Gestion de l’eau : La Bretagne lance une campagne de sensibilisation aux écogestes et vote « un plan de résilience »

La ressource en eau subit l’impact du changement climatique. Décliné en six axes, le plan breton de résilience pour l’eau a été voté lors de la session plénière du Conseil régional des 29 et 30 juin. Celui-ci s’appuie sur les préconisations de l’Assemblée bretonne de l’eau, mise en place en 2022. Une campagne grand public de sensibilisation aux écogestes a été lancée le 12 juin.
La Région Bretagne a lancé en juin, pour tout l'été et jusqu'en octobre, une campagne de communication de sensibilisation du grand public aux écogestes.
La Région Bretagne a lancé en juin, pour tout l'été et jusqu'en octobre, une campagne de communication de sensibilisation du grand public aux écogestes. (Crédits : Tourisme Bretagne)

Il y pleut, c'est vrai, mais en Bretagne aussi l'eau devient plus rare. À l'enjeu de la qualité d'une ressource confrontée à la pollution aux nitrates et des herbicides, s'ajoute celle de sa disponibilité. La Bretagne puisant les trois quarts de son eau potable dans ses eaux de surface, rivières ou barrages, la sécheresse de l'été 2022 a particulièrement marqué les esprits et accéléré les prises de conscience.

Dans la foulée de l'installation en octobre dernier de l'Assemblée bretonne de l'eau (ABE), la Région Bretagne, qui a prélevé 285 millions de m3 en 2020 dont 77% pour l'eau potable selon la Banque nationale des prélèvements en eau, a dessiné les contours d'un plan d'actions pour une « Bretagne plus résiliente face au dérèglement climatique ».

Vote d'un plan breton de résilience pour l'eau

Cette proposition a abouti à une réponse collective « à la bretonne », coordonnée avec les plans annoncés simultanément par l'État et l'agence de l'eau Loire-Bretagne au printemps dernier. Décliné en six axes, un plan breton de résilience pour l'eau a été voté lors de la session plénière du Conseil régional, les 29 et 30 juin derniers.

Outre la sobriété des usages et les écogestes, il vise à mieux utiliser la ressource et à restaurer la fonctionnalité des sols et des milieux aquatiques.

« Si les réserves d'eau et les nappes se sont rechargées en Bretagne durant ce printemps, il demeure urgent de donner les moyens à toutes et tous d'être opérationnels le plus vite possible en plaçant la sobriété et la préservation des milieux aquatiques au cœur de la gestion et de la préservation de ce bien commun. C'est l'ambition du plan breton de résilience qui engage les membres de l'ABE pour plusieurs années, avec des actions, évolutives, à court, moyen et long termes » a ainsi fait valoir la majorité régionale avant le vote des élus.

Campagne de com, EcoWatt de l'eau et appel à initiatives

Alors que la Bretagne souhaite atteindre le bon état écologique des cours d'eau en 2027, plusieurs mesures concrètes vont ainsi être mises en œuvre en lien avec les syndicats départementaux de l'eau.

Celle-ci ont été lancées en juin par une campagne de communication régionale de sensibilisation du grand public. Déroulée tout l'été et jusqu'en octobre, sur les réseaux sociaux de la Région, elle pourrait être complétée par le développement d'un système d'alerte sur les consommations d'eau, inspiré du dispositif EcoWatt.

En octobre, les membres et partenaires de l'ABE organiseront un débat sur « les usages de l'eau demain » afin de décider collectivement des usages prioritaires à prendre en compte. Une grande place sera accordée à la prise en compte de la question des phytosanitaires et des métabolites dans les captages souterrains.

Une bibliothèque de retours d'expériences favorisant les économies d'eau dans l'habitat, l'industrie, l'agriculture et les collectivités est par ailleurs en cours de réalisation.

Enfin, à l'automne, sera lancé un appel à initiatives visant à tester des solutions à l'échelle de sous-bassins, afin d'accroître la rétention de l'eau en restaurant la capacité des sols, du sous-sol et des milieux aquatiques.

Activer les financements, jouer sur une tarification sociale

En termes financiers, le plan breton envisage de démontrer le rôle que pourrait jouer la tarification dans l'incitation aux économies d'eau.

« Les réflexions intègreront un volet social, portant sur l'acceptabilité sociale du prix de l'eau, notamment pour les ménages les plus modestes. Sur ce volet, il est proposé de réinterroger les modalités de construction du prix de l'eau et son affectation possible au financement d'actions de protection de la ressource », explique l'ABE.

Le plan breton fait écho au plan gouvernemental adopté le 30 mars 2023 et reposant sur six priorités et au plan de résilience eau du bassin Loire-Bretagne 2023-2024. Celui-ci est doté de 100 millions d'euros supplémentaires, visant notamment à proposer, via des appels à projets, de nouvelles aides financières en faveur de la renaturation des villes, de la télé-relève des compteurs, la lutte contre les fuites. Ces dernières représentent 9% des prélèvements d'eau identifiés.

Les prélèvements dans l'agriculture en hausse depuis 20 ans

Si la production d'eau potable et la préservation des milieux font partie des usages prioritaires, les usages économiques (transports, énergie, industries, agriculture, loisirs...), représentaient en 2020 3% des prélèvements d'eau, selon des chiffres de l'ABE publiés en mai.

L'agriculture comptait pour 14% pour l'abreuvement et 6% pour l'irrigation. Sur les 285 millions de m3 d'eau prélevés s'ajoutent aussi les « petits prélèvements » en deçà de 7.000 m3 par an, non soumis à la redevance, « mais qui par effet cumulatif peuvent prendre une part importante dans le profil des prélèvements ».

De son côté, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) évalue à 29,8 millions de m3 les prélèvements supplémentaires dans les eaux souterraines, notamment pour l'abreuvement du bétail et les prélèvements particuliers non déclarés.

En tenant compte des différentes estimations, l'Agence de l'eau calcule que la répartition des prélèvements en eau s'élève à 45% pour l'alimentation en eau potable domestique, à 21% pour l'agriculture (abreuvement et irrigation), à 17% pour les industries et PME et à 1% pour les canaux.

Dispositif d'aide au diagnostic Agri Bas Carbone

Elle note enfin que, depuis 20 ans, les prélèvements ont augmenté de 18% pour l'usage agricole par rapport à 1999. Rapportée à la répartition des consommations de l'eau, l'agriculture représente même « la part la plus importante du profil des consommations par usage (57% environ), contre 45% au niveau national ».

Pour aider les éleveurs (bovin, ovin, caprin) à diagnostiquer leurs usages et à amorcer ou amplifier la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, la Région Bretagne a lancé le 15 mai, en appui d'autres actions existantes, un dispositif Agri Bas Carbone.

Ce programme, financé par une expertise technique plafonnée à 60% du coût HT (770 euros d'aide maximale), doit permettre d'améliorer la qualité de l'environnement local, y compris la qualité de l'eau et des sols et à réduire les coûts de production, en optimisant les ressources naturelles.

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Commentaire 1
à écrit le 18/07/2023 à 8:08
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Lol ! Ben si avec ça l'eau n'est pas sauvée ! Région sur laquelle s'est abattue massivement l'agro-industrie et son gigantesque gaspillage structurel d'eau. Au moins au son des mascarades on se marre.

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