Emmanuel Macron et le défi de la rigueur

ÉDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche
Bruno Jeudy
Bruno Jeudy (Crédits : DR)

Emmanuel Macron restera-t-il comme le président le plus dépensier de la Ve République ? Gérard Larcher fut le premier à poser la question. Cette fois, ce sont deux ministres - et pas n'importe lesquels, ceux de Bercy, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave - qui sonnent l'alarme. Bien sûr, ils y mettent les formes. Mais leur inquiétude est à la hauteur de la montagne des déficits accumulés par la France depuis un demi-siècle. Et cet endettement s'est emballé ces dernières années. Voilà pourquoi les ministres de l'Économie et des Comptes publics prennent la parole ensemble pour s'inquiéter d'un « quoi qu'il en coûte » toujours ancré dans les têtes, y compris dans celles des ministres, voire celle du chef de l'État... « Le moment de vérité du quinquennat est arrivé », avertissent les deux argentiers, conscients que la France court vers une possible dégradation de sa note par les agences de notation et donc d'une perte de contrôle de sa dette. Avec en perspective un scénario à l'italienne avant la fin du mandat. À vrai dire, c'est le cauchemar de Bruno Le Maire, seul ou presque à réclamer à cor et à cri des économies qui ne viennent pas ou si peu.

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En privé, il faut l'entendre soupirer : « Je me sens bien seul dans ce combat. Tout le monde s'en fiche. » Il ne cache plus son exaspération quand la Première ministre concède au PS et aux députés du groupe Liot deux énièmes dépenses sociales pour un total de quelque 300 millions. Rasons gratis, une fois encore, avec des chèques en bois... Car l'addition est lourde depuis 2017. Pour acheter la paix sociale, décrocher un deal politique ou faire face à l'inattendue crise du Covid ou au retour de l'inflation, les gouvernements successifs ont fait exploser les comptes : 18 milliards pour financer en 2018 la prime Macron après la crise des Gilets jaunes ; 142 milliards pour payer entre 2020 et 2022 le confinement pendant le Covid et, enfin 36 milliards pour régler les boucliers anti-inflation.

Résultat : une dette publique qui atteint les 111,9 % du PIB ! Sous pression des marchés, notre pays ne va plus pouvoir vivre bien longtemps à crédit. Les seuls intérêts annuels de notre dette vont passer, d'ici à 2027, de 40 à plus de 74 milliards, c'est-à-dire plus que les dépenses pour nos écoles, jusqu'à présent premier budget du pays. En clair, des temps nouveaux et rigoureux pour les dépenses des ministères s'imposent. Pas sûr que vendre les bijoux de famille (25 % de l'immobilier de l'État) et réduire le chômage des seniors suffisent. Mais le temps des sacrifices est venu. Il n'attendra pas la fin du quinquennat.

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Commentaires 12
à écrit le 19/11/2023 à 17:29
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Un retour à 1983? Si Raymond veut bien nous en parler...

le 20/11/2023 à 14:30
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@henry. Je l'ai déjà fait avec un long développement (juste avant votre réaction bienveillante) mais la modération ne le libère pas🤔

à écrit le 19/11/2023 à 11:37
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Et dire que nous (les hétérodoxes) n'avons jamais cessé de tirer la sonnette d'alarme. Quel gouvernement fantoche alors que tout était prévisible à l'avance, d'autant plus que les mesures de relance budgétaire ont été profondément mal ciblées. Et à p...

à écrit le 19/11/2023 à 10:46
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Oui, le temps des sacrifices est venu. La France a un grand handicap et un grand avantage. L'handicap est que nous sommes accro à la dépense publique plus que tout autre pays. L'avantage est que nous avons beaucoup plus de graisse dans nos dépenses...

le 19/11/2023 à 20:30
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Le problème, c'est que l'essentiel du plus mauvais gras fait vivre l'essentiel de l'électorat de Macron et de ses alliés de LR...

à écrit le 19/11/2023 à 9:38
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Si Bruno Lemaire et le ministre des comptes sont opposés à la politique irresponsable de Macron et Borne (chèques à gogo et "quoi qu'il en coûte"), alors il doivent démissionner, car, responsables de l'équilibre des comptes publics, ils sont mis dans...

à écrit le 19/11/2023 à 8:34
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Faites attention vous êtes tous en train de rabâcher la même propagande en même temps, avant c'était diffusé dans le temps au moins. Nous allons devoir encore être plus pauvre donc ? Nos dirigeants sont nuls. "Ne vous demandez pas ce que votre pays p...

le 19/11/2023 à 11:33
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Nous allons devoir encore être plus pauvres donc ? Oui, nous vivons collectivement à crédit. Notre déficit primaire (sans tenir compte des interêts de la dette) est le plus élevé parmi les 28 pays de l'UE. Et c'est nous qui élisons des nuls et donc...

le 19/11/2023 à 21:03
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@AdieuBCE les nuls sont élus car ils disposent d'une clientèle électorale et d'un mode de scrutin leur assurant de gagner à tous les coups depuis les années 70, d'où une ambiance de fin de régime...

le 20/11/2023 à 8:58
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" Et c'est nous qui élisons des nuls et donc c'est nous qui sommes doublement nuls" Ah parce que nous avons le choix !? LOL ! Dès le premier tour je vote contre dorénavant ! La seule fois ces dix dernières années où j'ai voté en y croyant pour quelqu...

le 20/11/2023 à 10:14
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"Et c'est nous qui élisons des nuls et donc c'est nous qui sommes doublement nuls" Je sais o vous a répondu et ça vous suffit je n'ai plus le droit de répondre à la réponse à mon commentaire vous êtes épuisants avec vos logiques de déments. Donc non ...

le 20/11/2023 à 13:42
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En fait, on en arrive au stade où ne votent pour dire plus que des catégories de bénéficiaires d'argent public : aux dernières élections municipales, l'âge moyen des votants était d'environ 70 ans et dans les communes où l'électorat est le plus jeune...

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