Comment la Bourgogne-Franche-Comté est devenue attractive pour les startups

Depuis 2019, un écosystème complet composé de 400 startups et de nombreuses structures publiques et privées s'est structuré en Bourgogne-Franche-Comté autour des principaux pôles d'attractivité du territoire, dont Dijon, Besançon et Mâcon. Après avoir reçu le label « Communauté French Tech » en 2019, la Bourgogne-Franche-Comté passe un cap en devenant « Capitale French Tech », synonyme d'un budget et d'une capacité d'action plus importante pour aider les entrepreneurs.
Une partie de l'écosystème tech de Bourgogne-Franche-Comté lors d'un événement du réseau en 2020.
Une partie de l'écosystème tech de Bourgogne-Franche-Comté lors d'un événement du réseau en 2020. (Crédits : DR)

Cela faisait tache : depuis 2019, la région Bourgogne-Franche-Comté était la seule région métropolitaine qui ne comportait aucune Capitale French Tech, ce label décerné par l'Etat aux territoires les plus innovants. L'affront est désormais corrigé : grâce à un fort développement ces dernières années, la région toute entière passe du statut de Communauté à celui de Capitale, qui est à la fois plus prestigieux -il y a seulement 16 Capitales en France, contre 35 Communautés- et plus impactant pour le territoire.

Une marque de reconnaissance pour un écosystème qui est en fait tout jeune : la date médiane de création de startups sur le territoire se situe à 2019. « Notre première génération de champions tech génère une forte dynamique », se réjouit Silvère Denis, délégué général BFC Numérique, le cluster qui porte le projet.

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400 startups, pas de métropole mais cinq lieux-totem

Au total, 400 startups sont présentes sur le territoire. « Notre écosystème s'est construit autour des secteurs historiques de la région et il apporte des solutions aux grandes mutations actuelles », souligne le dirigeant. Parmi les pépites locales figurent de nombreuses deeptech, ces startups issues ou en lien avec la recherche académique. 160 deeptech ont ainsi été créées entre 2010 et 2020. Mais les innovations se concentrent surtout sur les marchés porteurs du territoire : les agritech (pépites qui apportent des solutions dans l'agriculture et l'agroalimentaire), les healthech (dans la santé) et les greentech (énergie, matériaux...) ont le vent en poupe sur le territoire, qui compte aussi des entreprises dans les domaines de la mobilité, de la gestion de la data, de l'optimisation des process, de la cybersécurité ou encore de l'industrie 4.0.

La particularité de la Capitale French Tech Bourgogne-Franche-Comté est que l'écosystème s'étale sur plusieurs sites. « Nous avons plusieurs écosystèmes dans l'écosystème, des petits pôles d'attractivités répartis un peu partout », explique Silvère Denis. A la différence de la plupart des autres régions françaises, Bourgogne-Franche-Comté ne dispose pas d'une seule grande métropole attractive qui fait office d'aimant pour les entrepreneurs. Son territoire est vaste et composé de villes médianes ou de petites métropoles comme Dijon ou Besançon. « C'est un entrepreneuriat diffus. La difficulté est de permettre à ces entrepreneurs de se rencontrer alors qu'ils sont éparpillés sur un grand territoire » constate Jean-Paul Medioni, président de la nouvelle French Tech Bourgogne-Franche-Comté et président fondateur d'Ubitransport.

Le projet de la nouvelle Capitale s'est donc naturellement structuré autour de cinq sites regroupant les écosystèmes tech majeurs du territoire : Dijon, Besançon, Mâcon, Nevers et dans le Nord Franche-Comté au Mattern Lab. Ces lieux totems - identifiables par l'installation d'un drapeau French Tech- ont vocation à mailler le territoire, accueillir les animations et relayer les différents programmes de la Mission French Tech au niveau national, ainsi que des événements liés aux besoins des territoires. « Cette labellisation permettra d'interconnecter tous ces pôles d'attractivités et de faciliter l'accès aux dispositifs nationaux de la French Tech », reconnait Jean-Paul Medioni.

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De l'incubation au financement jusqu'à l'internationalisation, un écosystème complet

Afin de répondre aux besoins de développement des startups, le territoire s'est structuré ces dernières années pour attirer et maintenir les projets tech innovants. L'écosystème dispose déjà de nombreux acteurs de référence pour l'accompagnement des startups, de la création de projet au développement à l'international. Entre autres : une communauté French Tech Bourgogne-Franche-Comté opérée par BFC Numérique, un Incubateur deeptech DECA-BFC (4 I-lab en 2021) et des acteurs de la diffusion de l'innovation et la valorisation de la recherche, tels que SATT SAYENS et la fondation FC'INNOV.

Le territoire peut également compter sur cinq pôles de compétitivités et des clusters thématiques, tels que Vitagora, Véhicule du Futur, le Pôle Microtechniques, Nuclear Valley, Polyméris, BFC Numérique ou encore Robotics valley. Des accélérateurs de startups comme Propulseur, Toaster Lab, Les Docks numériques, Inobiz et Village by CA sont également actifs, tout comme un réseau de pépinières, d'hôtels d'entreprises et de tiers-lieux sur l'ensemble du territoire. Côté financement, l'écosystème local peut s'appuyer sur quelques fonds d'investissement régionaux, principalement pour les tours d'amorçage, ou encore sur un programme régional d'aide à l'internationalisation pour accompagner les startups sur les événements tech majeurs tels que le CES de Las Vegas et le Web Summit de Lisbonne.

« Les territoires deviennent à la mode »

Avant la crise Covid, les jeunes entrepreneurs se tournaient plutôt vers les grandes métropoles pour créer leur startup. À moins d'avoir une attache familiale, comme Jean-Paul Medioni,  qui a décidé il y a dix ans de monter sa boite Ubitransport, à Mâcon, sa ville d'origine : « À l'époque, dans le secteur du numérique, nous étions trois entreprises ! », se souvient-il. Cette situation ne l'a pourtant pas empêché de réussir puisque son entreprise est leader des systèmes de transports intelligents et a réalisé 34 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022.

Désormais, les jeunes entrepreneurs sont conscients que ces villes médianes offrent davantage de proximité avec les services publics et les élus, et surtout une qualité de vie meilleure, plus accessible grâce au développement du télétravail. « Ces centres économiques diffus sur le territoire deviennent très à la mode en termes d'attraction », constate Jean-Paul Medioni.

Dans un contexte économique actuel complexe, de nombreux entrepreneurs pourraient être tentés de réduire leurs coûts. « Ce label est une vraie opportunité d'avoir un écosystème qui se renforce et incitera peut-être des entrepreneurs à se délocaliser pour une meilleure qualité de vie », se réjouit Jean-Paul Medioni.

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