« Ah, ah, ah ! »

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La plaque de l'agence Moody's de Paris. Copyright Reuters

Après avoir dégradé la note « AAA » de la France en janvier, l'agence Standard & Poor's s'était attirée une volée de bois vert de la part de nombre de commentateurs et de leaders politiques. Scandalisés, ces derniers stigmatisaient le rôle de ces institutions « anglo-saxonnes », au jugement forcément biaisé puisqu'elles « roulaient » pour les marchés financiers. Et certes, leurs recommandations sont examinées à la loupe par les investisseurs qui les considèrent comme fiables. C'est même leur seule raison d'être.

Mais en réalité, les agences de notation ne font que porter des mauvaises nouvelles que l'on plaisait à se cacher. Et ce genre de messagers n'a jamais véritablement bénéficié d'un accueil chaleureux.

Il est donc assez remarquable que la même décision rendue mardi soir par Moody's ne soulève pas le même tollé. Pourtant, jusqu'alors, les autorités pouvaient se targuer devant l'opinion publique de toujours posséder un AAA, il suffisait de ne pas dire duquel on parlait. Et si aujourd'hui, la France a encore la plus haute note chez Fitch, une agence de notation britannique à capitaux français, l'exercice devient plus délicat.

Mais en ce jour, gouvernement et opposition ont préféré se renvoyer la responsabilité de la perte du AAA plutôt que de se jeter sur Moody's, qui se sort donc plutôt bien d'un exercice qui s'annonçait délicat. Jean-François Copé, dans ses habits tout neufs, certes étroits, de président de l'UMP, considère que l'agence avait émis son choix après avoir observé les 6 mois de présidence de François Hollande. De son côté, Pierre Moscovici, le locataire de Bercy, y voit davantage un effet de la gestion du gouvernement précédent. Risible renvoi de balle.

En réalité, le problème de la France est celui de sa crédibilité. Tous ses gouvernements, de droite comme de gauche, ont pris la fâcheuse habitude de surévaluer leurs prévisions de croissance. Et donc de corriger après coup. La position officielle de la France est donc une sorte de plaisanterie pour les investisseurs qui, on le sait, n'ont guère ces temps-ci, l'esprit à rire.

Exemple : le gouvernement actuel s'attache à sa prévision de croissance de 0,8 % pour 2013 quand la Commission européenne et le FMI, par exemple, ne prévoient que 0,4 %. L'ennui, c'est que, du coup, toutes les déclarations des gouvernements français sont soumises à ce risque de crédibilité.

Or, la dette est affaire sérieuse, basée principalement sur la confiance. Il serait donc temps de finir de blaguer et de s'inspirer par exemple de l'Allemagne qui appuie ses prévisions sur celles de « sages » indépendants et qui, souvent, sont en deçà de la réalité finale. Car pour ceux qui prêtent de l'argent, mieux voit avoir de bonnes surprises que de mauvaises. Si cela ne les fait pas rire, cela leur redonne le sourire !

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Commentaires 2
à écrit le 20/11/2012 à 22:26
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Mis part ah ah ah ! j'aimerai bien connaite l'etat de notre dette merci, il serait temps de la réduire. j'espère qu'on ne va pas dépasser 90%

à écrit le 20/11/2012 à 19:59
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"Ah, ah, ah ! "

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