Campagne de Brousse : Vive la Queen !

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. En cette année présidentielle, il tient dans La Tribune une revue de la crise politique et sanitaire, intitulée comme il se doit Campagne de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

« Trooping the colours ! » Le Royaume Uni célèbre comme les anglais savent le faire le jubilé de la Reine Elizabeth. Les uniformes sang et or et les bonnets à poil d'ourson des régiments de sa Majesté sont de sortie, et paradent sur le Mall, devant Buckingham Palace. Les « horse guards » sont à la fête. 1500 militaires, 400 musiciens et 250 chevaux ont défilé jeudi dans Londres. La Reine Elisabeth II, toute de pacifique bleu ciel vêtue et chapeautée, à faire pâlir de jalousie Roselyne Bachelot, admire le 70 - un sacré record - dessiné dans le ciel anglais par les avions de la Royal Air Force. Carrosses et Rolls Royce.

Léon Zitrone nous manque. La souveraine tient son rôle, elle tient son rang, symbole reconnu d'une monarchie malmenée mais recours absolu d'un peuple chahuté. On plante un arbre dans chaque foyer britannique. Les concours de cakes et de corgis battent leur plein, et plus de deux cent mille évènements du même tonneau occupent les familles du royaume, oublieuses un instant des effets néfastes du Brexit. Des millions de participants, un milliard de spectateurs du monde entier n'auraient voulu pour rien au monde louper l'occasion, Star system et recettes touristiques obligent. Les fastes des régimes fantasmés émeuvent toujours nos âmes de midinettes.

Sommes-nous à ce point nostalgiques d'un monde ancestral et immuable, quand la moitié de l'Europe, voire l'Europe toute entière, souffre cruellement d'un conflit absurde mais pourtant bien réel, dramatique et mortel ?

Cent jours d'une guerre dévastatrice aux frontières de deux mondes irréconciliables. Vladimir Poutine n'a pas eu la victoire éclair qu'il espérait dans sa croisade contre un monde « dépravé », mais il semble qu'il maîtrise à l'est de l'Ukraine des territoires qui lui étaient déjà acquis. N'était-ce pas au fond son seul objectif ? Fallait-il autant de morts pour que le Tsar, contraint peut- être par une solide urgence pathologique, puisse afficher triomphalement un succès factice, histoire de tenir les russes sous de fausses illusions et de vraies allusions. S'en satisfera-t-il ?

Pouvoir pour pouvoir, la reine Elizabeth le détient aussi, certes d'une bien autre manière. Que le Tsar ne s'en inspire-t-il ? Le peuple russe préfère-t-il vraiment le défilé guerrier du neuf mai sur la Place Rouge aux parades scintillantes de Hyde Park ?

En France, l'ennemi héréditaire de la perfide Albion, les autorités accusent bien vite des fans de foot venus de Liverpool d'avoir saboté la finale de la Ligue des Champions au Stade de France. On attendait une fête à quelques mois de prochains jeux olympiques ! La répétition générale tourne court. Le foot ne serait-il devenu un sport de gentlemen « soutenu » par des hooligans ? Nous recevrons les as danois du ballon rond sous haute protection policière.

Notre Joconde nationale est entartrée au nom de la « défense de la Terre » par un déséquilibré. On annonce une grève au Quai d'Orsay et à l'ENA. Les Ipsistes renâclent et les élites se rebiffent. Tout fout le camp, dépasserait-on les bornes ?

Heureusement que sur la terre battue du Central de Roland-Garros, Rafael Nadal, notre cher Rafa que l'on disait fini, enthousiasme un public scotché aux loges du court Philippe Chatrier. Peut-on y voir le signe désespéré d'une soif menacée de stabilité ?

C'est quand, déjà, les prochaines élections ?

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