Un pass ou impasse pour l'Elysée 2022 ? Votre Tribune de la semaine

VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. A qui profite le pass sanitaire ? Les préliminaires de la présidentielle lors de l'Université d'été du Medef. EDF qui rachète les turbines nucléaires d'Alstom vendues à l'américain GE en 2014... Et autres articles de la semaine écoulée pour bien préparer votre lundi.
Philippe Mabille
(Crédits : Reuters)

Emmanuel Macron l'avait prédit lors de son tour de France en juin : l'été ne serait pas « en pente douce » et allait venir le moment de prendre « des décisions difficiles ». L'été a en effet été agité et avec ce samedi la septième journée de manifestations contre le pass sanitaire depuis la décision sans aucun doute « difficile » de l'imposer (presque) partout le 12 juillet, la rentrée promet de ne pas l'être, « en pente douce ».

Pourtant, le chef de l'Etat ne serait-il pas le principal bénéficiaire de ce pass, se demande Marc EndeweldL'objectif sanitaire ayant été atteint avec 11 millions de Français qui se sont fait vacciner depuis, place désormais à l'objectif politique : réunir pour 2022 « le camp de la raison » face à celui des anti vax et des anti pass.

Un pari risqué, qui pourrait tourner à l'impasse si la coagulation des mécontentements se poursuit. Pas fou, le gouvernement tente de rassurer avec Jean Castex. Même s'il sera sans doute prolongé au-delà du 15 novembre pour tenter d'éviter une quatrième vague en métropole, il ne sera pas demandé dans toutes les entreprises, enfin pour le moment.

Reste que voir les Français aussi divisés est une source d'inquiétude. D'autant qu'à la REF, l'Université d'été des patrons, on a compris que le temps des décisions difficiles est venu. Bruno Le Maire, le ministre de l'économie l'a dit clairement aux chefs d'entreprise : « le quoi qu'il en coûte, c'est fini ». Rassurons-nous, la politique du « sur-mesure » reste d'actualité pour ne pas couper (trop vite) les aides aux secteurs encore impactés.

Parmi les activités toujours en difficulté, le transport aérien et notamment la compagnie Air Caraïbes. La compagnie a navigué jusque-là sans aide directe de l'État en dépit d'une première demande formulée en vain auprès de Bercy. La flambée des contaminations et les nouvelles restrictions imposées aux Antilles pousse Marc Rochet, directeur général de la compagnie, à solliciter de nouveau le soutien financier de l'État, raconte Léo Barnier, qui vient de rejoindre la rédaction de La Tribune pour couvrir le secteur (bienvenue à toi, Léo).

De l'argent, il y en a donc encore : on le verra lors du prochain budget : 2 milliards d'euros pour le Revenu d'engagement promis aux jeunes, en tout 11 milliards de dépenses nouvelles dans un pays qui vient de dépenser plus de 420 milliards depuis mars 2020 pour soutenir l'économie. Macron continue à dépenser « un pognon de dingue » et prévoit entre 20 et 30 milliards pour son plan France 2030. Il a raison de ne pas se gêner, le réveil attendra l'après 2022. Quelques « décisions difficiles » seront prises certes, comme l'application au 1er octobre de la réforme de l'assurance-chômage. Repoussera-t-il l'âge de la retraite, au risque de bloquer le pays comme en 2019 ? Même le Medef en doute. L'heure est à ne rien faire pour freiner la reprise. Car, si la crise sanitaire n'est pas finie, jamais nous n'avons connu une récession aussi forte et aussi courte qu'en 2020, explique Robert Jules.

Si le temps de la campagne présidentielle n'est pas encore venu, il se prépare. Qui se souvient encore du débat de second tour entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron sur la vente des fleurons industriels français ? Et voilà que sept ans après la vente des turbines d'Alstom à l'américain General Electric, suivi d'un plan social brutal, EDF ferme la parenthèse et se prépare, sur pression de l'Elysée à racheter une partie des turbines de l'énergéticien. EDF rachetant les activités nucléaires de GE ! Un double effet « kiss cool » révélé par Marc Endeweld : politique, pour défendre le site de Belfort menacé, et stratégique, pour relancer la stratégie française dans le nucléaire, énergie d'avenir selon Macron indispensable pour lutter contre le réchauffement climatique.

En attendant, l'électricité produite au charbon dans le monde progresse, progresse..., à rebours des discours sur le changement de modèle énergétique, explique Juliette Raynal : les émissions de CO2 liées à la production d'électricité ont augmenté de 5% dans le monde au cours des six premiers mois de l'année. Le développement du solaire et de l'éolien ne suffit pas à compenser la hausse de la demande de courant, qui est couverte par un recours important au charbon, notamment en Chine, où les projets de nouvelles centrales thermiques alimentées par ce combustible très polluant et émetteur de gaz à effet de serre se multiplient.

