L'hôpital d'Evreux se soigne, ou plutôt soigne son compte de résultat. Après avoir réduit sa consommation d'énergie d'un tiers en moins de dix ans, grâce à des mesures d'économie volontaristes, il s'administre une nouvelle thérapie.
Ses patients verront bientôt sortir de terre un ensemble de 4.400 panneaux solaires sur ce qui est aujourd'hui un espace vert pâturé par des moutons. Courant 2024, le terrain de trois hectares, situé en surplomb des bâtiments, abritera l'une des plus puissantes centrales photovoltaïques en autoconsommation de France. Au terme d'une étude de faisabilité, le recours au solaire « en circuit court » s'est imposé comme une évidence, raconte Mathieu Bachelet, responsable technique du centre hospitalier.
« Les panneaux photovoltaïques produisent leur maximum en été justement quand l'hôpital connaît des pics de consommation pour maintenir à 20 degrés les salles d'opération, de stérilisation et les laboratoires ».
En clair, nul besoin de stockage. L'électricité produite sur place sera consommée sur place.
« Un prix défiant toute concurrence »
Encore fallait-il dénicher un tiers investisseur prêt à assumer le coût du projet. « En l'absence de retour d'expérience suffisant, la direction n'était pas prête à porter ce risque », rapporte Mathieu Bachelet. D'où le choix d'un appel à concession. Lancé en 2021, le marché a été emporté par l'énergéticien français indépendant Idex (représentant 5.700 salariés et 2 milliards de chiffre d'affaires). Déjà très actif dans le secteur de la santé, il espère que le modèle ébroïcien fera école.
« C'est un projet pionnier, vante Edouard Roblot, directeur des bâtiments bas carbone au sein d'Idex. Il exige une maîtrise technique impeccable, parce qu'il faut absolument garantir la continuité de la production. A défaut, le réseau de l'hôpital serait mis à trop rude épreuve ».
Si les projections du groupe (qui ne communique pas le montant de son investissement) se révèlent exactes, la centrale devrait fournir un quart de la consommation électrique du centre hospitalier pendant 23 ans*, pour un montant de loyer annuel de 109.000 euros. Soit un tarif au MW de 59 euros. « Un prix défiant toute concurrence », salue le directeur technique. L'installation devrait apporter une bouffée d'oxygène à l'établissement. Ce dernier a vu sa facture d'électricité plus que doubler pour atteindre 300 euros le MW après la renégociation de son contrat par sa centrale d'achat à l'été 2022... au pire moment de la crise de l'énergie.
Quant à l'impact du projet sur l'artificialisation des sols, sujet d'actualité s'il en est, il sera « quasiment nul », promet Mathieu Bachelet. « Il n'y aura aucune minéralisation du terrain, puisque les panneaux seront montés sur des poteaux enfoncés dans le sol », indique-t-il. Les moutons sont assurés de pouvoir continuer à paître tranquillement... à l'abri des rayons du soleil.
*A l'issue du contrat, les panneaux resteront propriété de l'hôpital qui, à défaut, pourra exiger leur démontage par Idex.
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