Conférence environnementale : peut-on relancer le dialogue ?

Cinq ans après le Grenelle de l'Environnement de Nicolas Sarkozy, s'ouvre ce vendredi 14 septembre, la Conférence environnementale promise par François Hollande. Dans une atmosphère troublée par des déclarations contradictoires des membres du gouvernement sur l'un des sujets phares, la transition énergétique, les écologistes espèrent voir annoncés samedi soir des décisions claires et des moyens correspondants. Le principal défi dans le contexte économique actuel reste de convaincre les parties prenantes, syndicats, patrons et gouvernement, de la compatibilité entre écologie et économie. C'est sur cet écueil que s'étaient échoués les espoirs nés du Grenelle.
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Cette première édition de la Conférence environnementale comporte cinq tables rondes, dédiées respectivement à la transition énergétique, la biodiversité, les risques sanitaires environnementaux, la fiscalité écologique et la gouvernance de l'environnement. Pas moins de 300 participants sont prévus, ONG, syndicats, patronat, élus, mais aussi 14 ministres, sans compter une ouverture par le président de la République et une clôture par le Premier ministre...Programmée sur deux jours seulement, celle-ci a vocation à se tenir chaque année.

Les travaux de Fessenheim

Sur le papier, les moyens y sont. Mais force est de constater que, notamment concernant la transition énergétique, sujet qui promet d'être l'objet de toutes les attentions, la Conférence s'ouvre dans un climat de confusion. Sur le nucléaire et les gaz de schiste, les deux sujets qui focalisent l'intérêt de l'opinion publique, depuis des semaines les déclarations gouvernementales se succèdent, soufflant le chaud et le froid.

Va-t-on fermer Fessenheim avant l'échéance de 2017 promise par François Hollande ? Ou au contraire y investir les milliards nécessaires pour la rendre conforme aux exigences de l'ASN suite à la catastrophe de Fukushima, au risque de ne pouvoir ensuite la fermer en 2017 pour raisons économiques ? Va-t-on « rouvrir » le dossier des gaz de schiste quelques jours après que Bruxelles en a démonté un à un tous les arguments, aussi bien énergétiques, environnementaux, qu'éco? Et dans l'affirmative, examinera-t-on le cas échéant des techniques de fracturation hydrauliques moins polluantes que celles actuellement disponibles ? Ou seulement les modes d'exploitation alternatifs lorsqu'ils existeront ?

On prend les mêmes...

Sur ces sujets en particulier, le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg et la ministre de l'environnement ET de l'énergie Delphine Batho se renvoient la balle depuis des semaines. S'agit-il de réelles divergences de vues ? Auquel cas, qui aura le dernier mot ? Ou n'est-ce qu'un scénario bien huilé de « bon et mauvais flic » pour faire diversion ?
Dans un tel contexte, plusieurs ONG, à commencer par Greenpeace, se sont posé la question de leur participation à cette Conférence, pour finalement y consentir. D'autres déplorent que ce soient les mêmes personnes que pour le Grenelle, pourtant entaché d'une grande déception, côté ONG et au sein des ministères, qui soient aux manettes.

A quand une production d'énergie décentralisée ?

Sur la transition énergétique, les Verts et les ONG attendent essentiellement des mesures en faveur d'une relance des énergies renouvelables (solaire photovoltaïque et éolien) après deux ans d'enlisement, un calendrier clair concernant Fessenheim, une clarification des modalités de révision du code minier (un élément clé du dossier des gaz de schiste), et des avancées vers une plus grande déconcentration de la production d'énergie et une plus grande implication des tissus industriels locaux, aujourd'hui tenus à l'écart des grands appels d'offres.

Un signal à double tranchant pour l'éolien offshore

L'objectif de 23 % d'énergies renouvelables dans le mix à l'horizon 2020 (qui en théorie pourrait donner lieu à des sanctions de Bruxelles en cas d'échec) est en jeu. A ce sujet, l'une des rares annonces concrètes attendues à l'issue de la Conférence porte sur le lancement d'une deuxième tranche de l'appel d'offres éolien offshore. Initialement annoncé pour 6.000 mégawatts (MG), il ne s'est jusqu'à présent concrétisé que par une première tranche de 1.928 MW. Une deuxième tranche, qui devait être lancée avant les élections présidentielles, ne l'a pas été faute de sites de capacités suffisantes. Seuls ceux du Tréport (déjà inclus dans la première tranche mais déclarée infructueux) et de Noirmoutier avaient été identifiés, pour un total d'environ 1300 MG seulement. Si l'actuel gouvernement se contente, comme cela a fuité dans la presse cette semaine, de lancer une deuxième tranche sur ces deux mêmes sites seulement, cela ne donnera pas un signal très positif. Pendant ce temps, le Royaume-Uni a annoncé une production de 4.000 MW avant la fin de cette année...

Réconcilier écologie et économie

Ce retard industriel, c'est précisément ce que certains veulent à tout prix éviter, qui s'efforcent de faire converger écologie et économie. Car l'heure est à la recherche de compétitivité et à la rigueur budgétaire. De ce point de vue, la plupart des parties prenantes à la Conférence attendent avant tout un signal fort concernant l'évolution des prix de l'énergie. L'anticipation d'une hausse inéluctable de la facture des énergies fossiles mais aussi du nucléaire serait en effet la meilleure justification à cette transition énergétique annoncée. Mais un tel signal serait en contradiction avec celui donné en conclusion de la Conférence sociale du mois de juillet, qui tablait au contraire sur une énergie bon marché comme gage principal de la compétitivité française...

Une écologie pas seulement pour les bobos

Une partie de la solution est sans doute à trouver dans une nouvelle fiscalité, qui détournerait quelques uns des 35 milliards de subventions nocives à l'environnement, notamment dédiées aux énergies fossiles, au profit de la sobriété énergétique (notamment via la rénovation thermique des bâtiments), des énergies renouvelables et de l'aide aux plus démunis en situation de précarité énergétique. Une fiscalité qui favoriserait la « social écologie » que certains économistes appellent de leurs v?ux, afin de réconcilier également l'écologie et le social, à l'heure où le pouvoir d'achat reste une des préoccupations majeures des Français, et donc, du gouvernement.

Subir ou résoudre la crise de l'Europe

L'équation franco-française, déjà suffisamment complexe à résoudre, s'inscrit de surcroît dans le cadre européen. Poursuivie par Bruxelles dans le cadre de quatorze procédures, Paris s'expose à de lourdes amendes sur plusieurs sujets, dont la qualité de l'air, les nitrates (responsables des algues vertes) ou la qualité de l'eau. Mais certains vont jusqu'à proposer, précisément, de sortir le Vieux Continent de la crise grâce à l'écologie.

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Commentaires 3
à écrit le 14/09/2012 à 10:42
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Je serais très surpris si se "grenelle2" ne fesait pas "pchiit". Les écolos français aiment se faire mener en bateau par les socialos, ça leur permet de rester a bord en sauvant les apparences.

à écrit le 14/09/2012 à 9:03
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Pourquoi les ONG sont-elles partie prenante? Sont-elles élues, et représentatives de l

à écrit le 14/09/2012 à 8:49
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Ça va etre intéressant de voir comment tous ces biens pensants normaux vont faire avancer les choses au profit de la nation et non au profit de certaines idéologies

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