AZF, relaxe totale

Par Olivier Provost, rédacteur en chef de latribune.fr.

Un paysage lunaire. Si vous étiez passé quelques semaines après la catastrophe d'AZF du 21 septembre 2001 sur la rocade toulousaine jouxtant le site, vous auriez vu une zone dévastée, des cratères, une terre sombre, des débris partout. Ce n'était plus Grande Paroisse mais l'apocalypse. L'explosion de son usine AZF (AZote Fertilisants) avait de fait causé une secousse équivalente à un tremblement de terre de magnitude 3,4 sur l'échelle de Richter.

Le bilan résonne encore dans toutes les têtes : 31 morts et plus de 2.000 blessés. Le responsable ? "Personne", a répondu hier le tribunal. Il justifie son jugement par une formule malheureuse : "au bénéfice du doute". Au bénéfice de qui ?, s'interrogeront les familles des disparus. Au terme de cinq années d'investigation, de plus de quatre mois de procès, avec près de 3.000 plaignants, 2.000 parties civiles, défendues par plus de cinquante avocats, cette explosion fatale a fait "pschitt" (comme aurait dit Jacques Chirac) aux yeux de la justice.

Tout juste consent-elle à reconnaître des "problèmes organisationnels dans l'usine". Un euphémisme si la catastrophe a bien été causée par le dépôt d'un produit sur un autre susceptible d'exploser au contact du précédent. Le problème, qu'illustre bien ce jugement de relaxe, c'est que l'on n'en sait toujours rien. Les expertises ont eu beau s'empiler, les thèses se confronter, jusqu'aux plus fantaisistes (arc électrique, attentat, météorite, tremblement de terre... personne n'a parlé d'attaque extraterrestre), impossible encore aujourd'hui de dire avec certitude ce qui a causé la déflagration fatale.

Voilà pourquoi le tribunal n'a voulu charger personne, ni l'ancien directeur du site chimique, ni la société Grande Paroisse, propriétaire de l'usine AZF, ni sa maison mère, le groupe Total, ni l'ex-PDG de ce dernier, Thierry Desmarest. Même si le discours de ce dernier, expliquant que sa firme ne pouvait être tenue responsable d'un accident survenu dans une sous-filiale avait pu créer le malaise. Tout comme celui minorant sa responsabilité dans le naufrage du pétrolier "Erika" avec sa marée noire. Le procès sur cette affaire vient de se terminer. Les parties civiles espèrent une autre issue que dans le dossier AZF.

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