Et si on remplaçait le charbon par l'hydrogène naturel, qui serait présent en grande quantité sous la terre. Juliette Raynal a enquêté sur le potentiel de ces nouveaux gisements, le pétrole blanc du 21ème siècle peut-être, que l'on peut voir du ciel sous la forme de grands cercles sur tous les continents... Si les startups sont les premières à se lancer sur ce marché naissant, les majors pétrolières scrutent de près cette effervescence qui pourrait rebattre les cartes de la géopolitique de l'énergie.

Signe des temps, le conglomérat privé coréen Samsung a annoncé un plan d'investissement à faire pâlir Emmanuel Macron. La multinationale présente dans les télécoms, les semi-conducteurs, l'automobile, la santé prévoit de consacrer 205 milliards d'euros pour rester dans la course technologique, un plan pharaonique décrypté par Sylvain Rolland, qui représente sept fois le PIB supposé de la Corée du Nord et plus sérieusement plus de 12% de celui de la Corée du Sud.

Il faut se dépêcher d'investir car la fête sera finie un jour. Mais pas encore : certes, de premiers signes de ralentissement surgissent en Chine, explique Eric Benhamou, qui assombrissent l'horizon. Mais, malgré des inquiétudes sur la poussée de l'inflation, le dilemme des banques centrales les conduit encore et toujours à préférer le statu quo, anticipe Robert Jules. Jérôme Powell lui a donné raison ce vendredi lors de la grand-messe de Jackson Hole. Pour l'heure, le président de la Fed s'est montré prudent, en ne donnant aucun calendrier précis sur les modalités de la baisse des rachats d'actifs qui aujourd'hui s'élèvent à 120 milliards de dollars d'actifs, en raison de l'inconnue représentée par le variant Delta. Pas de panique donc...

A défaut de croire en la baguette magique de la Fed, on peut aussi commencer à espérer en une révolution écologique et sociale du capitalisme. Partenaire de l'Université d'été de l'économie de demain (UEED 2021), La Tribune a interrogé Caroline Neyron, directrice générale du Mouvement IMPACT France, qui détaille la vision de ces entrepreneurs qui veulent agir pour le bien commun. Elle dévoile une trentaine de propositions en direction des pouvoirs publics, afin d'accélérer la nécessaire transformation des entreprises et de l'élargir à toutes, en vue d'une reprise juste et durable. Une façon aussi de participer activement au débat électoral qui s'ouvre.

Car, l'été l'a montré avec la multiplication des incendies meurtriers, la planète brûle et nous ne pouvons plus regarder ailleurs, souligne Marine Godelier qui analyse les enjeux de la COP15 sur la biodiversité, qui voit, ce lundi 23 août, les délégations des 193 pays membres de la Convention sur la diversité biologique (CBD) des Nations Unies entamer leurs négociations en ligne, lesquelles dureront jusqu'au 3 septembre. Le but : s'entendre sur un premier cadre mondial pour la protection de la faune et la flore, en définissant les 21 cibles à atteindre d'ici à 2030, et en révolutionnant le fléchage des subventions.

Philippe Mabille

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Commentaires 7
à écrit le 29/08/2021 à 9:07
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Le danger viendra sans doute de l'obligation vaccinale et surtout de la vaccination des enfants. Plus généralement, un conflit majeur n'est pas à exclure, tellement les tensions sont importantes aux 4 coins du Monde...sans oublier une menace économi...

à écrit le 28/08/2021 à 16:17
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Impaires et pass ! Faites vos jeux !

à écrit le 28/08/2021 à 10:35
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On sent bien une "opération pénurie" a mettre sur le dos de la covid et la construction d'un autoritarisme pour s'en préserver.. le passe sanitaire n'est qu'a ses débuts si "l'abstention" se perpétue!

à écrit le 28/08/2021 à 10:01
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A propos du passe sanitaire, je dirais que "Qui fait l'ange, fait la bête". Trop de bien-pensants en France, trop de gens "reponsables", qui essayent d'étouffer les autres, il ne faut pas s'étonner, s'il y a des réactions violentes

à écrit le 28/08/2021 à 9:46
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Ce sera un passe définitif, inscrit dans le droit commun, et une réélection de Macron pour, entre autres choses, une privatisation de la sécurité sociale (lancée discrètement en aiut 2021), des patrimoines nationaux, du littoral, etc...

le 28/08/2021 à 12:36
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La secu privatisée ça date des lois fillon ( qui se fera rétro commissionné ensuite par axa sur sa boîte de conseil.... ), gouvernement sarko: mutuelle obligatoire. Amputation d'un mois de salaire pour les bas revenus.

à écrit le 28/08/2021 à 9:10
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Bah tous les sondages d'opinion appartenant aux patrons de notre président l'estiment à 130% d'opinion favorable ! Facile !

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