure. Les 700 millions d'euros promis sur 10 milliards d'euros font l'effet d'une goutte d'eau, et le montant total à consentir pourrait aller bien au-delà.

Pour la seule agglomération bordelaise, la structuration de trois lignes traversantes doit s'étaler d'ici à 2030 pour environ... 700 millions d'euros. L'enveloppe globale annoncée par Emmanuel Macron risque donc de s'avérer bien maigre.

A l'instar du reste du plan ferroviaire, les investissements vont donc être partagés entre les différentes parties prenantes. L'Etat donc, mais aussi les collectivités locales - dont le niveau de participation devrait se dessiner avec la signature des contrats de plan Etat-Régions - et la SNCF. Le groupe ferroviaire a assuré qu'il participerait au financement des 100 milliards d'euros à hauteur de ses moyens, et donc potentiellement à ces RER métropolitains.

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Une question de gouvernance à trancher

Outre le financement, la question de la gouvernance va aussi devoir être réglée dans un projet qui regroupe l'Etat, les collectivités locales ou encore SNCF Réseau en tant que gestionnaire d'infrastructures. Le pilote devrait être la Société du Grand Paris (SGP), l'établissement public qui construit le métro du Grand Paris Express.

Cette option a été posée dans la proposition de loi de Jean-Marc Zulesi, dont l'article 2 propose de modifier les statuts de la Société du Grand Paris « afin qu'elle puisse contribuer au déploiement du programme et, le cas échéant, intervenir sur d'autres opérations de transports collectifs à la demande de l'Etat ou des collectivités. ». Elle pourrait dès lors prendre le nom de Société des Grands Projets.

Des annonces qui ne suscitent pas d'enthousiasme en régions

En régions, les annonces successives du chef de l'Etat comme la proposition de loi en cours de discussion au Parlement ne suscitent d'ailleurs pas l'enthousiasme. « L'Etat n'interviendra que sur les infrastructures. Le point de départ d'un système express régional métropolitain, c'est d'abord un accord entre une métropole et une région. Si ça ne marche pas entre les deux, ça ne pourra jamais se faire », pointe, auprès de La Tribune, le député « radical » des Vosges David Valence, président du Conseil d'orientation des infrastructures (COI).

Le ton est encore plus ferme à Bordeaux. « On avance avec la Région, on n'a pas besoin de l'Etat ! Cela risque de compliquer plutôt que de simplifier le dossier », prévient ainsi Alain Anziani, le président de Bordeaux Métropole.

Même son de cloche chez Renaud Lagrave, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine chargé des transports : « On n'a pas attendu l'Etat pour se mettre au travail, on a déjà une feuille de route et une gouvernance installée, le projet est en marche ». Si ces élus locaux ne refuseront évidemment pas des financements, ils souhaitent surtout qu'ils soient à la hauteur et qu'ils ne viennent pas ralentir un chantier déjà très long.

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Commentaire 1
à écrit le 27/09/2023 à 20:29
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Consternant 700 millions d'€ pour 13 projets soient 54 millions d'€ par projet 🤔cela paiera à peine les études préliminaires. Et puis on parle d'un déploiement à partir de 2042 ,d'ici 20 ans le coût d'un tel projet explosera et finalement ce dernie...

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