Se défaire de la peur des dividendes

Les dividendes ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 2009 dans le monde. Cette situation, loin d'apparaître comme une bonne nouvelle pour tous, pose des questions sociétales. N'est-ce pas, une fois de plus, le signe d'une société qui se segmente, les profits des uns ne bénéficiant pas nécessairement au plus grand nombre ? La réponse dépend de la perspective que l'on adopte. Par Nicolas Marques, Institut économique Molinari.
Nicolas Marques
Nicolas Marques (Crédits : IEM)

Selon le Janus Henderson Global Dividend Index, les dividendes sont à leur niveau le plus élevé depuis 2009 dans le monde. Par rapport à l'an passé, ils ont progressé bien plus vite au 2e trimestre en Asie-Pacifique (+29%), Allemagne (+27%), Espagne (+25%) ou en France (+24%) qu'en Amérique du Nord (+5%). S'il s'agit d'une bonne nouvelle pour les actionnaires, s'agit-il d'une bonne nouvelle pour le plus grand nombre ?

Cette interrogation donne lieu parfois à un débat caricatural au sein du grand public. Un certain « populisme économique » conduit, en effet, de plus en plus à décrier les grands employeurs, en les accusant de tous les maux : ils ne partageraient pas les profits, ils privilégieraient les dividendes sur les investissements, cela générerait un enrichissement anormal des actionnaires et obérerait le développement des entreprises concernées.

Une conséquence logique du cycle économique

Il est pourtant possible de considérer l'accroissement des dividendes comme une bonne nouvelle ou pour le moins comme une conséquence logique du cycle économique. S'agissant de la France, les données du cabinet EY montrent que le niveau de dividendes distribué par les entreprises du CAC 40 de 2007 n'a été dépassé qu'en 2015, soit 8 ans après le début de la dernière crise. Ces mêmes données montrent que les dividendes distribués par les entreprises du CAC 40 ont progressé en moyenne de 1,4% par an de 2007 à 2017, un ordre de grandeur bien plus mesuré que le chiffrage de Janus Henderson, ayant comme point de départ une période de crise.

Les dividendes sont aussi une très bonne nouvelle si l'on considère la globalité de la contribution des entreprises au développement de nos sociétés. Les dividendes ne sont qu'une partie des apports des entreprises cotées à la collectivité. Dans des chiffrages inédits, nous montrons à l'Institut économique Molinari que pour un euro de dividende net d'impôt distribué aux actionnaires des entreprises du CAC 40, on compte 7 euros distribués aux salariés et 2 euros aux Etats.

Les salariés premiers bénéficiaires de la création de richesse

En 2016, les 40 entreprises du CAC avaient généré 240 milliards d'euros de richesse pour les salariés, 66 milliards d'euros pour États français et étrangers et 32 milliards d'euros nets pour les actionnaires. Les salariés étaient les premiers bénéficiaires de cette création de richesse, avec 235 milliards d'euros de dépenses de personnels, 4 milliards d'euros d'épargne salariale et 1 milliard d'euros de dividendes liés à l'actionnariat salarié. Les États étaient les deuxièmes bénéficiaires avec 25 milliards d'impôts de production, 28 milliards d'impôts sur les sociétés, 10 milliards d'euros de fiscalité sur les dividendes et 3 milliards d'euros de dividendes. Les actionnaires arrivaient en troisième position avec 32 milliards d'euros de dividendes nets d'impôts. Loin de s'accaparer l'essentiel des profits, ils ont participé à une chaîne de création de richesse collective représentant 338 milliards d'euros, soit 9 fois plus que leurs gains individuels.

Le dividende, loin d'être la marque d'une économie qui ne profite qu'à une minorité d'épargnants, est l'arbre qui cache la forêt. Alors cessons d'en avoir peur...

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 8
à écrit le 07/09/2018 à 1:55
Signaler
Brigitte, appellez moi le comptable, le fiscaliste et le service financier, on vend tout !! La boîte, les actions, la 911 de fonction et tuti quanti... Je postule de suite à l’usine, y’a un pognon monstre à se faire.

à écrit le 06/09/2018 à 19:07
Signaler
Contre-vérité énorme dans cet article : le salarié serait premier bénéficiaire de la création de richesse : écrire " devrait être " au lieu de "serait ". C'est nier ce qui se passe aujourd'hui : 190 Md d'euros de dividendes distribués par les multina...

à écrit le 05/09/2018 à 20:31
Signaler
"Dividendes en hausse, salaires en baisse" https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2007-03-14-Dividendes-en-hausse « pour chaque euro investi, 75 centimes vont aux actionnaires (1) » Ce que vous faites là c'est vraiment moche.

à écrit le 05/09/2018 à 18:20
Signaler
On ne peut que rester admiratif devant autant d’aplomb. Les 235 milliards versés aux salariés ne sont évidemment pas des bénéfices pour l'entreprise, ce sont des salaires et des charges sociales. Ce n'est pas non plus de l'argent qui vient en dorman...

à écrit le 05/09/2018 à 17:00
Signaler
Les dividendes en soit ne sont pas une mauvaise chose. Il est aussi logique qu une societe sur un marche mature en distribue plus qu une societe qui investi. Par contre on est probablement alle trop loin car pas mal de societes n investissent plus as...

à écrit le 05/09/2018 à 11:56
Signaler
Nicolas Marques oublie de dire que le montant des dividendes versés est toujours exagéré car souvent obtenu en comptant de nombreuses fois les mêmes dividendes Comme l'explique Rémy Prud'homme, professeur d'économie : "On lit parfois que le montan...

à écrit le 05/09/2018 à 11:56
Signaler
Il est désespérant que vous ouvrez les portes de votre site à cette propagande qui pond des rapports inexacts dont le seul objectif est de servir une cause que tout le monde peut comprend en lisant les premières lignes de cette article. Je crois qu'i...

le 05/09/2018 à 15:34
Signaler
+1

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.