Emmanuel Macron croit toujours en la possibilité de concilier développement économique et lutte contre le changement climatique. C'est en tout cas le message qu'il a voulu faire passer dans son discours d'ouverture du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial qu'il organise pendant deux jours à Paris. « Jamais aucun décideur, aucun pays ne doit avoir à choisir entre la réduction de la pauvreté et la protection de la planète », a lancé le président français à l'ouverture . « On doit pouvoir relever les défis en même temps » dans le cadre d'un « nouveau consensus », a-t-il ajouté.
Pour rappel, ce sommet informel dont l'idée a été émise par Emmanuel Macron et la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, en novembre, ambitionne de donner un élan politique à une refonte du système financier international, né en 1944 à Bretton Woods, aux Etats-Unis et qui repose sur la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. « La COP 27 a été très décevante. La seule avancée a été la création d'un fonds sur les pertes et dommages pour les pays du Sud. La création de ce fonds est une bonne nouvelle. Mais il n'y a pas d'argent. C'est pourquoi Emmanuel Macron a voulu organiser ce grand sommet sur la finance climat à Paris », a justifié le député européen Pierre Larrouturou dans une interview à La Tribune.
En outre, ce qui a poussé la France à organiser ce sommet vient d'une présentation d'un plan de réforme de la finance internationale par Mia Mottley lors de la COP27. Celle-ci a convaincu les dirigeants mondiaux de s'attaquer sérieusement au problème que les négociations sur le changement climatique traînent comme un boulet depuis des décennies. Avec d'autres leaders du Sud, la Barbade a « vraiment revigoré une forte volonté politique », estime Alex Scott, experte du groupe de réflexion E3G. « Nous sommes face à une nouvelle et énorme vague de fond », a-t-elle ajouté à l'AFP.
Un sommet tourné vers les pays les plus pauvres
Le président français a insisté sur l'attention que le monde devait porter aux pays pauvres et émergents. « Ce sommet est le vôtre, c'est-à-dire celui de toutes celles et tous ceux qui sont en première ligne » face aux bouleversements climatiques et à la montée de la pauvreté et des inégalités, a encore assuré Emmanuel Macron, en présence de nombreux chefs d'Etat et de gouvernements, notamment africains. Il leur a promis que « ce nouveau pacte financier international » serait « beaucoup plus respectueux des souverainetés de chacun ».
Macron appelle à des financements privés
Comment lier croissance et écologie? Pour Emmanuel Macron, il faudra « assumer un choc de financement public ». Mais surtout, le président français a rappelé que nous « avons besoin de beaucoup plus de financements privés », estimant que le monde n'était actuellement « pas au rendez-vous ». Les institutions financières ne vont « sans doute plus assez vite (et ne sont) plus tout à fait adaptées », a-t-il ajouté devant leurs dirigeants. Selon Emmanuel Macron, sans « changer totalement de système (...) on peut le faire beaucoup mieux fonctionner si cet argent et ces liquidités sont au service des progrès de la planète et de ce double défi que j'évoquais, pauvreté et climat, biodiversité ».
Après cet appel à un élan de financement privé, Emmanuel Macron a parlé de l'importance que ce sommet représente pour lui. « Pour moi cette réunion doit être celle des solutions (...) des solutions très concrètes », notamment de « nouveaux instruments » de financement, a-t-il martelé en promettant d'en faire « la liste » vendredi lors de la clôture du sommet, avec un « mécanisme de suivi » à l'appui. « C'est à cette aune que nous serons jugés », a-t-il reconnu.
Mais l'engagement public du président français ne convainc pas tout le monde. Pierre Larrouturou accuse en effet la France de freiner la mise en place d'une taxe sur les transactions financières européennes dont les revenus pourraient être alloués à la réduction des émissions de CO2. « Tout est prêt pour la mise en place de cette taxe. Le problème est que la France bloque. Elle veut une taxe limitée à 1% des transactions. », affirme l'eurodéputé.
(Avec AFP)
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