Parce que c'est "notre" Dame !

ÉDITO. L'incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame le 15 janvier dernier, et la volonté émise par Emmanuel Macron de la reconstruire d'ici cinq ans, peut-être l'occasion pour le président de la République de susciter, à nouveau, de l'espérance dans le pays à travers un projet rassembleur. Cela alors que les mesures qu'il s'apprêtait à dévoiler pour résoudre la crise des "Gilets jaunes" avaient de fortes chance de décevoir. Par Philippe Mabille, directeur de la Rédaction de La Tribune.
La cathédrale Notre-Dame a été ravagée par un incendie le lundi 15 avril.
La cathédrale Notre-Dame a été ravagée par un incendie le lundi 15 avril. (Crédits : Philippe Wojazer)

Il est parfois des événements qui, sans qu'on en prenne immédiatement conscience, changent le cours de l'histoire telle qu'elle aurait pu se dérouler s'ils ne s'étaient pas produits. Le dramatique incendie qui a ravagé le lundi soir de la semaine sainte la cathédrale Notre-Dame de Paris pourrait faire partie de ces moments qui ont transformé la France. Emmanuel Macron ne s'est pas trompé sur le symbole : il a immédiatement compris que le discours qu'il devait prononcer pour donner la feuille de route de sortie du Grand débat était désormais hors-sol et caduc, que cet événement effaçait tout, au moins pour quelques jours. Le chef de l'État a su saisir l'émotion qui a étreint, au-delà des catholiques, tout le peuple français, saisi de compassion devant le martyr de ce monument de notre patrimoine, religieux certes, mais bâti par la sueur et le génie des hommes. Et, après l'effondrement sous les yeux sidérés du monde entier de la flèche en flamme de Viollet-Le-Duc, il n'a pas lésiné sur la métaphore en invoquant un « peuple de bâtisseurs » pour qui « rien n'est indestructible ». En ayant retrouvé le coq de la flèche presque intact dans les décombres, un quidam lui donnerait presque raison.

Infléchir le destin

Finalement, pour Emmanuel Macron, le hasard de cet incendie sera peut-être sa chance. On peut penser, sans grand risque de se tromper, que le catalogue de mesures qu'il s'apprêtait à annoncer lundi allait provoquer plus de déceptions que de félicitations. Les plus irréductibles des « Gilets jaunes » annonçaient déjà un nouveau samedi de mobilisation et de violences, le 23e depuis le 17 novembre, pour dire que le compte n'y est pas, sans même connaître le contenu des annonces présidentielles... À la vérité, le compte n'y sera jamais, tant il semble impossible de satisfaire chaque catégorie de revendications individuelles.

Bien sûr, pour reprendre certaines des mesures qui ont été dévoilées, ce n'est pas avec 5 milliards d'euros de baisse de l'impôt sur le revenu des classes moyennes, avec la suppression, un brin populiste, de l'ENA et de l'École nationale de la magistrature, avec un zeste de proportionnelle et avec un soupçon de référendum local, que la colère des ronds-points va s'apaiser. Emmanuel Macron le savait.Mais l'élan de solidarité en faveur de la reconstruction de Notre-Dame change la donne, en forçant chacun à prendre de la hauteur. « Nous avons tant à reconstruire », a dit Emmanuel Macron.

Reste au président à convaincre les Français d'être patients, et que l'Acte II du quinquennat qui va s'ouvrir en mai sera à la hauteur de « l'espérance » qu'il a voulu susciter en promettant qu'il est possible de rebâtir une cathédrale « plus belle encore » en cinq ans. En 2017, il avait soulevé l'énergie des foules en s'écriant à s'en casser la voix son fameux « parce que c'est notre PROJET ». Deux ans plus tard, c'est « notre » Dame qui lui offre une seconde chance de montrer au pays ce dont il est capable.

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Commentaires 2
à écrit le 23/04/2019 à 10:18
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Non je trouve que vous exagérez, je ne pense pas que les marionnettistes de notre président aient planifié cet incendie pour faire remonter de quelques points sa popularité quand même, même si on ne peut que se méfier de la dégénérescence oligarchiqu...

à écrit le 19/04/2019 à 12:59
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Il est vrai qu'avant l'année commençait en avril, d'où les celebres poissons.

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