Quand le plastique devient une monnaie d’échange

30 bouteilles contre un ticket de métro: c'est l’initiative lancée l'an dernier par la ville de Rome.
Giulietta Gamberini
(Crédits : Yves Herman)

Et si la collecte du plastique était rémunérée ? Certains acteurs publics et privés parient sur cette solution afin de nettoyer l'environnement, prévenir la pollution marine et améliorer le recyclage. En Occident, de nombreux pays ont instauré ou étudient des systèmes de consigne. Ils prévoient le paiement d'une somme d'argent pour le contenant du produit au moment de son achat, et sa restitution quand l'emballage est correctement trié. En Norvège, un tel modèle a permis d'atteindre des taux de collecte de 97%. La France en a discuté le principe dans le cadre de l'examen de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, et a décidé de se pencher de nouveau sur son éventuelle mise en place en 2023.

Des villes expérimente également des formules similaires, restituant de la valeur aux déchets. C'est le cas de Rome, où depuis l'été 2019 les habitants peuvent échanger leurs bouteilles en plastique pour voyager dans les transports publics: 30 bouteilles pour un ticket. La maire de la ville compte désormais dupliquer le concept au sein de l'administration municipale. Les bouteilles en plastique pourraient ainsi servir à payer les frais de dossier inhérents à l'obtention de documents d'état civil.

Des bouteilles contre des tickets de métro

La ville indonésienne de Surabaya permet aussi d'utiliser les transports en commun grâce au plastique: un ticket de bus y coûte trois grandes bouteilles, cinq bouteilles de taille moyenne ou dix gobelets en bon état. L'objectif est non seulement de réduire la quantité de déchets, mais aussi de favoriser une plus large utilisation des transports publics, explique la ville. En Turquie, le même système est en vigueur à Istanbul : avec 28 bouteilles on peut bénéficier d'un billet pour aller de la banlieue au centre-ville. Les résultats sont au rendez-vous : dès les six premières semaines, quelque 350 000 bouteilles ont pu être collectées à Rome. À Surabaya, 16 000 personnes par semaine bénéficient de billets gratuits.

En Haïti, en Colombie, au Brésil, en Égypte, aux Philippines et en Indonésie, une entreprise canadienne, Plastic Bank, va encore plus loin dans l'attribution de valeur aux déchets. Non seulement elle rémunère la collecte de plastique par les populations locales en situation de pauvreté sous forme de crédits échangeables avec ce dont elles peuvent avoir besoin - carburants durables, assurances santé, frais de scolarité, recharges de téléphones... -, mais elle valorise aussi le plastique collecté et recyclé par ses partenaires grâce à une marque, Social Plastic, qui en souligne l'impact social et environnemental. Cela permet de justifier le prix plus élevé de ce plastique par rapport au plastique recyclé ordinaire. Les entreprises qui l'achètent, comme le groupe allemand Henkel, espèrent en retirer à leur tour un bénéfice en terme d'image.

Giulietta Gamberini

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Commentaire 1
à écrit le 17/02/2020 à 9:26
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C'est une idée sympa mais attention aux dérives, surtout dans le pays de la mafia à savoir ceux qui à une époque jetés les ordures dans la méditerranée, même si il faut bien le dire qu'il y en a tellement de plastique qu'au début ce serait étonnant q...

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