PriceMinister : par ici la sortie !

Par Valérie Segond, éditorialiste à La Tribune.

Quand un jeune entrepreneur ambitieux et visionnaire vend 100% de la société qu'il a fondée avant qu'elle ait livré toutes ses promesses, forcément, on s'interroge. Pourquoi donc Pierre Kosciusko-Morizet (PKM) cède-t-il aujourd'hui, qui plus est à une société japonaise, la totalité du capital du roi de la revente en deux clics, PriceMinister.com, alors qu'il vient juste de détrôner sur son marché l'américain eBay ? Pourquoi sortirait-il d'une société qui, selon lui, dégage un excédent brut d'exploitation de plus de 25% de son chiffre d'affaires, excédent qui serait en passe de doubler cette année ? Surtout si, comme l'affirme encore PKM, la société n'a pas besoin de se financer et que, contrairement à ce que susurrent les mauvaises langues, elle n'est pas au sommet de ses performances. Alors pourquoi ?

Parce que l'entrepreneuriat se construit aussi sur la promesse d'une sortie rapide au prix fort : aux fonds d'investissement d'abord, qui lors des premiers pas ont pris des risques en capital et en dettes contre l'espérance d'une bonne plus-value ; mais aussi aux salariés, qui ont renoncé à la sécurité des grands groupes pour partager l'aventure d'une "start up". PKM n'avait-il pas promis "un gros chèque pour chacun", à savoir entre un et trois ans de salaires pour ses 200 salariés ?

Or, avec la rechute des marchés financiers, et l'extraordinaire volatilité des Bourses, la sortie financière, qu'il a déjà tentée deux fois, est devenue trop aléatoire pour valoriser au mieux la société. Quant à la perspective de se faire reprendre par de nouveaux fonds d'investissement, elle s'est envolée avec le dernier assèchement du crédit bancaire. Restait donc à se vendre pour tenir ses promesses. Et comme seul un acteur absent du marché et désireux d'en acheter une part conséquente est prêt à payer le prix fort, la vente à un groupe étranger était donc la sortie optimale.

Moralité : si nos entrepreneurs ne parviennent pas à grandir pour devenir des champions autonomes, c'est parce que, dans notre pays de faible croissance, la sortie est le seul véritable horizon de toutes les parties prenantes.

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